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 Les plus beaux contes de Suisse

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Cleet O'Rhys
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Cleet O'Rhys

Cleet O'Rhys


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MessageSujet: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeLun 29 Sep 2008 - 16:18

Dommage que je ne puisse vous les réciter à la veillée, je suis plutôt doué pour cet exercice!

Je vous présente quelques-uns des plus beaux contes de Suisse-Romande
J'en retranscrirai de temps en temps, selon l'humeur
(c'est quand même plus long à retaper qu'à réciter!)

A lire avant de s'endormir, ou juste par amour des belles histoires.

La Rose de la Béroche

Du temps passé, du tout vieux temps, du temps si lointain que nos grands-parents eux-même en ont perdu la mémoire, de grandes roselières envahissaient les rives du lac de Neuchâtel.

A l'abri des roseaux, loin des regards indiscrets, une jeune fille aux cheveux dorés venait souvent se baigner.
Elle s'appelait Rose.
Un jour qu'elle nageait dans l'eau claire près d'un saule, elle s'entendit appeler.
Elle retourna sur la berge et y découvrit une grande dame toute vêtue de blanc qui lui dit:

-"Bien le bonjour, ma belle enfant! Je suis en voyage dans ce pays et je dois me rendre sur l'autre rive du lac. Pourrais-tu m'y transporter?"

Rose courut chercher la pirogue que son père lui avait creusé autrefois dans un tronc de chêne.
Elle aida la dame à embarquer et entreprit courageusement la longue traversée. Pendant le voyage, la Dame Blanche l'interrogea sur sa vie et sur celle de ses proches.
La jeune fille répondit volontiers:

-"L'un de mes frères est mort cette année du mal de ventre. Mon père a si mal au dos qu'il ne peut plus se tenir droit. Quant à ma pauvre mère, elle tousse tant qu'elle ne dort plus. La vie est difficile chez nous, ma belle dame. Mais que peut-on y faire? C'est le destin!"

Quand elles eurent accosté, la Dame Blanche pria Rose de l'accompagner dans les prés. Elle ramassa un bouquet de plantes de toutes sortes: de la sauge, de l'argentine, de la belle-étoile, de la reine-des-prés, qu'elle entrelaça de branches de tilleul et de frêne.

-"Pour te remercier de ta peine, voici des plantes aux mille vertus: grâce à elles, tu pourras guérir tous ceux que tu aimes!"

De retour chez elle, Rose confectionna des infusions et des cataplasmes dont la Dame Blanche lui avait confié le secret.
Quand son père rentra des champs, tout courbé à cause de son mal, elle le frictionna avec une de ses pommades merveilleuses, puis lui fit boire une potion et, dès le lendemain, il était de nouveau droit comme un jeune homme.
Grâce aux soins de sa fille, la mère put enfin passer une nuit calme.
Comme une traînée de poudre, le bruit se répandit dans le village: la Rose de la Béroche savait guérir!

A partir de ce jour, ce fut un défilé ininterrompu dans la pauvre cabane: les mères amenaient leurs petits enfants fièvreux, les paysans blessés accouraient pour que Rose pansât leurs plaies, les vieillards perclus de rhumatismes se pressaient chez elle pour retrouver la souplesse de leurs vingt ans.

Or, tout le pays appartenait à un chef très cruel qui demeurait dans une grotte, une "cave", qui domine La Béroche.

De son antre, il pouvait surveiller les alentours.
Comme il ne bougeait guère de devant sa porte, il était gras comme un blaireau.
C'était à lui qu'il fallait demander le droit de ramasser les châtaignes, les glands, les faînes, les pommes sauvages et tous les petits fruits que produit la nature; à lui qu'il fallait acheter la permission de chasser les lièvres et les perdreaux, les sangliers et les chevreuils; à lui qu'il fallait louer les parcelles à esserter pour les transformer en champs et les cultiver en blé et en avoine, en carottes et en poireaux.
Chaque jour, tous les villageois des environs devaient lui apporter tribut et lui rendre hommage.

