Forum AM-Entraide Ce forum est notamment consacré à l'entraide autour des problèmes d'automutilation. |
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| Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... | |
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+11Darkiih Teena Azur Poudriere Trash Khan Raindrope Arc en ciel gris Sybil Pinkie 202 H 15 participants | |
Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Lun 31 Mai 2010 - 17:46 | |
| Je vous la fais moi, en quelques paroles de théâtre:
HIPPOLYTE: [...] me détestez maintenant?
PHEDRE essaie de parler. Un long silence. Au bout d'un moment: Non. Pourquoi tu me détestes?
HIPPOLYTE: Parce que vous vous détestez.
Phèdre sort.
(L'amour de Phèdre, Sarah Kane) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Lun 31 Mai 2010 - 17:59 | |
| Avec le temps, il devint de plus en plus difficile de trouver un sens au désastre dont j’étais l’auteur. J’avais cru agir avec courage, mais il s’avérait que j’avais seulement fait preuve de la forme la plus abjecte de lâcheté : je m’étais complu dans mon mépris du monde en refusant de regarder la réalité en face. Je n’éprouvais plus que des remords, le sentiment paralysant de ma propre stupidité. Les jours se succédaient dans l’appartement de Zimmer, et, tandis que je récupérais lentement, je me rendis compte que j’allais devoir recommencer ma vie complètement. Je voulais corriger mes erreurs, me racheter aux yeux des gens qui se souciaient encore de moi. J’étais fatigué de moi-même, fatigué de mes pensées, fatigué de ruminer sur mon destin. Par-dessus tout, je ressentais le besoin de me purifier, de me repentir de tous mes excès d’égocentrisme. Après un si total égoïsme, je résolus d’atteindre à un état d’altruisme total. (…) C’était un programme irréalisable, bien sûr. [Paul Auster, Moon Palace] |
| | | H
Nombre de messages : 6633 Date d'inscription : 12/01/2008
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Lun 31 Mai 2010 - 18:07 | |
| J'ai un truc qui fait que quand j'arrive au milieu de quelque chose je... je dégage, je me défile.
Harry, Kiss kiss bang bang. | |
| | | H
Nombre de messages : 6633 Date d'inscription : 12/01/2008
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Mar 10 Aoû 2010 - 1:09 | |
| Quand même, se sentir étalé à ce point, c'est tentant. Tout tire vers le large le plus proche, et mes pieds notamment, déjà en temps normal tellement plus loin de moi que tout le reste, de ma tête je veux dire, car c'est là où je me suis réfugié, pas d'erreur, mes pieds me font l'effet d'être à plusieurs lieues, et pour les ramener jusqu'à moi, pour les soigner ou les nettoyer, il me semble que je n'aurais pas assez d'un mois, à dater du moment où je les aurais repérés. C'est curieux, je ne sens plus mes pieds, la sensation les ayant miséricordieusement quittés, et cependant je les sens hors de portée du télescope le plus puissant. Serait-ce qu'on appelle avoir un pied dans la tombe ?
Beckett, Malone meurt. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Mar 10 Aoû 2010 - 11:37 | |
| Le siège de la peine restait, qui logeait partout, sous et sur ma peau, dans mes yeux, mes oreilles. Mes sens étaient mes ennemis qui ne cessaient de me rappeler cette stupide histoire. Je décidai alors de tuer mes sensations. Il me suffit de trouver le commutateur intérieur et de basculer dans le monde du ni-chaud-ni-froid. Ce fut un suicide sensoriel, le commencement d'une nouvelle existence. Dès lors, je n'eus plus mal. Je n'eus plus rien. La chape de plomb qui bloquait ma respiration disparut. Le reste aussi, j'habitais une sorte de néant. Passé le soulagement, je me mis à m'ennuyer ferme. Je songeai à rebasculer le commutateur intérieur et m'aperçus que ce n'était pas possible. Je m'en inquiétai. Les musiques qui m'émouvaient auparavant ne provoquaient plus rien en moi, même les sensations de base, comme manger, boire, prendre un bain, me laissaient de marbre. La disparition des sentiments ne me pesa pas. La voix de ma mère, au téléphone, n'était plus qu'un embêtement évoquant une fuite d'eau. Je cessai de m'inquiéter pour elle. C'était plutôt bien. Pour le reste, ça ne m'allait pas. La vie était devenue la mort.
