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| Conscience de mon corps | |
| | Auteur | Message |
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Caramel
Nombre de messages : 31671 Age : 46 Localisation : Lausanne - Suisse Date d'inscription : 01/02/2007
| Sujet: Conscience de mon corps Sam 13 Juin 2015 - 2:33 | |
| Bon, questionnement, à poser quelque part. Au sujet de ma relation avec mon corps, non pas affectivement, mais en terme utilitaires.
Depuis toute petite, j'ai une conscience de mon corps relativement chelou.
J'ai toujours été ultra, ultra maladroite. J'ai 37 piges, et je ne sais toujours pas faire un foutu noeud de chaussures qui tienne plus de 5 minutes, par exemple, pour vous donner une idée de l'ampleur des dégats. Je suis mal latéralisée. Pas vraiment gauchère (j'ai toujours instinctivement écrit de la main droite par exemple), mais y a une part des tâches que je fais instinctivement de la main gauche (tenir un couteau, utiliser des ciseaux, par exemple. y en a surement d'autres, mais je ne passe pas mon temps à m'auto-observer pour savoir de quelle main je fais telle ou telle chose ^^). Je suis incapable de distinguer "droite" et "gauche" sans accompagner la réflexion d'un geste, même infime, de la main du coté en question. Je n'ai pas une bonne perception de la douleur. En général, je fais péter un cable aux médecins quand je débarque avec une quelconque blessure que je laisse s'aggraver pendant trois semaines avant d'en arriver à un seuil de douleur suffisant pour que je me dise que ça serait peut-être une bonne idée d'aller consulter. En général la question est "Mais comment vous avez fait pour continuer à marcher / vous servir de votre main / whatever pendant tout ce temps ? La plupart des gens ne poseraient plus le pied par terre depuis belle lurette". Alors que bon, chez moi ca fait mal, mais bon, supportablement mal quoi, une gêne plus qu'un truc qui m'alarmerait assez pour que je réagisse.
Si je suis un tant soit peu angoissée, c'est festival. Je n'ai plus de corps, littéralement, dans mes perceptions. Ca a d'ailleurs été pas mal l'origine de mon automutilation (coupures) pendant des années : si j'étais angoissée, j'avais vraiment besoin de me faire mal à quelque part histoire de me rappeler vraiment que j'avais un corps, sinon cette sensation d'être "décorporisée" (je sais pas si le mot existe, mais bref, vous voyez l'idée ?) était vraiment trop insupportable. Mais même avant d'avoir l'idée de fourrer des trucs coupants dans mes jambes, depuis toute petite j'ai eu recours à la douleur (me mordre, me foutre des coups) pour gérer l'anxiété, justement à cause de ca.
Niveau coordination, c'est MEGA LOL ! Je n'ai jamais été capable de faire une roulade, par exemple. Trop de trucs à coordonner, et je me retrouvais toujours (j'ai laché l'affaire depuis longtemps hein, bon, ne pas savoir faire des roulades n'est pas exactement capital dans ma vie !) en mode "pantin désarticulé", dans des positions improbables, mais en tous cas pas en train de faire une roulade digne de ce nom.
Niveau équilibre, c'est à peu près aussi mega lol que pour ce qui est de la coordination. Marcher sur un banc sans me casser la gueule ? Mmh... Ca demande pas mal de concentration, on va dire.
Niveau sensations physiques, par contre, y a des trucs tout bêtes qui sont à peu près insupportable pour moi. Exemple : avoir un truc qui me touche le cou. Ca me déclenche immédiatement des nausées. Aucune idée de pourquoi, mais c'est un fait. Col roulé ? On oublie l'idée. Echarpe ? Faut pas qu'elle soit directement autour de mon cou. Même un col pas roulé, mais qui remonte assez haut pour toucher la base de mon cou me fait cet effet là. C'est incontrôlable : si je m'obstine, je gerbe. A coup sur.
Certaines matières, certains sensations de frottement sur ma peau me rendent proprement dingue, faut que j'enlève ça à tout prix.
Certains bruits me sont totalement insupportables (genre les crissements de craie, ou tout bruit de frottement d'un truc dur sur du metal. Genre chez moi, le rebord des fenêtres est en métal. Quand mes chats courent là dessus et que leurs griffes frottent dessus, ca me force à changer de pièce, c'est pas supportable).
