Horreur, malheur et désespoir !

Vingt-sept jours pile aujourd'hui ! C'est dans trop longtemps, c'est bientôt ! Je sais pas. J'ai hâte d'y être et je veux pas y foutre les pieds. J'ai trop la trouille. La trouille que ça marche pas que ça serve à rien, qu'il dise qu'il ne peut rien faire pour moi, que j'aurais dû venir plus tôt où je ne sais quoi ! Mais j'ai aussi peur qu'il propose un truc, d'y croire, de me lancer, que ça marche pas. Que ça marche. J'ai tout aussi peur que ça marche. Surtout que ça ne marche pas mais que ça marche aussi. J'ai peur.

Y a un type sur mon Facebook qui y a été, ça a été efficace, mais l'est vachement plus atteint que moi, genre l'amélioration, c'est qui peut tenir des couverts. C'est cool, peut se servir de c'est main un tout petit peu alors qui ne pouvait pas du tout. Mais c'est pas moi. Je veux dire, j'ai pas un énorme truc. C'est plus chiant à améliorer quand c'est "imparfait" que quand c'est "carrément pourri" je pense... Alors peut-être que ça marchera pas sur moi, peut-être que ça marchera mieux.

J'ai peur, y reste 27 jours.

Puis y a aussi le BAC. J'ai peur.

Merci tout le monde !

Je fonce, l'ennui justement, c'est que je ne sais pas si j'ai un mur ou une porte grande ouverte devant moi, et que je ne pourrais pas le savoir avant d'avoir le nez dessus... Puis que même si c'est une porte ouverte, c'est pas sûr que j'apprécie l'endroit où je foutrais les pieds en la franchissant...

Quant au BAC, j'arrête pas de me planter en ce moment... Alors, je sais pas trop si je dois tant que ça m'y pointer confiante au BAC...

1. Je vais raté les cours pour passer une semaine à Barcelone, qui est aparement, une très jolie ville.
   
2. Même s'il ne peut rien proposer, au moins je serais fixée et ne pourrais pas me dire que j'ai gâché une chance.
   
3. S'il propose quelque chose, que j'accepte de le tenter et que ça marche, je fais des progrès considérables.
   
4. S'il propose quelque chose, que j'accepte de le tenter mais que ça ne marche pas, j'aurais passé trois mois en Espagne ce qui m'aura donc permis de vivre une super expérience et d'apprendre l'Espagnol, puis vu que si j'y vais, on aura besoin de pas mal d'argent, on créera surement une association pour récolter des fonds, du coup, je ferais sûrement de supers rencontre en vivant des trucs cool (et au moins, je serais fixée...)
   

Ouais, t'as raison, j'ai plus à y gagné qu'à y perdre... Alors ouais, c'est chiant, parce que je m'implique moralement dans un truc pas stable du tout, mais de toute façon que ça se passe bien ou mal, je suis déjà impliqué et maintenant que le rendez-vous est pris et mon dossier envoyer, je ne peux plus me permettre de reculer...

Ça me fait quand même peur : Je ne sais toujours pas si je dois espérer qu'il fasse une proposition ou non, si je dois espérer qu'elle marche ou non : ça me fait flipper de ne pas savoir où je vais...
Putain de bordel de merde !

Un week-end pardon.

Mais oui. Le rendez-vous est un lundi matin et on part le samedi matin de bon heure pour rentrer le lundi soir. Du coup, je rate le samedi matin et le lundi...

J'en ai vraiment pas parler ? Parce que je sais pas impression d'en parler déjà tellement que c'était pas la peine d'expliquer... Peut-être que j'y pense plus que ce que j'en parle en fait...