Journal d'hirondelle, Amélie Nothomb |
| | | 202
Nombre de messages : 50 Localisation : Paris Date d'inscription : 01/08/2010
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Mer 11 Aoû 2010 - 14:24 | |
| "Non, tout bien considéré, je n'ai pas du tout à me plaindre d'etre seul et de n'avoir personne à qui faire confiance.Je n'y perds certainement aucun avantages et m'évite probablement beaucoup d'ennuis"
Kafka - Le terrier | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Mer 11 Aoû 2010 - 21:41 | |
| Je laissai tomber les rames et m'assis, la tête entre les mains. - C'est à contre-courant, dis-je. C'est toujours à contre-courant, quand on doit ramer. J'aurais dû te rencontrer quand j'avais dix-sept ans et t'offrir un cornet de glace place de la Contrescarpe... Elle se leva et vint s'asseoir près de moi ; les rames traînaient et avaient l'air vides ; la barque s'en allait à vau-l'eau et tournait lentement sur elle-même : la vieille valse des esquifs à la dérive. - Laura, je voudrais mourir bien avant de mourir mal... - Picasso... - Foutez-moi la paix avec Picasso et Pablo Casals, ils avaient trente ans de plus que moi, et à cet âge là, il est plus facile de mourir vieux. Et puis, qui est-ce qui vous parle de mort? Je te parle de façon de mourir, ça n'a vraiment aucun rapport avec la mort!
Au delà de cette limite votre ticket n'est plus valable, Romain Gary |
| | | H
Nombre de messages : 6633 Date d'inscription : 12/01/2008
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Ven 13 Aoû 2010 - 0:41 | |
| Hamm : Quelle heure est-il ? Clov : La même que d'habitude. Hamm : Tu as regardé ? Clov : Oui. Hamm : Et alors ? Clov : Zéro.
Beckett, Fin de partie. | |
| | | Pinkie
Nombre de messages : 1039 Age : 35 Localisation : London Date d'inscription : 22/03/2009
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 22 Aoû 2010 - 0:10 | |
| Les enfants ne se doutent de rien, et ils arrivent à l'âge de vivre à leur tour, avec un bandeau sur les yeux et sur l'esprit, sans soupçonner les dessous de l'existence, sans savoir qu'on ne pense pas comme on parle, et qu'on ne parle point comme on agit ; sans savoir qu'il faut vivre en guerre avec tout le monde, ou du moins en paix armée, sans deviner qu'on est sans cesse trompé quand on est naïf, joué quand on est sincère, maltraité quand on est bon.
Guy de Maupassant, Le pardon. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 22 Aoû 2010 - 0:25 | |
| L'extérieur, je le connais mais je reste sur le quai. C'est l'autre côté de la vitre, de la rive, de la vie. Ce sont les autres, remuant, palabrant. Moi, je suis ici parce que l'extérieur est toujours extérieur, qu'il y a comme une vitre entre la vie et moi. Deux fois par semaine [Christine ORBAN] |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 22 Aoû 2010 - 5:36 | |
| " Quel âge peut-il avoir? - Oh, deux mille ans, si ce n'est plus. - C'est un bel âge, pour un arbre. - Oui... Vous n'étiez jamais venue ici? - Non. - A quoi pensez vous? - A tous les gens qui sont nés et qui sont morts pendant que ces arbres continuaient à vivre. - Leur nom savant est sequoia sempervirens ; toujours verts, toujours vivants. - Je ne les aime pas. - Pourquoi? - Parce que je dois mourir... "
" C'est comme si je suivais à tâtons un long couloir orné, autrefois, de glace, dont quelques fragments subsistent encore. Et je sais, qu'à la sortie de ce couloir, il n'y a plus que la nuit... Et si je marchais dans cette nuit... Ce serait la mort. Mais je n'ai jamais atteint ces ténèbres, j'ai toujours rebroussé chemin avant. "
Vertigo, Hitchcock |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 22 Aoû 2010 - 13:40 | |
| "- Où vas-tu, je lui ai demandé. - J’en sais rien, il a dit. J’me balade. - Mais cette rue ne mène nulle part, je lui ai dit. - Peu importe. - Qu’est-ce qui importe ? je lui ai demandé au bout d’un moment. - Simplement d’aller de l’avant, il a répondu."