Je suis incapable de dormir sans avoir un truc lourd sur moi. Même si je crève de chaud, je DOIS dormir avec une couette, ou au moins une couverture assez lourde pour que je sente son poids. Tant pis si je crève de chaud et que je me réveille baignant dans ma sueur. Plus jeune, pour m'endormir, je devais coincer au moins un de mes membres (bras ou jambe) entre le matelas et le mur, ou sous le matelas. Sinon pas moyen de fermer un oeil.
Je DOIS me frotter les mains, ou les frotter contre un truc, pour ne pas avoir une sensation désagréable dans les paumes de mes mains, par moment. Sensation complètement weird, comme si la paume de mes mains avait un trou au milieu et que pour le combler je devais frotter.
Toute petite, je devais deja être dans cette recherche de sensations physiques, parce que j'avais un "doudou", un carré de tissus, que je passais des heures à secouer devant mon visage en le cognant contre ma joue et en disant répétitivement "koï koï koï". Le petit nom de mon doudou était donc devenu "mon koï koï" (et mon surnom à moi pour mon père aussi, d'ailleurs. Il m'appelait "koï koï"), et j'étais complètement paniquée si je ne l'avais pas (j'ai un souvenir assez vivace de mon entrée en école enfantine - l'équivalent de la maternelle) où je hurlais à la mort devant l'entrée de l'école parce que pour éviter que je "passe pour un bébé" ma mère m'avait fait laisser le koï koï à la maison, et que je hurlais "je peux pas être sans mon koï koï". Ma mère avait fini par aller le rechercher, sinon je pense que j'aurais fini par rendre sourde l'instit' à force de hurler ^^
Je n'ai clairement pas une notion exacte du positionnement de mon corps dans l'espace. Ce qui me vaut de fréquentes rencontres avec des coins de murs, de meubles, alors que pourtant, j'évaluais avoir largement la place de passer, ou en être vachement plus loin que ca.
'fin bref.
Je ne sais pas trop ce qui est "codé étrangement" dans mon cerveau, en tous cas c'est un truc qui a toujours été là manifestement.
Je m'en accomode, hein, mais pour ce qui est de ma maladresse chronique et massive, c'est des fois vachement handicapant. Genre enjoy la bonne impression quand à ta première journée d'un nouveau boulot, tu as dja pété une pile d'assiettes que tu tentais de transporter...
Du coup.. Est-ce que tout ce blabla parle à quelqu'un. Et est-ce que vous avez des pistes à me mettre sous la dent pour comprendre tout ca, et, au mieux, améliorer un peu ma conscience de mon corps et du coup diminuer son corolaire "maladresse massive" ? | |
| | | Tatie Lem
Nombre de messages : 2517 Age : 36 Date d'inscription : 10/08/2011
| Sujet: Re: Conscience de mon corps Sam 13 Juin 2015 - 9:05 | |
| La conscience du corps est un phénomène qui regroupe deux fonctions psychomotrices :
- l'une sous-tendue par ton équipement neurologique inné et façonné par tes expériences perceptives = le schéma corporel, ou cartographie du corps dans l'espace, qui est nécessaire à de bonnes coordinations.
- et l'autre plutôt sur le versant psychique inconscient, plus symbolique et imaginaire, en lien avec l'affectif (les angoisses, le narcissisme, les conflits internes, etc...) = l'image du corps.
Ces deux fonctions font partie d'une organisation psychomotrice globale, qui est la façon de fonctionner et "d'habiter dans son corps" pour interagir avec l'autre, l'environnement et soi-même. Mais "avoir conscience de son corps" est quelque chose de bien plus complexe que ça, qui demande l'intégration, le traitement et la projection d'un nombre incalculable d'informations.
En pratique on ne peut pas coller une frontière nette entre image du corps et schéma corporel, sauf quand tu as un trouble neurologique franc tel un AVC pariétal qui va bousiller la reconnaissance des parties d'un hémicorps ou te donner une héminégligence (perte de l'attention sur un hémicorps, au point d'oublier de s'habiller, se raser, d'utiliser le côté atteint), ou quand une amputation supprime le membre et ses terminaisons nerveuses mais pas le câblage cérébral, d'où la perception d'un membre fantôme = clairement, il s'agit de troubles du schéma corporel. Une personne anorexique n'a en principe pas de trouble du schéma corporel, mais un très gros trouble de l'image du corps qui a tendance à déformer ses perceptions. Chez un enfant autiste, qui a souvent des particularités sensorielles (des hyper ou hyposensibilités flagrantes), les deux sont très intriqués et les angoisses concernant le corps (donc plutôt côté image du corps) intègrent la réalité des perceptions, et donc le schéma corporel (ou plutôt "désintègrent", d'autant plus, les personnes autistes ont tendance à percevoir les détails plutôt que la structure entière).
