Après la nuit
Regarde cette nuit, douce soirée de Mai,
Promets-moi qu’en sortant, tu iras l’admirer,
Et te dire qu’elle est belle, radieuse et virginale,
Que rien n’est aussi pur qu’un ciel couvert d’étoiles…
Va-t’en de cette chambre empreinte de tristesse,
Lève-toi de ce lit trop blanc de ma détresse.
J’ai envie d’être seul en ces derniers instants,
Si seul avec ce mal qui me ronge en dedans.
Je t’en prie, ne pleure pas ! Ces larmes dans tes yeux,
Inutiles prières, sont pires qu’un adieu.
Je veux garder de toi ce sourire que j’aimais,
Et le graver à l’encre de l’éternité.
On croit souvent que rien n’est plus fort que l’amour,
On veut se persuader que lui, vivra toujours ;
Mais l’Ennemie cruelle qui nous vole la vie
Prend notre amour avec et le tue dans l’oubli…
Oui, tu dis que tu m’aimes, et je te crois vraiment.
Mais je ne sais que trop l’influence du temps.
Un jour, oui… tu verras que tout s’estompera,
Et d’une certaine façon, je sais, tu m’oublieras.
Mais c’est bien mieux ainsi ; surtout ne t’en veux pas.
Je voudrais te savoir heureuse dans d’autres bras.
Tu as le mal de vivre, sans moi dans ton futur,
J’ai celui de mourir sur cette déchirure.
Mon cœur battait si fort pour toi, pour cette vie,
Mais là c’est tout mon corps qui se bat contre lui,
Contre ce cœur fragile qui ce soir peine tant
Pour vivre encore un peu ses tout dernier battements.
Il me faut m’en aller, ne reste pas ici…
La nuit s’est avancée, et le noir m’envahit.
Je sens bien que le froid me gagne pas à pas,
Mais le peu de chaleur qui me reste est à toi.
Il y aura un ‘demain’ après cette nuit-là,
Une aube et un matin, pour toi, encore une fois.
Va-t’en je t’en supplie, ne te retourne pas,
Laisse moi m’envoler, vis ta vie, oublie-moi…