Moins que zéro - Bret Easton Ellis |
| | | H
Nombre de messages : 6633 Date d'inscription : 12/01/2008
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Mar 24 Aoû 2010 - 2:30 | |
| Quand on souffre d'insomnies, on n'est jamais vraiment endormi et on n'est jamais vraiment éveillé.
Fight club. | |
| | | Sybil
Nombre de messages : 7088 Age : 35 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 27/12/2007
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Ven 10 Sep 2010 - 15:54 | |
| Au fond de moi, une petite voix étouffée essaye de se faire entendre. Elle gueule dans mon ventre en circuit fermé. Ça hurle, ça brûle, ça se tord. Je sens des paquets d'émotions qui s'entrechoquent et se déchirent. Mais je mets toute ma force à les faire taire. Rien ne sort. Quant à ma tête, elle bouillonne. C'est un remue-ménage incessant. Je remplis mon cerveau de pensées banales pour lui assurer un mouvement permanent qui m'empêche d'entendre le cri de détresse de ma petite voix [...] Dans l'enfer des tournantes - Samira Bellil
Dernière édition par Sybil le Ven 10 Sep 2010 - 18:52, édité 1 fois | |
| | | H
Nombre de messages : 6633 Date d'inscription : 12/01/2008
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Ven 10 Sep 2010 - 18:47 | |
| Ça serait pas mal de mettre les sources. | |
| | | Sybil
Nombre de messages : 7088 Age : 35 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 27/12/2007
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Ven 10 Sep 2010 - 18:53 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 12 Sep 2010 - 0:34 | |
| Le soleil se couche, la lune se lève. Vladimir reste immobile. Estragon se réveille, se déchausse, se lève, les chaussures à la main, les dépose devant la rampe, va vers Vladimir, le regarde.
ESTRAGON : Qu’est-ce que tu as ?
VLADIMIR : Je n’ai rien.
ESTRAGON : Moi je m’en vais.
VLADIMIR : Moi aussi. Silence.
ESTRAGON : Il y avait longtemps que je dormais ?
VLADIMIR : Je ne sais pas. Silence.
ESTRAGON : Où irons-nous ?
VLADIMIR : Pas loin.
ESTRAGON : Si si, allons-nous-en loin d’ici !
VLADIMIR : On ne peut pas.
ESTRAGON : Pourquoi ?
VLADIMIR : Il faut revenir demain.
ESTRAGON : Pour quoi faire ?
VLADIMIR : Attendre Godot.
ESTRAGON : C’est vrai. (Un temps.) Il n’est pas venu ?
VLADIMIR : Non.
ESTRAGON : Et maintenant il est trop tard.
VLADIMIR : Oui, c’est la nuit.
ESTRAGON : Et si on le laissait tomber ? (Un temps.) Si on le laissait tomber ?
VLADIMIR : Il nous punirait. (Silence. Il regarde l’arbre.) Seul l’arbre vit.
ESTRAGON (regardant l’arbre.) : Qu’est-ce que c’est ?
VLADIMIR : C’est l’arbre.
ESTRAGON : Non mais quel genre ?
VLADIMIR : Je ne sais pas. Un saule.
ESTRAGON : Viens voir. (Il entraîne Vladimir vers l’arbre. Ils s’immobilisent devant. Silence.) Et si on se pendait ?
VLADIMIR : Avec quoi ?
ESTRAGON : Tu n’as pas un bout de corde ?
VLADIMIR : Non.
ESTRAGON : Alors on ne peut pas.
VLADIMIR : Allons-nous en.
ESTRAGON : Attends, il y a ma ceinture.
VLADIMIR : C’est trop court.
ESTRAGON : Tu tireras sur mes jambes.
VLADIMIR : Et qui tirera sur les miennes ?
ESTRAGON : C’est vrai.
VLADIMIR : Fais voir quand même. (Estragon dénoue la corde qui maintient son pantalon. Celui-ci, beaucoup trop large, lui tombe autour des chevilles. Ils regardent la corde.) A la rigueur ça pourrait aller. Mais est-elle solide ?
ESTRAGON : On va voir. Tiens.