Un autres exemple : il existe un trouble développemental qui aurait une origine neuro a minima, le trouble d'acquisition des coordinations/la dyspraxie (grosse maladresse, difficulté à apprendre des séquences gestuelles, etc...). Qu'on diagnostique quand la maladresse n'est en lien avec aucune autre pathologie. Après, une dyspraxie n'explique pas totalement l'organisation psychomotrice de quelqu'un, ce qu'elle présente au quotidien, ce qu'elle vit dans et avec son corps, comment elle le voit. Est-ce que la dyspraxie avec l'angoisse et l'absence de motivation/de plaisir à bouger qu'elle peut générer amène un désinvestissement corporel et donc une modification des perceptions et donc un schéma corporel et une conscience du corps altérés, ou le schéma corporel est d'emblée moins performant et conditionne la difficulté des apprentissages, ça dépend de chaque personne... En tous cas il est à mon sens vraiment difficile de défaire l'intrication et de comprendre comment on aboutit à un vécu du corps unique et personnel / des dysfonctionnements particuliers, et donc de choisir une stratégie pour améliorer les choses.
Dans ce que tu décris, je trouve beaucoup d'éléments concernant ton organisation psychomotrice globale (la latéralité et l'équilibre), et plus précisément le schéma corporel, des particularités sensorielles et perceptives, mais aussi des éléments qui s'apparentent à l'image du corps. Pour faire la part des choses et décider d'une stratégie pour remédier au problème, le mieux est de consulter un psychomotricien.
Après, toutes les activités sportives/artistiques pratiquées en conscience peuvent aider : relaxation, yoga, tai-chi, qi-qong et autres gymnastiques pratiquées avec une attention soutenue portant sur la posture, la respiration, les états de tension/détente, la rythmicité des mouvements etc..., théâtre, danse, et compagnie.
Dernière édition par Miss Lem le Sam 13 Juin 2015 - 11:27, édité 1 fois | |
| | | Caramel
Nombre de messages : 31671 Age : 46 Localisation : Lausanne - Suisse Date d'inscription : 01/02/2007
| Sujet: Re: Conscience de mon corps Sam 13 Juin 2015 - 11:15 | |
| Merci pour ta réponse, LEM, à vrai dire j'imaginais bien que tu te sentirais appelée à me répondre ^^
Je l'avais dja dit à titre d'anecdote, mais la psychomot' qui suit un des gamins de mon boulot, en me voyant bouger, faire tomber mille trucs l'espace d'une réunion, m'empêtrer en mettant ma veste au moment de partir, ce genre de trucs, a rigolé en me disant que le gosse n'est visiblement pas le seul qui aurait besoin d'un suivi en psychomot' (je m'entends bien avec elle hein, pour ça qu'elle s'est permise de me vanner dessus, c'est pas une grande méchante ^^)
Même en marchant, je suis capable d'exploits comme trébucher sur MON PROPRE PIED et me vautrer lamentablement.
Pour ce qui est de la dyspraxie, un pote qui est lui officiellement diagnostiqué dyspraxique m'a fait la remarque qu'il se retrouve pas mal dans tout ce que je raconte là dessus, et que ça serait moyen étonnant que je le sois aussi sans avoir été diagnostiquée. Ma foi, c'est pas impossible, vu comme ca ^^
Va effectivement falloir que je me renseigne pour un bilan psychomot', pour voir dans quel cadre ça pourrait se faire, pour voir si c'est remboursé par l'assurance maladie en Suisse, tout ca. | |
| | | Tatie Lem
Nombre de messages : 2517 Age : 36 Date d'inscription : 10/08/2011
| Sujet: Re: Conscience de mon corps Sam 13 Juin 2015 - 12:03 | |
| J'allais pas passer à côté d'un tel message, c'est sûr. Même si ce n'est plus vraiment ma clinique ^^
Beaucoup de psychomots finissent par se dire qu'ils auraient bien besoin d'un confrère ou d'une consoeur (dont moi, évidemment). Et adorent observer tout le monde. Quand je me balade dans la rue je ne peux pas m'empêcher de suspecter des pathologies aux gens que je croise et je peux rester 20 minutes dans une aire de jeux à regarder les enfants bouger alors que je n'ai rien à y faire d'autre...
