Une rechute

Bonsoir à tous,

J'ai longtemps hésité avant de me mettre à écrire. Je n'étais pas retournée sur un forum d'automutilation depuis plus de 3 ans... Et je ne voulais pas le faire.
Je ne sais pas comment aborder tout ça, comment exprimer la honte que je ressens envers moi-même... J'ai aussi peur de vous ennuyer, un peu.
Alors je vais simplement essayer d'expliquer ce qui m'est arrivée.


Je ne sais pas si l'on a besoin de raisons pour se faire mal, la seule sensation de désir, de besoin suffit. Et c'est un désir que je ressens depuis longtemps.
Lorsque ça n'allait pas dans ma vie, pour diverses raisons qui n'ont plus besoin d'être évoquées, j'ai trouvé ce moyen pour essayer de m'échapper un peu du quotidien. Il remplaçait l'alcool, que je ne voulais pas essayer, et remplaçait également la drogue, qui devenait trop dangereuse. C'était un moyen tellement sain d'apparence, que je n'ai pas hésité très longtemps.

Je n'ai pas besoin de développer, tout le monde connait l'engrenage qu'est l'automutilation : j'ai aimé, j'en ai eu besoin, je n'ai plus réussi à m'arrêter. Le désir de la coupure devenait bien trop fréquent, il m'effrayait aussi. Je ne voulais plus me couper, je voulais essayer de "m'en sortir" et je crois que c'est cette volonté qui m'a permis d'aller jusqu'au bout.
Je voulais prouver à ceux qui me connaissaient (et qui étaient au courant) que je valais mieux que ça (je ne dénigre personne, juste la perception que j'avais de moi et de cet acte envers ma propre personne), que je pouvais être heureuse et dépasser ce qui me poussait vers le bas.

Je me suis accrochée à plusieurs choses, j'ai essayé de ne m'accrocher à personne, je sais que ça ne marche pas avec moi. Et puis, petit à petit, j'ai réduit, je n'en ai plus eu l'envie quotidiennement, j'arrivais à me contrôler. Les problèmes étaient toujours là, et ils le seront toujours, mais j'ai apprit à les accepter. Et d'un seul coup, l'automutilation s'est arrêtée.


"Je ne me suis pas coupée depuis 3 ans."
J'étais très fière de cette phrase. Et sans le faire exprès, sans le vouloir (ou en le voulant mais en ne me l'avouant pas) j'ai recommencé. Oh rien de grave, ce n'en était pas eu point où ça pouvait l'être lorsque je me coupais vraiment. Mais je n'ai pas résisté à l'envie. Elle vient de temps en temps (rarement) mais je résiste toujours. Pas cette fois ci, et pour une raison stupide.
C'était il y a 11 jours. Le soir de mon anniversaire, alors qu'on m'attendait, et je me suis sentie coupable vis à vis des gens qui m'aimaient, qui me le prouvaient.
Je l'ai avoué, pour me sentir un peu moins coupable, pour souffler sur ce long mois qui n'en finissait pas et que je détestais.

Le lendemain ce fut les vacances. Et je ne sais pas comment j'ai fait pour résister depuis la semaine dernière. Rien ne va, je prends beaucoup sur moi, j'essaie d'extérioriser par d'autres moyens, mais je n'y arrive pas complètement. Et alors qu'on m'a poussé à bout ce soir, il m'a fallu recommencé. Pas autant que je peux en avoir l'habitude, mais rien que le fait d'avoir commencé me rend honteuse.

Alors je ne sais plus quoi faire.
Je sais que raconter tout ça n'arrangera pas grand chose, mais ça me fait du bien de pouvoir le mettre au clair, au moins pour moi. Je ne sais pas ce que j'en attends, je ne sais plus ce que je ressens. Mais je sais que je ne veux pas continuer, malgré le plaisir évident qui revient et la honte qui me submerge.

Après, une rechute, c'est pas pour autant "recommencer".

Je pense sincèrement que pas mal tous les viandeurs qui ont arrêté reprennent un jour ou l'autre une lame, dans un moment de gros bad ou gros stress. C'est logique : notre corps a enregistré le message de "se couper apaise". Logique que ça revienne à l'idée quand il y a un truc difficile à gérer.

Ce que je me demande, c'est : est ce que tu as fait un travail de fond sur les causes de ton AM, sur ton mal-être, tout ça ?

(entre parenthèse, tu peux sans souci, même en tant que "ex viandeuse", t'inscrire sur le forum pour avoir un lieu où vider ton sac en cas de coup de bad.

Je sais que je répète ce que caramel a dis , mais effectivement je crois que 'rechuter' ne veux pas nécessairement dire recommencer. Ca arrive à tout les automutilateurs je crois , ressortir sa lame pour une fois , et l'envie nous repart ensuite ... Donc je crois que tu peux quand même dire que tu a réussis à arrêter 3 ans

Bref , je te souhaite bonne chance , si on peut dire ..

Caramel a écrit:

les viandeurs ...

Je trouve cet adjectif extrêmement scabreux !

"Mahjong", ce que je retiens de ce que je viens de lire, c'est que tu as su faire preuve d'une force de volonté à la limite de l'infaillible, depuis 3 ans. Il est normal que tu sois déboussolée et répugnée à l'idée d'avoir cédé à la tentation, après autant d'efforts fournis pour t'en sortir.
Mais cette force reste présente, sers-t'en comme d'un talisman, fait appel à elle à nouveau, tant que tu seras consciente que tu "peux le faire", tu reste maître du "jeu".

Courage !

Si les problèmes pour lesquels tu t'automutilais avant ne sont pas réglé, ça peut sembler assez normal que tu finisses par recommencer, et puis l'habitude aussi oui. Après c'est pas parce que tu ne l'as pas refait depuis 3 ans et que là tu as craqué que c'est la catastrophe du siècle. Tu en avais besoin, tu l'as fait, point. Te culpabiliser vis à vis de toi et tes proches ne pourrait que encore t'inciter à recommencer. Tu dis même que tu y es allé moins fort qu'avant, tu as donc su gérer un peu quand même.
Peut-être que tu pourrais reréfléchir plus en détails à comment tu avais réussi à arrêter il y a trois ans, mieux revoir tes motivations, voir si elles ont changé ou si tu ne les aurais pas un peu oublié à force ? Dans quelles circonstances précisément tu as eu le besoin de recommencer, et pourquoi? Et enfin comment éviter que ça se reproduise, envisager un travail pour régler les problèmes plutôt que de les accepter comme tu sembles le dire, il y a peut-être une solution que tu n'as pas envisagé ?

Euh, dîtes le sujet date de fin décembre quand même x)

Et "les viandeurs" n'est pas un adjectif