Comment remonter la pente ?

Bonsoir à tous, je m'appelle M. je suis une fille de 23 ans. J'ai commencé l'AM à 14 ans, aller au collège et affronter le regard des autres m'était devenu insupportable, je n'ai jamais su exprimer mes sentiments devant mes parents et, subissant la puberté en même temps, ma grande sœur et moi nous détestions cordialement à cette époque. La plupart de mes amies m'avaient tourné le dos parce que je les avais délaissées pour un garçon alors quand les choses se sont compliquées, ma seule façon  d'exprimer ma douleur c'était l'AM. Je le faisais discrètement dans la salle de bain, c'était mieux que pleurer, personne ne pouvait m'entendre... Mais les choses se sont arrangées quand j'ai quitté cet enfer, arrivée au lycée tout allait mieux, j'ai recommencé une fois ou deux mais c'était vraiment pas grand chose...
Mais voilà, j'ai fini mes études, je me suis fait de nouveaux amis, que j'ai presque tous perdus. Et le peu qu'il me reste vit assez loin de moi, parce que j'ai déménagé pour du travail, donc je vis seule, pas vraiment proche de mes amis... J'ai l'impression de vivre avec une douleur permanente, je me sens vide la plupart du temps. Chaque soir après le travail ou après manger (quand je mange) ou au moment de me coucher ça part en crise de larmes, je n'arrive pas à m'arrêter alors je me suis blessée en espérant que ça me calmerait, ça a marché la première fois (il y a 3 mois), et le mois dernier aussi ça m'a apaisé mais hier il n'y avait vraiment rien à faire. Je ne pouvais plus m'arrêter de pleurer alors j'ai coupé, coupé et coupé au final je crois que j'espérais perdre suffisamment de sang pour m'évanouir et stopper ces pleurs... Je crois même que mourir ne me fait pas peur, pourtant dans le fond j'aimerais retrouvé ma joie de vivre...

Salut M., je suis assez bien placé pour comprendre cette solitude car j'ai également changé de pays pour raisons professionnelles et perdu tous mes contacts amicaux auxquels j'étais vraiment attachés. Je crois que ton témoignage ici et le fait d'avoir pris la peine de mettre des mots sur ce que tu ressens est déjà une bonne chose, parce que tu as envie de trouver des solutions pour remonter la pente. Je ne sais pas quelles sont tes relations au travail mais bon par expérience, je te conseillerai plutôt de faire une vraie scission et de chercher des ami(e)s ailleurs que chez tes collègues, sauf évidemment si tu te sens particulièrement proche de quelqu'un.
Idéalement, il faudrait te créer une vraie vie dans la proximité avec des gens que tu vois régulièrement, que ce soit dans un sport, un hobby... ça aiderait certainement. Que fais-tu de ton temps libre, qu'est-ce que tu aimes faire, qu'est-ce que tu aimerais partager avec d'autres ? Et pour la distance, même s'il est à mon avis assez illusoire de maintenir un lien aussi fort en vivant à des années-lumière de ceux qui partageaient avant ton quotidien, vous vous écrivez encore de temps en temps ? Ils savent ce que tu ressens ?

Actuellement je suis vendeuse et je travaille seule dans le magasin.
Je ne fais pas d'activités sur mon temps libre, enfin je veux dire je fais les magasins ou je me déplace pour voir mes amis mais pas de sport ou autres activités du style... De plus j'ai énormément de mal à créer des liens, je n'arrive plus vraiment à accorder ma confiance, ça fait un an que j'ai déménagé ici et je me suis fait une copine mais disons que c'est une fille sympa pour faire des soirées, s'amuser mais pas avoir une conversation profonde.
Parmi mes amis d'avant j'ai un couple d'amis à qui j'ai parlé de mon état et je pense que c'était une erreur parce qu'au final le fait qu'ils demandent de mes nouvelles et cherchent à me voir je prend plus ça pour de la pitié et de l'inquiétude que pour de l'amitié...

C'est plutôt normal qu'ils s'inquiètent, s'ils sont de vraies amis... la pitié, c'est probablement une grosse dose d'autopersuasion, ça. Dans ces moments, il faut apprendre à ne pas toujours faire confiance à son jugement, et prendre les mains tendues là où elles sont...

Tu as surement raison mais chez moi on ne montre pas ses faiblesses, j'ai fondue en larmes devant mes parents il y a quelques mois à cause de mon ancien travail et j'ai eu le droit à "tu es une -nomdefamille-, on ne pleure pas"
Alors le fait qu'ils sachent qu'au final je ne suis pas une fille forte et que chacun de mes sourires est simulé, ça rend les choses difficiles et ça me rend vulnérable vis-à-vis d'eux... Et lui, étant le frère de mon ex, ça n'arrange rien...

Je comprends et j'entends que c'est loin d'être un réflexe, mais tu ne peux pas vivre dans le mensonge et espérer être heureuse avec ça... tu dois être honnête avec tes proches, et si ça signifie une rupture avec l'ordre établi, je crois que c'est un mal nécessaire pour ne pas te condamner à un malaise mutique qui ne va visiblement pas te rendre service.