Je ne sais toujours pas comment fonctionne la prise en charge financière de la psychomotricité en Suisse. Peut-être qu'en passant par certaines structures de soins type CMP, ça peut aller, mais il faut répondre à certaines conditions, et les listes d'attente sont très longues (en tous cas en France). Un bilan n'entraîne pas forcément de suivi. Tu as fait une bonne partie du travail toute seule : tu es déjà consciente de pas mal de choses. Si dyspraxie il y a, je ne sais pas bien comment ça peut se rééduquer chez l'adulte, et comme il s'agit d'un trouble des apprentissages c'est souvent long et coûteux en énergie de travailler à améliorer la planification et le contrôle gestuels, surtout si tu ne vis pas si mal ta maladresse et si elle ne te gêne pas trop. Chez l'enfant la dyspraxie gêne souvent les autres apprentissages et le met en difficulté affective car il trouve plus difficilement son autonomie et se présente en décalage avec les autres enfants et les attentes des adultes. Chez un adulte déjà construit, ça se discute.
Un travail sur la conscience du corps me semble une meilleure approche, et ça peut se faire en dehors de séances de psychomotricité (ou après un petit nombre) pour peu que tu trouves la bonne activité avec le bon encadrement. | |
| | | Caramel
Nombre de messages : 31671 Age : 46 Localisation : Lausanne - Suisse Date d'inscription : 01/02/2007
| Sujet: Re: Conscience de mon corps Sam 13 Juin 2015 - 13:40 | |
| Clairement, je ne la vis plus trop mal, ma bizarrerie sur le sujet. Par contre, comme tu le dis, étant gamine c'était vachement différent, en terme d'intégration avec les autres gosses c'était pas le top (ajouté au fait que j'avais une maitrise aléatoire des relations sociales...), je me faisais souvent foutre de ma gueule, mettre à l'écart des jeux parce que avoir le boulet qui va se vautrer au lieu de rattraper le ballon dans son équipe, ça éclatait moyen les autres, ca me mettait souvent en difficulté en classe (comment expliquer à une prof que non, je ne SAVAIS pas ranger mes affaires correctement, que c'était pas de la flemme...? Comment lui expliquer que si je cassais 40 fois par cours ma mine de crayon, et que je passais du coup mon temps à tailler mon crayon, c'était pas pour le fun ou pour faire le gignol ? Ce genre de trucs quoi...).
Après, ce qui reste difficile à l'heure actuelle, c'est de me "voir bouger". Par exemple, on est filmés à certaines répétitions de théâtre pour pouvoir retravailler ensuite certains trucs, et me voir me fout toujours prodigieusement mal à l'aise. Je vois les mouvements fluides des autres, et en comparaison ma manière de bouger est maladroite, "pataude", t'sais un peu comme ces gros toutous sympathiques, mais que tu as pas envie d'avoir dans ton salon parce qu'ils vont d'office te péter un truc en renversant une table basse, quoi.
Et un truc qui reste chiant dans le quotidien, et dont j'ai vraiment l'impression que c'est lié, c'est mon incapacité à gérer correctement le ménage. C'est pas de la flemme, mais organiser mes actions dans un ordre cohérent pour faire des trucs aussi basiques que la vaisselle, ranger une armoire, ce genre de trucs, ça reste difficile. J'ai une organisation dans l'espace vraiment aléatoire, ça me demande une concentration de fou, et ça me crève carrément. Quand je fais le ménage, ça me demande une telle mobilisation de toutes mes capacités pour faire des trucs tout cons que je suis tendue comme un string, physiquement, et que ben... J'arrive à me coller des courbatures en faisant la vaisselle, quoi. Sisi... Et sur cet aspect là, ouais, c'est vraiment emmerdant. | |
| | | postblue
Nombre de messages : 561 Date d'inscription : 27/12/2013
| Sujet: Re: Conscience de mon corps Sam 13 Juin 2015 - 18:38 | |
| Post super intéressant! Je me retrouve dans pas mal de trucs. J'ai l'impression que j'ai une mauvaise maîtrise de mon corps, que j'arrive pas à le "déployer" correctement, à lui trouver une place dans l'espace, à être à l'aise dedans; j'ai des souvenirs assez cocasses de cours de sport où je m'avérai strictement incapable de reproduire les mouvements demandés... (Autant dire que sur le moment j'étais désespérée et pas d'humeur à rire.) J'avais jamais pensé que ça puisse venir d'un truc "pathologique" (je prends des pincettes vu que pour moi c'est p't'être pas du tout le cas). Je m'en étais tenu à l'idée de: mauvaise image du corps, trop vivre dans sa tête etc. Mais il serait pas étonnant du tout que j'ai eu un mal-développement à ce niveau, ayant eu quelques soucis de santé pouvant en poser lorsque j'étais enfant. Bref j'ai pas grand chose à dire si ce n'est que je suis contente d'avoir appris des trucs et que je me sens moins seule haha. | |
| | | Tatie Lem
Nombre de messages : 2517 Age : 36 Date d'inscription : 10/08/2011
| Sujet: Re: Conscience de mon corps Dim 14 Juin 2015 - 11:08 | |
| Les diagnostics de dyspraxie sont laborieux à établir, et surtout utiles aux enfants qui peuvent bénéficier d'aides financières pour les séances de rééducation et d'aménagements à l'école. En principe, seul un médecin est habilité à le poser à partir des conclusions des bilans de différents professionnels : ergothérapeute, psychomotricien, psychologue et neuropsychologue, parfois pédopsychiatre, orthoptiste...