Mais depuis que la Rose avait le pouvoir de guérir, les gens de son village négligeaient leurs devoirs envers leur chef.
Celui-ci ne tarda pas à le remarquer.
Il entendit chanter les louanges de la guérisseuse et on lui parla d'une Dame Blanche qui l'avait dotée de mystérieux pouvoirs.
Il sentit alors germer en lui la pire jalousie que vous puissiez imaginer:

-"Qui aura peur de moi s'ils ne craignent plus la maladie? Et cette fille, m'a-t-elle seulement demandé la permission de soigner mes gens? Je dois agir, et vite!"

Le gros chef s'éloigna de sa grotte d'un pas pesant. Quand il arriva tout grommelant à la hutte de Rose, celle-ci était seule et pilait des plantes. Elle lui fit bon accueil et s'enquit de sa santé.
Cela ne fit qu'aviver la colère de l'homme qui ordonna brutalement:

-"Suis-moi immédiatement, et mène-moi à l'endroit où tu étais quand l'étrangère t'a hélée!"

Apeurée, la jeune fille le conduisit à la roselière, sous le grand saule.

-"Que faisais-tu quand tu as entendu cette femme?"

-"Je nageais dans l'eau claire!"

-"Eh bien, nage donc!"
Grogna-t-il en lui lançant un regard sombre et menaçant.
Elle obéit et commença à nager.
Alors le mauvais bougre entra dans le lac, lui posa la main sur la tête et l'enfonça longuement sous l'eau.

Son forfait accompli, il remonta tout tranquillement chez lui, soulagé, et s'assit devant l'entrée de sa grotte, comme à son habitude.

Quand la nuit tomba, la mère de Rose s'inquièta de l'absence de sa fille. Elle sortit avec un brandon et alla chez les voisins, mais personne ne put la renseigner. Enfin, après de longues et vaines recherches, on abandonnait tout espoir, quand un enfant s'écria:

-"Mais je l'ai vue, la Rose! Elle allait vers le grand saule avec le chef!"

Guidés par le garçonnet, la mère et les voisins descendirent vers le lac. Soudain, la femme aperçut quelque chose de blanc qui flottait entre les roseaux:

-"Regardez! C'est sa couronne de marguerites! Rose! Rose, réponds-moi, ma petite fille!"


Las! Ce n'étaient pas des fleurs mais le corps de son enfant qui flottait sans vie entre les roseaux!

La pauvre femme en poussa un tel cri que toute la Béroche en frémit de terreur. De partout, les gens accoururent pour apprendre quel malheur était arrivé, et beaucoup de poings impuissants se levèrent en direction de la "cave" du tyran. La mère éplorée ne cessait de se lamenter:
-"Sois maudit, chef cruel! Tu as tué ma Rose, mon enfant! Ah! Si seulement quelqu'un osait!"

A ces mots, un coup de tonnerre éclata et, dans un éclair, la Dame Blanche apparut. Elle s'inclina vers le corps de la jeune morte et murmura d'une voix douce:

-"Rose! Rose tu étais! Rose tu seras pour l'éternité!

Aussitôt, les joues pâles de Rose devinrent pétales satinés et ses cheveux dorés étamines d'or, cepandant que l'air s'embaumait d'un parfum inconnu; son corps s'allongea en une tige souple et légère qui grimpa le long du rocher, s'y agrippant grâce à de fines épines; au bout de ses doigts s'ouvrirent des feuilles vertes et brillantes: Rose était églantine, la rose sauvage dont chaque partie guérit.

Assis devant le feu, au seuil de sa grotte, le chef noyait son crime dans un pichet de cidre. Les villageois, du lac, apercevaient sa silhouette solitaire qui se découpait sur le brasier.