F vient de réserver l'hôtel, il faut qu'on termine de prendre les photos : dans deux semaines on sera à Barcelone. "Dans quelle merde je me suis encore foutue !?" Phrase qui tourne en boucle dans ma tête... Dire à ma prof principale que je serais absente telle date parce que j'ai rendez-vous chez un chirurgien, en parler à mon prof d'histoire, parce que je l'aime bien, parce que j'ai besoin d'infos sur la possibilité de suivre des cours par correspondance pendant que j'y serais et qu'il a ses infos là. Ouais, c'est réel. C'est réel mais c'est de la merde.

Mon beau-père est complètement obnubilé par ce qu'il trouve sur internet. Presque il imprime les sites pour me les foutre sous le nez tous les soirs, comme il me fout tous les soir sous le nez l'article du gars de la région qui a fait le truc... Ils veut me prouver, (se prouver surtout à mon avis...) que ce type est un génie, qu'il fait des miracles, que tous les médecins qu'on a rencontré et qui n'ont pas confiance en ce type sont juste des connards incompétents et jaloux de son talent...

Puis y a les gens que je connais et qui se sont un peu informés : médecins, kinés, infirmières, amis, AVS, autres chirurgiens, amis... qui ne cessent de me répéter que c'est un truc qui "détruit" un muscle irréversiblement, que du coup, si un jour des découvertes sont faites et qu'on a besoin de mes muscles, et ben je n'aurais "plus de muscles", que sans spasticité, je ne tiendrais plus debout, que ça coûte de l'argent, que si jamais ça foire, c'est pas dit qu'un chirurgien Français accepte de passer derrière pour réparer les dégâts, que ce n'est pas normal qu'il n'y ait aucune publication de lui faite, que ce n'est pas normal de ne trouver que des témoignage miraculeux, que tous les ans il y a une nouvelle mode de méthode miracle, que des chirurgiens ne sont pas jaloux des découvertes d'autres...

J'arrive plus à penser, j'ai peur de me laisser embobiner par ce type qui a déjà réussit à embobiner F, qui du coup, essaie lui aussi de m'embobiner, j'ai peur de passer à côté de quelque chose en étant trop méfiante, j'ai peur de prendre la mauvaise décision et de gâcher ma vie...

Ma mère, elle est comme moi, elle est morte de trouille, elle ne supporte pas qu'on en parle : ça l'angoisse et elle devient agressive, se met à manger et picoler... Faut dire qu'à chaque fois qu'on en parle, on se dispute, F ne supporte pas qu'on remette ce type en doute... Y me donne l'impression d'appartenir à une secte... Il n'a plus aucun discernement. J'ai peur.


En plus y a le BAC bientôt : pile au moment où je me retrouve à ne faire presque que de la merde en cours : Oh joie !

Y a des images dans ma tête, à peu près toujours les mêmes : On va en Espagne, on voit le type, le type propose quelque chose, on accepte, on fait pleins de trucs pour récolter des fonds pour l'opération, il m'opère, je me réveille avec des pansement partout (comme les minos sur les photos), je vais en centre de rééducation, je marche dans les barres parallèles, je demande si je peux essayer de lâcher mes mains, juste pour voir, on me dit oui, alors j'essaie, je me rends compte que je tiens vraiment, alors j'essaie d'avancer les pieds et ça marche : je peux clopiner quelques pas sans me tenir, les gens souris, c'est cool, je me sens trop fière, trop légère, trop libre, trop bien...

Ahahaha, quelle bonne blague !

J'aimerais vraiment que ces images disparaissent. Alors ouais, je sais que c'est moi qui les fabriquent ses images, alors ouais je suis consciente de mon niveau de stupidité, pathétisme, naïveté. Mais je peux pas m'empêcher de rêver moi aussi et c'est trop con. Parce que ça me fait pas de bien, ça me fait flipper, douter encore plus de ma capacité à garder ma raison devant ce con de chir' puis ça remue le couteau dans la plaie parce que je sais très bien que sauf miracle ce n'est pas comme ça que ça va se passer... Mais j'y peux rien, je peux pas m'en empêcher.