Pour un adulte, l'intérêt est surtout de savoir qu'on peut être maladroit "d'origine" et que corriger cette maladresse est une réelle difficulté. Malheureusement, tous les troubles du mouvement et des gestes sont assez peu connus, sauf des familles et des professionnels qui y sont confrontés. Et souvent, la maladresse et les défauts d'engagement corporel dans la relation ou dans des activités qui demandent de se mettre en mouvement passent pour du désintérêt, de la négligence, de la paresse, un manque de volonté ou d'attention, un manque d'intelligence, alors qu'il peut exister une réelle limite à la réalisation des praxies et de vrais blocages affectifs qui ne se résoudront pas à coup de "fais attention !", de "vas-y, regarde, c'est facile !", ou de "mais bouge toi un peu !"
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| | | Cantshowname
Nombre de messages : 44 Age : 29 Localisation : Somewhere Date d'inscription : 02/05/2015
| Sujet: Re: Conscience de mon corps Dim 14 Juin 2015 - 11:42 | |
| Plop Je suis très maladroit, moi aussi. J'ai été diagnostiqué dyspraxique vers le ce1 je crois quelque chose comme ca ils m'ont fait sauter la grande section et ils se rendus compte que j'avais un problème avec l'écriture ^^ Du coup au collège ils m'ont filé un PC pour écrire les cours dessus.. Il pesait 15kg et mettait 15 plombes a démarrer du coup je m'en suis jamais servi Bref moi aussi je suis très maladroit ^^ J'arrive a tomber alors que y'a aucun obstacle a mettre 3 ans a trouver la manche de mon gilet pour le mettre puis me rendre compte qu'il est a l'envers, au basket quand on doit sauter pour attraper la balle, pas moyen de placer mes mains correctement pour attraper la balle enfin plein de petites choses qui me reviennent pas forcément la ^^ les lacets aussi j'ai reussi a les faires qu'à 14 ans et encore je galère un max.. | |
| | | Stana
Nombre de messages : 2849 Age : 50 Localisation : Epinal Date d'inscription : 05/10/2012
| Sujet: Re: Conscience de mon corps Sam 11 Juil 2015 - 9:21 | |
| - Caramel a écrit:
- Bon, questionnement, à poser quelque part.
Au sujet de ma relation avec mon corps, non pas affectivement, mais en terme utilitaires.
Depuis toute petite, j'ai une conscience de mon corps relativement chelou.