La Dame Blanche tendit la main dans sa direction et proféra ces paroles:

-"Chef cruel! Ours tu as été! Ours tu seras pour l'éternité!"

Aussitôt, un coup de tonnerre fit trembler la terre. Au même moment, le maître de la Béroche sentit ses jambes s'enfoncer dans le sol et la fourrure qui le réchauffait lui coller à la peau. Puis le froid gagna inexorablement ses membres jsuqu'à ce que son coeur fût enserré dans une prison de pierre.

Le lendemain, à l'aurore, des paysans lourdement chargés montaient vers la grotte du chef: l'un portait un sac de blé, l'autre une bouteille de cidre frais, le troisième un cuissot de chevreuil: tous allaient payer leur tribut.

Quand ils arrivèrent devant la grotte, ils s'arrêtèrent, intrigués: à l'endroit où le chef avait souvent coutume de paresser au soleil se dressait un ours de pierre couvert d'une toison de mousse. Ils appelèrent, personne ne répondit. Le plus courageux des trois s'aventura jusqu'à l'entrée de la grotte; mais il y entrevit des formes blanches qui flottaient dans l'ombre; saisi par la panique, il prit la fuite, suivi de ses compagnons qui abandonnèrent là leur chargement.

Les compagnes de la Dame Blanche, les filles, comme on les appelait, avaient élu domicile dans l'antre du monstre. C'est pour cela que cette grotte a pour nom la Cave aux Filles et que plus aucun Bérochau n'y a habité.

Et c'est depuis ce temps-là, par ma foi, que la rose fleurit à la Béroche, dans les jardins et dans les haies, embaumant l'air et enchantant les coeurs.

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hurler en silence

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeLun 29 Sep 2008 - 16:42

Superbe histoire. Merci à toi pour ce texte charmant.
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p'tite meringue

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeLun 29 Sep 2008 - 16:55

rhaaaa toute mon enfance ça Smile
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Caramel

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeLun 29 Sep 2008 - 17:13

Faudrait se faire une IRL Contes au Chalet, sérieusement dit.. Entre toi et Vlad, y a du gros potentiel !
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p'tite meringue

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeLun 29 Sep 2008 - 17:17

Caramel a écrit:
Faudrait se faire une IRL Contes au Chalet, sérieusement dit.. Entre toi et Vlad, y a du gros potentiel !


oh oui oh oui! Je suis là du 10 au 13 et du 19 au 29 si jamais Laughing
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vlad tepes

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeLun 29 Sep 2008 - 17:50

Surtout que j'ai retrouvé Ces histoires qui meurent, Contes et Légende du Valais. Je me souviens de quelques contes sympa Razz
Faudrais que je relise la rose, je m'en souvien pas de celle là, mais je jette toute ma préférence sur Le berger et son servan et sur Les deux frères (Bientôt au coin du feux)
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Amande

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeLun 29 Sep 2008 - 18:20

J'adore vraiment, ça me rappelle les soirées de camp de vacances où on racontait des légendes aux jeunes... dommage que ma mémoire me lâche
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H

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeVen 3 Oct 2008 - 22:49

    Je ne connaissais pas le conte, malgré que j'ai habité juste à côté de la Béroche. D'ailleurs, la photo me rappelle pas mal mon enfance. Une partie en tout cas.
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Cleet O'Rhys

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeMar 7 Oct 2008 - 16:36

"Ecoutez tous, petits et grands,
Si vous voulez l'entendre!

Quand la nuit sera venue,
Je vous dirai des contes:
Randonnées pour les bouêbes,
Contes à rire et à pleurer,
Contes à rêver et à trembler,
Contes à dormir debout
Ou à s'éveiller à soi-même,
Contes pour apprendre à vivre,
Contes de toutes les couleurs!

Quand la nuit sera venue,
Je vous dirai des contes,
Et si vous y trouvez une once de vérité,
Je me donne à couper la tête
Avec un ciseau à manche de laiton
Et à taillant de laine!