Il prennent chacun un bout de la corde, et tirent. La corde se casse. Ils manquent de tomber.
VLADIMIR : Elle ne vaut rien. Silence.
ESTRAGON : Tu dis qu’il faut revenir demain ?
VLADIMIR : Oui.
ESTRAGON : Alors on apportera une bonne corde.
VLADIMIR : C’est ça. Silence.
ESTRAGON : Didi.
VLADIMIR. : Oui.
ESTRAGON : Je ne peux plus continuer comme ça.
VLADIMIR : On dit ça.
ESTRAGON : Si on se quittait ? Ça irait peut-être mieux.
VLADIMIR : On se pendra demain. (Un temps.) A moins que Godot ne vienne.
ESTRAGON : Et s’il vient ?
VLADIMIR : Nous serons sauvés.
Vladimir enlève son chapeau - celui de Lucky - regarde dedans, y passe la main, le secoue, le remet.
ESTRAGON : Alors, on y va ?
VLADIMIR : Relève ton pantalon.
ESTRAGON : Comment ?
VLADIMIR : Relève ton pantalon.
ESTRAGON : Que j’enlève mon pantalon ?
VLADIMIR : RE-lève ton pantalon.
ESTRAGON : C’est vrai.
Il relève son pantalon. Silence.
VLADIMIR : Alors, on y va ?
ESTRAGON : Allons-y.
Ils ne bougent pas.
En attendant Godot, Beckett (acte II)
Dernière édition par FH le Dim 12 Sep 2010 - 0:42, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 12 Sep 2010 - 0:42 | |
| VLADIMIR (rêveusement) : Le dernier moment... (Il médite) C'est long, mais ce sera bon. Qui disait ça ?
En attendant Godot, Beckett (scène d'expo) |
| | | H
Nombre de messages : 6633 Date d'inscription : 12/01/2008
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 12 Sep 2010 - 1:36 | |
| HAMM : Comment vont tes yeux ? CLOV : Mal. HAMM : Comment vont tes jambes ? CLOV : Mal. HAMM : Mais tu peux bouger. CLOV : Oui. HAMM : (Avec violence) Alors bouge ! (CLOV va jusqu'au fond du mur, s'y appuie du front et des mains.) Où es-tu ? CLOV : Là. HAMM : Reviens ! (CLOV retourne à sa place à côté du fauteuil) Où es-tu ? CLOV : Là. HAMM : Pourquoi ne me tues-tu pas ? CLOV : Je ne connais pas la combinaison du buffet.
Beckett, Fin de partie. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 12 Sep 2010 - 1:57 | |
| Je n'ai pas pu mettre longtemps à atteindre le sol, me dit-il. Sans doute une seconde ou deux, trois tout au plus. Mais je me souviens clairement que j'ai eu plus d'une pensée dans ce laps de temps. Il y a d'abord eu l'horreur, l'instant de conscience, celui où je me suis rendu compte que je tombais. On croirait que c'est tout, que je n'ai pas eu le temps de penser à autre chose. Pourtant l'horreur n'a pas duré. Non, ce n'est pas ça. l'horreur a persisté, mais une autre pensée est née dedans, quelque chose de plus fort que l'horreur seule. Difficile de lui donner un nom. Un sentiment de certitude absolue, peut-être. Une formidable, irrésistible conviction, un goût d'ultime vérité. De ma vie, je ne m'étais senti aussi certain de quoi que ce soit. J'ai d'abord compris que je tombais, et puis j'ai compris que j'étais mort. Je ne veux pas dire que je savais que j'allais mourir, je veux dire que j'étais déjà mort. J'étais un mort en train de tomber et même si techniquement je vivais encore, j'étais mort, aussi mort qu'un homme enterré dans sa tombe. Je ne sais pas comment exprimer ça autrement. Pendant que je tombais, je me trouvais déjà au-delà de l'instant où je toucherais le sol, au-delà de l'impact, au-delà de l'éclatement en mille morceaux. Je n'étais plus qu'un cadavre, et au moment où j'ai heurté la corde à linge et atterri sur ces serviettes, je n'étais plus là. J'avais quitté mon corps, et pendant une fraction de seconde je me suis vu disparaître. Paul Auster, Leviathan |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 12 Sep 2010 - 1:58 | |
| J'adore littéralement vos extraits FH et Kagu. Faut que je rajoute ce bouquin à ma liste à lire. |
| | | H
Nombre de messages : 6633 Date d'inscription : 12/01/2008
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 12 Sep 2010 - 2:00 | |