J'ai toujours été ultra, ultra maladroite. J'ai 37 piges, et je ne sais toujours pas faire un foutu noeud de chaussures qui tienne plus de 5 minutes, par exemple, pour vous donner une idée de l'ampleur des dégats. Je suis mal latéralisée. Pas vraiment gauchère (j'ai toujours instinctivement écrit de la main droite par exemple), mais y a une part des tâches que je fais instinctivement de la main gauche (tenir un couteau, utiliser des ciseaux, par exemple. y en a surement d'autres, mais je ne passe pas mon temps à m'auto-observer pour savoir de quelle main je fais telle ou telle chose ^^). Je suis incapable de distinguer "droite" et "gauche" sans accompagner la réflexion d'un geste, même infime, de la main du coté en question. Je n'ai pas une bonne perception de la douleur. En général, je fais péter un cable aux médecins quand je débarque avec une quelconque blessure que je laisse s'aggraver pendant trois semaines avant d'en arriver à un seuil de douleur suffisant pour que je me dise que ça serait peut-être une bonne idée d'aller consulter. En général la question est "Mais comment vous avez fait pour continuer à marcher / vous servir de votre main / whatever pendant tout ce temps ? La plupart des gens ne poseraient plus le pied par terre depuis belle lurette". Alors que bon, chez moi ca fait mal, mais bon, supportablement mal quoi, une gêne plus qu'un truc qui m'alarmerait assez pour que je réagisse.
Si je suis un tant soit peu angoissée, c'est festival. Je n'ai plus de corps, littéralement, dans mes perceptions. Ca a d'ailleurs été pas mal l'origine de mon automutilation (coupures) pendant des années : si j'étais angoissée, j'avais vraiment besoin de me faire mal à quelque part histoire de me rappeler vraiment que j'avais un corps, sinon cette sensation d'être "décorporisée" (je sais pas si le mot existe, mais bref, vous voyez l'idée ?) était vraiment trop insupportable. Mais même avant d'avoir l'idée de fourrer des trucs coupants dans mes jambes, depuis toute petite j'ai eu recours à la douleur (me mordre, me foutre des coups) pour gérer l'anxiété, justement à cause de ca.
Niveau coordination, c'est MEGA LOL ! Je n'ai jamais été capable de faire une roulade, par exemple. Trop de trucs à coordonner, et je me retrouvais toujours (j'ai laché l'affaire depuis longtemps hein, bon, ne pas savoir faire des roulades n'est pas exactement capital dans ma vie !) en mode "pantin désarticulé", dans des positions improbables, mais en tous cas pas en train de faire une roulade digne de ce nom.
Niveau équilibre, c'est à peu près aussi mega lol que pour ce qui est de la coordination. Marcher sur un banc sans me casser la gueule ? Mmh... Ca demande pas mal de concentration, on va dire.
Niveau sensations physiques, par contre, y a des trucs tout bêtes qui sont à peu près insupportable pour moi. Exemple : avoir un truc qui me touche le cou. Ca me déclenche immédiatement des nausées. Aucune idée de pourquoi, mais c'est un fait. Col roulé ? On oublie l'idée. Echarpe ? Faut pas qu'elle soit directement autour de mon cou. Même un col pas roulé, mais qui remonte assez haut pour toucher la base de mon cou me fait cet effet là. C'est incontrôlable : si je m'obstine, je gerbe. A coup sur.
Certaines matières, certains sensations de frottement sur ma peau me rendent proprement dingue, faut que j'enlève ça à tout prix.
Certains bruits me sont totalement insupportables (genre les crissements de craie, ou tout bruit de frottement d'un truc dur sur du metal. Genre chez moi, le rebord des fenêtres est en métal. Quand mes chats courent là dessus et que leurs griffes frottent dessus, ca me force à changer de pièce, c'est pas supportable).
Je suis incapable de dormir sans avoir un truc lourd sur moi. Même si je crève de chaud, je DOIS dormir avec une couette, ou au moins une couverture assez lourde pour que je sente son poids. Tant pis si je crève de chaud et que je me réveille baignant dans ma sueur. Plus jeune, pour m'endormir, je devais coincer au moins un de mes membres (bras ou jambe) entre le matelas et le mur, ou sous le matelas. Sinon pas moyen de fermer un oeil.
Je DOIS me frotter les mains, ou les frotter contre un truc, pour ne pas avoir une sensation désagréable dans les paumes de mes mains, par moment. Sensation complètement weird, comme si la paume de mes mains avait un trou au milieu et que pour le combler je devais frotter.