Il y a longtemps, il y a longtemps,
Quand Gargantua creusait le Léman!

Il y a longtemps, il y a longtemps,
Quand le diable construisait la Sagne!

Il y a longtemps, il y a longtemps,
QUand les vaches donnaient des lacs de lait!

Il y a longtemps, il y a longtemps,
Quand on jouait au palet
Avec les tommes de l'été,
Tant il y en avait!

Il y a longtemps, il y a longtemps,
Quand on berçait les enfants
Dans les corolles des fleurs!

Il y a longtemps, il y a longtemps,
Quand chaque alvéole de miel
Etait aussi grande que la porte
De la Cathédrale de Lausanne!

Il y a longtemps, il y a bien longtemps
Que tout cela arriva...

Que le diable me fricasse si je mens!"
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Tiara

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeMar 7 Oct 2008 - 16:43

J'aime vraiment beaucoup! C'est un retour en enfance. Smile
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Implo

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeMar 7 Oct 2008 - 16:54

J'aime bien... simpas de faire partager à nous autres, incultes de vos histoires et comptes d'enfants ...
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Cleet O'Rhys

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeMar 7 Oct 2008 - 18:19

emmerdeuse a écrit:
vos histoires et comptes d'enfants ...
Le livret de multiplications?

C'est un peu tristounet comme tu dis ça!
Surtout que beaucoup de Suisses eux-même ignorent l'existence d'un conte se déroulant dans leur région!

Mais c'est aussi bien à cela que sert un conte: entretenir la tradition, et se faire découvrir!
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Implo

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeMar 7 Oct 2008 - 18:21

Désolée pour la faute...
Mais oui, ca n'empêche pas que j'aime lire ça ...
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vlad tepes

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeMer 8 Oct 2008 - 6:56

contes d'enfants, contes d'enfants... Pourquoi limiter aux seul enfants les contes? Je n'aime pas les contes d'enfants, ils sont souvent censuré.
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Cleet O'Rhys

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MessageSujet: Re: Les plus beaux contes de Suisse   Les plus beaux contes de Suisse Icon_minitimeJeu 25 Déc 2008 - 14:01

Le conte que je m'en vais vous raconter,
Ce n'est pas moi qui l'ai inventé...
Las non!
Car je suis né un mois trop tard:
Tous les contes
Avaient été inventés sans moi!


Il était une fois, aux environs de Genève, une pauvre veuve qui demeurait seule avec son fils.
Celui-ci allait sur ses seize ans.
C'était un solide gaillard qui aidait sa mère comme il pouvait en s'embauchant dans les maisons des alentours. Mais les temps étaient durs; il devenait difficile de trouver du travail et l'argent se faisait rare.

Noël approchait et le garde-manger était vide.

-Nous n'aurons qu'une croûte de pain et ce morceau de lard pour le Réveillon", soupira la mère. J'essaierai de te cuire un bon repas tout de même en ajoutant un chou du jardin.

-Ecoute, mère, dit le fils. Armé du fusil du père, je vais aller dans les étangs.
Ce sera le diable si je ne rapporte pas un canard ou une pièce de gibier!

La femme se signa:

-Ne parle pas du diable hors de propos; il pourrait nous jouer un tour! Va, mais prend garde de ne pas t'égarer vers les ruines du château de Rouëlbeau. On raconte qu'on a jamais revu ceux qui s'y sont aventurés les veilles de Noël.

-Ne te mets donc pas en souci, maman! Je reviendrai avant que le soir ne tombe!

Il embrassa sa mère, décrocha le fusil de son père qu'il glissa à son épaule et il partit.
Et marche que je te marche, quand on marche, on fait bien du chemin.

Arrivé aux étangs, qui étaient gelés, il s'embusqua. Les heures coulaient, la journée avançait, mais pas le plus petit gibier ne fit frémir les buissons ni les roseaux.
Il repartit et marcha, marcha, guettant le moindre bruit, attentif au plus petit mouvement. Rien.
On eût dit qu'il avançait dans un monde minéral, un pays de fin du monde: tout était gris et blanc, sans un souffle de vent.