Alors ouais, on me dit "T'es intelligente / raisonnable / tu sais ce que tu veux / ... donc tu ne te laissera pas embobiner." Mais toutes les nuits je m'endors en pensant que ce type va changer ma vie. Alors vous imaginez devant lui ? Je vais fondre comme un marshmallow périmé au soleil ! Et je vais me retrouver dans je ne sais quelle merde ! Ça me fait peur !

Y a le BAC dans trois semaines, mes résultats de BAC Blanc ne sont pas franchement rassurant : 18 à l'oral de Français : bon, OK, c'est génial ! Mais j'ai eu 11 à l’Écrit et 8,5 en Sciences à côté ! Je devrais m'y intéresser, bosser, mais j'y arrive pas : d'un côté j'ai un type qui dit pouvoir changer ma vie et d'un autre le BAC... Pas compliquer de deviner ce à quoi je m’intéresse...

Mouais, je sais. N'empêche que ça me fait chier, n'empêche que c'est risquer, n'empêche que ce n'est pas raisonnable, n'empêche que ce n'est pas réfléchi et que moi, les choses qui ne sont pas claires, nettes et précises, ça m'angoisse. L'avantage c'est que c'est bientôt fini. Plus qu'une semaine.

Après, ouais, OSEF de tout ça et ouais, focus sur le BAC. J'essaie déjà de me focusser dessus cela dit, mais c'est pas assez. Donc ouais, rendez-vous lundi 27 et après, je ne m'occupe plus de rien d'autre que du BAC...

Dans le cas contraire, vous aurez le droit de sortir une poële, un fouet, ce que vous voulez ! Parce que ouais, j'aurais tout le temps de décider de ce que je veux faire de cette consultation, alors que le BAC c'est dans un mois demain.

Merci à tous en tout cas.

Peut-être que dans une semaine à cette heure là, nous sortiront de la clinique ou que nous seront encore avec lui, peut-être que nous seront encore dans la salle d'attente parce qu'il aura du retard sur ses consult' ou peut-être qu'on sera sortie depuis longtemps parce qu'il a pour habitude d'expédier ses patients ; peut-être que je serais heureuse et surexcitée parce qu'il nous aura fait une proposition intéressante, que les idées pour récolter de l'argent pour pouvoir mener à bien tout ça fuseront ou peut-être que je serais triste parce qu'il n'aura rien proposer du tout. Peut-être que je serai angoissée parce que le tout aura été mitigé et qu'il me faudra prendre une décision avec ça...

Une semaine. Mais genre une semaine tout pile. C'est encore long une semaine, tellement court aussi : C'est passé vite, trop vite. Je suis pas prête, je devrais pas y aller, c'est pas une bonne idée, je devrais accepter les choses telle qu'elle sont, arrêter de saupoudrer d'espoir tout et n'importe quoi. Histoire de tourner une page et d'avancer pour de vrai. Je veux dire arrêter de dire : d'abord tel truc et après on verra. Mais y aurait toujours une baguette magique sur ma route, toujours. Toutes les prendre, c'est peut-être pas une bonne idée : la plupart sont factices. Je perds beaucoup de temps. Trop de temps.

Mais Putain, elles sont peut-être fonctionnelles ses baguettes magiques ! Comment je pourrais passer devant sans les essayer ? Toutes. Comment je pourrais ne pas les essayer et ne pas le regretter ? C'est pas possible ? J'ai besoin de les essayer. Même si au fond, ça fait plus mal qu'autre chose... Parce qu'ok, sur les milliers devant mois, il y a peut-être une centaine, peut-être une dizaine, peut-être moins, peut-être une seule, peut-être aucune de réelle, mais que c'est pas préciser. Alors je dois essayer les baguettes. Même si j'y perds trop de temps. C'est pas possible de ce se résoudre à ne pas essayer toutes les baguettes, parce que peut-être que...

Peut-être, peut-être, peut-être... Y a trop de peut-être, pas assez de oui et de non, ça fait peur.