| Tu peux rajouter tout Beckett à ta liste. Il est incroyable. Voilà des extraits pour repérer quelques bouquins : http://fr.wikiquote.org/wiki/Samuel_Beckett http://en.wikiquote.org/wiki/Samuel_Beckett | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 12 Sep 2010 - 2:19 | |
| Lisez du théâtre! |
| | | H
Nombre de messages : 6633 Date d'inscription : 12/01/2008
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 12 Sep 2010 - 2:33 | |
| Montag prit les quatre livres qui restaient et, sautillant, claudiquant, sautillant, regagna l'allée. Pour s'écrouler brutalement, comme si on lui avait séparé la tête du corps. Quelque chose en lui l'avait stoppé net et terrassé. Il resta là où il était tombé et se mit à sangloter, les jambes repliées, le visage pressé contre le gravier, aveugle à tout. Beatty voulait mourir. Au milieu de ses larmes, Montag en eut la certitude. Beatty avait voulu mourir. Il était resté là, sans vraiment chercher à sauver sa peau, juste resté là, à plaisanter, à l'asticoter, songea Montag. Et cette pensée suffit à étouffer ses sanglots et à lui donner le temps de reprendre son souffle. Quelle chose étrange, étrange, de désirer mourir au point de laisser un homme se promener armé et, au lieu de se taire et de rester en vie, de lui gueuler après et de se moquer de lui jusqu'à le faire sortir de ses gonds et... Des pas précipités au loin. Montag s'assit. Filons d'ici. Allez, debout, debout, tu ne peux pas rester là ! Mais il continuait de pleurer et il fallait que ça cesse. Oui, voilà que ça se calmait. Il n'avait voulu tuer personne, pas même Beatty. Sa chair l'étreignit, se contracta comme si on l'avait plongé dans de l'acide. Il eut un haut-le-coeur. Il revit Beatty, transformé en torche, immobile, en train de s'éteindre peu à peu sur la pelouse. Il se mordit les phalanges. Je regrette, je regrette, Dieu, que je regrette... Il s'efforça de reconstituer le puzzle, de revenir au cours normal de la vie quelques malheureux jours plus tôt, avant le tamis et le sable, le Dentifrice Denham, les voix-papillons, les lucioles, les alarmes et les expéditions, trop de choses pour quelques malheureux jours, trop de choses, en vérité, pour une vie entière. Des pas précipités à l'autre bout de la ruelle. « Debout ! s'exhorta-t-il. Debout, nom d'un chien ! » dit-il à sa jambe, et il se releva. Aïe, on lui enfonçait des clous dans la rotule, puis ce ne furent que des aiguilles à repriser, puis de simples épingles de sûreté, et au bout d'une cinquantaine de petits sauts, alors que les échardes de la palissade s'accumulaient dans sa main, le picotement se réduisit à ce qu'aurait pu provoquer une brumisation d'eau bouillante. Et sa jambe redevint enfin sienne. Il avait craint de se rompre la cheville en courant. Maintenant, aspirant la nuit à pleins poumons pour la recracher toute pâle, le lourd dépôt de sa noirceur au fond de lui, voilà qu'il adoptait un petit trot régulier, les livres entre ses mains. Ray Bradbury, Fahrenheit 451. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vous, en quelques paroles de cinéma/théâtre/roman... Dim 12 Sep 2010 - 18:06 | |
| Antigone, murmure, le regard perdu Le bonheur...
Créon, a un peu honte soudain. Un pauvre mot, hein ?
Antigone, doucement. Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone ? Quelle pauvreté faudra-t-il qu'elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents, son petit lambeau de bonheur ? Dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se vendre ? Qui devra-t-elle laisser mourir en détournant le regard ?
Créon, hausse les épaules Tu es folle, tais-toi.
Antigone Non, je ne me tairai pas ! Je veux savoir comment je m'y prendrais, moi aussi, pour être heureuse. Tout de suite, puisque c'est tout de suite qu'il faut choisir. Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
Antigone - Jean Anouilh |
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