La nuit tomba sans qu'il s'en aperçut et, à son insu, ses pas le guidèrent vers le château maudit. Quand il reconnut le lieu où il était, il prit peur.

Mais il pensa à sa mère qui ne s'était plus régalée depuis longtemps: "Coûte que coûte, il me faut trouver un animal pour ce soir! Peut-être qu'un lièvre ou un chevreuil se sera réfugié dans les ruines à l'abri du froid!"

Il grimpa le raidillon qui menait aux vieux murs.
Il atteignait le donjon quand les douze coups de minuit sonnèrent à un clocher lointain. se souvenant des vives recommandations de sa mère, le garçon s'apprêta à rebrousser chemin.

C'est qu'alors qu'un souffle glacial le fit frissonner. Il sentit son sang se figer et ses cheveux se dresser sur sa tête en distinguant dans le noir une ombre blanche qui sortait de la tour en poussant d'atroces gémissements.

Le spectre le frôla, glissa hors du château et disparut. Le jeune homme aurait dû fuir, mais ses pieds restaient collés au sol.
Après avoir erré tout autour des ruines, le fantôme blanc réapparut et s'arrêta devant lui:

-Que viens-tu faire sur mon domaine, enfant? Ne sais-tu pas que la nuit de Noël appartient aux Trépassés?

-Qui...qui êtes-vous? Bégaya le garçon.

-Je suis la Dame Blanche de Rouëlbeau.
Dans un temps dont chacun ici-bas a perdu souvenance, j'habitais ce château. Depuis ce temps, je veille sur les tombeaux des miens.
Depuis ce temps, je protège leurs trésors enfouis.
A ton tour de me répondre, enfant:
pourquoi es-tu là ce soir?

-Madame, dit respectueusement le jeune homme en retirant son bonnet, ma mère et moi sommes si pauvres que nous n'avions ce soir pour le souper qu'une croûte de pain, une morce de lard et un chou, bien peu de chose pour une fête. J'ai pris le fusil de mon père, espérant trouver du gibier par ici; mais tout semble mort aujourd'hui. J'ai tant de peine pour ma pauvre mère si je reviens bredouille!

-Brave petit! Suis-moi! Je vais t'offrir des étrennes.
Ne dis rien à personne de ce que tu verras, car tu es et tu seras le premier et le dernier vivant que j'épargne!

Une poigne glacée et osseuse enserra le bras du garçon, et la Dame Blanche l'entraîna vers la grosse tour; ils descendirent un escalier en colimaçon branlant et vermoulu qui aboutissait à une porte de pierre. Le spectre toucha deux entailles gravées dans le rocher, et le bloc bascula comme s'il ne pesait pas plus qu'une plume.

-Entre et prends ce dont tu as besoin pour ta mère et pour toi! dit la revenante en le poussant dans une salle éclairée par de nombreuses chandelles.

Au milieu de la salle, un coffre débordait d'or et d'argent.
Le jeune homme en emplit sa gibescière, ses poches et son bonnet.

-Pars, maintenant, et fais-en bon usage! Adieu, enfant!

La porte de pierre se referma avec fracas derrière le garçon qui se retrouva seul au pied de l'escalier de la tour.

Il le grimpa quatre à quatre, dévala la colline, courut à travers les étangs. L'aube se levait quand il arriva chez lui. Sa mère était folle d'inquiètude; quand il entra, elle cria de joie et remercia le ciel.

Cependant, elle n'était pas seule, car un cousin riche et célibataire était venu réveillonner, apportant dans un panier une poularde et queqlues bouteilles de vin.

-Mère! Mère! Regarde ce que je t'ai trouvé! Joyeux Noël, maman! cria le garçon en versant le contenu de ses poches et de son bonnet sur la table.

