Surement juste quelques mots.

J'ai arrêté pendant quelques temps d'aller sur ce forum. Je pense que mon esprit a raisonné de la façon suivante : "tu ne dois plus te couper, donc plus besoin d'aller là-bas." C'est peut-être vrai que voir des topics sur l'AM, les problèmes alimentaires, tout ça, aurait pu... je sais pas. Ca m'y aurait fait pensé et je n'en ai pas vraiment besoin.

Pourquoi je poste ce soir, maintenant ? Je n'en ai aucune idée. Vraiment. Je pense qu'en parler, parler de ce que je ressens en ce moment, ça ne peut me faire que du bien, mais je ne vois pas vraiment de solution aux petits tracas quotidiens, donc ne vous sentez pas obliger de lire ou de répondre... Fondamentalement, ça ne va pas mal, au contraire, ça va plutôt bien. J'ai vécu des moments difficiles et en regardant derrière moi, en faisant le constat de cette année qui se termine, je me dis que je devrais m'estimer heureuse de mon moral en ce moment. Je ne peux plus me couper, parce que je ne veux pas décevoir ma maman qui m'aime et qui a besoin de me savoir bien. Je ne peux pas en parler à des gens qui sont en face de moi, parce que j'ai du mal à mettre des mots sur tout ça. J'essaye de vivre en me laissant engloutir par la routine ; je suis occupée, pas de possibilité de réfléchir, d'aller vers le fond et de repenser à me couper. Ca marche. Pendant quelques jours, pendant quelques heures, ça marche très bien. Je me contente de ce que j'ai, je suis heureuse de ce que j'ai. Quand je n'arrive pas à dormir, quand je pense à tout ce que je me suis fais, je mets un peu de musique et ça passe. Je m'empêche la plupart du temps de pleurer, parce que ça me fait du mal de pleurer, ça me montre encore à quel point je suis faible. J'ai treize ans, je ne suis qu'une ridicule petite fille... J'ai peur de l'avenir. Peur de me tromper dans des choix essentiels de la vie. Je ne me sens pas à ma place au collège, je ne me sens pas à ma place au milieu de mes amies. Il m'arrive de me dire "putain mais qu'est-ce que tu fais là ?" quand je suis avec tout ses gens que j'aime beaucoup. C'est une bonne question, ça, qu'est-ce que je fous là ? Je vie. J'essaye. Les insultes, on les surmonte avec un petit sourire, après tout j'ai choisis de m'habiller comme je m'habille. Les critiques, on les enterre bien au fond, comme un petit coffre, et quand on les retrouvera ce soir, intacte, on pourra les décortiquer, se couper l'âme avec, à défaut de couper la chair. La vérité, c'est que je me demande quand tout ça va s'arrêter. Quand j'arrêterais de jouer à cache-cache avec les problèmes, à jouer à "cours le plus vite possible, et quand tu tombes, affronte ce qui t'a ratrappé". Je sais qu'un jour ça arrivera, surement plus tôt que je ne le voudrais. Et ce jour là, je ferais quoi ? Je vais pleurer tout ce que je pourrais. Je serais à nouveau la petite fille faible, qui va mal, qui se coupe, le stéréotype banal de quelques maux indéfinissables.