-Seigneur Dieu, où as-tu pris tout ça?

-Je marchais dans les étangs en désespérant de te rapporter quelque chose: on se serait cru à la veille du Jugement dernier tellement tout était silencieux et sinistre.
Je me suis posté à l'affût dans un gros saule. Voilà que le sol a cédé sous mon poids, et dans le trou, j'ai découvert ce trésor qui a dû être caché dans le temps par un larron.

Le cousin prit une pièce d'or et l'examina:
-C'est un très vieux trésor que tu as déniché là! Ces pièces datent de plusieurs siècles.

La mère, fatiguée par une telle nuit d'angoisse, monta se coucher. Le visiteur versa alors une rasade de vin au jeune homme:
-Maintenant que nous sommes seuls, entre hommes, dis-moi la vérité, cousin. Où as-tu trouvé ce fabuleux trésor?

-Sous le gros saule, que je l'ai raconté! se défendit le garçon.

Mais le vin fait venir les secrets sur l'eau; le cousin lui offrit tant et tant à boire qu'il rapporta tout: le château, la Dame Blanche, l'escalier du donjon, le coffre.

Le lendemain, le cousin monta avec une pioche, une lampe et des sacs, à Rouëlbeau. Il trouva l'escalier branlant et vermoulu et la porte de pierre; mais malgré tous ses efforts, la dalle ne bougea pas d'un cheveux.
Avisant les entailles, il y posa les mains, mais rien ne se produisit. Il tenta de creuser pour passer sous le bloc, mais sa pioche se brisa sur le rocher.

Il dut abandonner, mais il laissa les sacs: "Je reviendrai à Noël l'an prochain, et je les remplirai!"

Pendant toute l'année, il imagina stratagème sur stratagème pour rapporter le plus d'or possible du château.
Il monta là-haut des sacs, une brouette, une pelle...

Enfin, Noël arriva. Il se vêtit misérablement et bien avant minuit, il était devant le château.
Quand les douze coups sonnèrent, une bise glacée lui fouetta le visage; un spectre blanc sortit de la tour en gémissant atrocement, le frôla, glissa hors du château et disparut. Le cousin attendit impatiemment le retour du fantôme. La Dame Blanche s'arrêta devant lui:

-Que viens-tu faire sur mon domaine, vivant? Ne sais-tu pas, à ton âge, que la nuit de Noël appartient aux Trépassés?

-Je le sais, belle dame, mais je suis si pauvre que j'ai espéré que vous pourriez m'aider!

-Si pauvre, vraiment? demanda la Dame Blanche en toisant l'homme qui s'était agenouillé devant elle. Dis-toi que le trop de biens tord le cou! Suis-moi!

Elle enserra de sa poigne glacée et osseuse le bras du cupide et l'entraîna dans l'escalier de la tour.
Elle effleura les entailles de la dalle de pierre et le bloc bascula, découvrant une salle éclairée de bougies au milieu de laquelle un coffre ancien débordait d'or et d'argent.
En passant, le cousin prit les sacs et la brouette qu'il avait entreposés là. Il plongea à pleines mains dans le trésor.
Mais le coffre semblait sans fond et se remplissait à mesure qu'il y puisait.

Soudain, la voix sépulcrale de la Dame Blanche résonna:
-Homme trop cupide, ton heure est passée!

La porte de pierre se referma avec fracas.

Sans doute le cousin y est-il encore, entassant dans ses sacs l'or et l'argent des seigneurs de Rouëlbeau.
Plus jamais on ne l'a revu, et plus jamais nul n'a rencontré non plus la Dame Blanche dans son château.

Quant à la veuve et à son fils, ils achetèrent une ferme avec quelques bêtes et depuis, ils n'ont plus connu la misère.

Cette histoire que je vous ai contée,
Ce sont vos Anciens qui l'ont inventée.
A vous de la relancer!




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