Toute petite, je devais deja être dans cette recherche de sensations physiques, parce que j'avais un "doudou", un carré de tissus, que je passais des heures à secouer devant mon visage en le cognant contre ma joue et en disant répétitivement "koï koï koï". Le petit nom de mon doudou était donc devenu "mon koï koï" (et mon surnom à moi pour mon père aussi, d'ailleurs. Il m'appelait "koï koï"), et j'étais complètement paniquée si je ne l'avais pas (j'ai un souvenir assez vivace de mon entrée en école enfantine - l'équivalent de la maternelle) où je hurlais à la mort devant l'entrée de l'école parce que pour éviter que je "passe pour un bébé" ma mère m'avait fait laisser le koï koï à la maison, et que je hurlais "je peux pas être sans mon koï koï". Ma mère avait fini par aller le rechercher, sinon je pense que j'aurais fini par rendre sourde l'instit' à force de hurler ^^
Je n'ai clairement pas une notion exacte du positionnement de mon corps dans l'espace. Ce qui me vaut de fréquentes rencontres avec des coins de murs, de meubles, alors que pourtant, j'évaluais avoir largement la place de passer, ou en être vachement plus loin que ca.
'fin bref.
Je ne sais pas trop ce qui est "codé étrangement" dans mon cerveau, en tous cas c'est un truc qui a toujours été là manifestement.
Je m'en accomode, hein, mais pour ce qui est de ma maladresse chronique et massive, c'est des fois vachement handicapant. Genre enjoy la bonne impression quand à ta première journée d'un nouveau boulot, tu as dja pété une pile d'assiettes que tu tentais de transporter...
Du coup.. Est-ce que tout ce blabla parle à quelqu'un. Et est-ce que vous avez des pistes à me mettre sous la dent pour comprendre tout ca, et, au mieux, améliorer un peu ma conscience de mon corps et du coup diminuer son corolaire "maladresse massive" ? bonjour caramel je t'ai lue avec attention, et je tenais à te dire que je comprends tout-à-fait ce dont tu parles. Je me retrouve même tans dans tes descriptions que c'en est stupèfiant je n'avais encore jamais entendu parlé de quelqu'un qui soit comme moi à ce niveau, je me sens moins seule du coup...ce n'est pas enviable, c'est un fait, mais tu vois, tu n'es pas seule non plus^^ Par exemple, moi aussi, depuis ma petite-enfance, j'ai l'astuce (je l'avais inventée à l'ècole, un jour où on nous avait demandé quelle ètait la gauche et quelle était la droite) de faire bouger mes doigts-des deux mains-en faisant le geste, de l'index, de tracer des lettres; les lettres que je "vois" les moins maladroitement "tracées", ça veut dire que c'est ma main droite-oui, même maintenant Pareil aussi pour les gestes du quotidien, en pire peut-être: j'ai des gestes maladroits totalement involontaires, toute la journée, avec tous les incidents qui vont avec: objets qui m'échappent (ma mère me disait toujours avec agacement: "tu tiens rien dans tes mains, t'as des mains de bébé!"),, fourchettes, verres, tartines à table, produits de toilette, et autres trucs, avec tous les petits accidents qui vont avec. J'ai beau me concentrer, c'est comme si mes mains avaient une volonté propre, ou plutôt pas de volonté du tout... Pour la pile d'assiètes, tu me rappel quelque chose: une fois dans un petit boulot, j'ai failli en faire tomber une, et mon chef a lancé, d'un ton affollé, à un de mes collègues: "Ne lui confie jamais de choses qui peuvent se casser elle n'a pas le contrôle de ses mains!" Et autres maladresses: si j'essaie de "travailler "vite et bien", très vite mes gestes s'emmêlent, ça me demande beaucoup plus de temps et d'application qu'aux autres gens. Ca + mon côté "tête en l'air" a usé les nerfs de tous les hommes que j'ai aimés, même les plus patients disaient que je cassais tout, que j'oubliais tout etc c'est pourquoi je suis toujours angoissée lorsque je vais partager le quotidien de quelqu'un. A l'ècole j'ètais connue pour être très lente, un peu gauche, ce qui fait que pour mes camarades et même certains instituteurs, profs, j'ètais "une nouille", comme ils disaient, que c'ètait un manque d'intelligence... Quant on me regarde et que je dois prendre la parole, il faut que j'humidifie mes lèvres, puis que j'enlève "l'excèdant" d'humidité avec le pouce et l'index au coin de mes lèvres, ce genre de truc...mon copain me disait toujours: "Les gens ont les yeux braqués sur toi, ils attendent que tu ai un de tes TOCS, et après ils se foutent de toi." Entièrement vrai...et pareil que toi aussi: il faut que je dorme avec quelque chose sur moi, sinon je ne me sens pas en sécurité: à mon avis, on a besoin d'être comme dans un cocon, de nous sentir protègées, tu ne pense pas? Moi c'est la seule explication que j'ai trouvé. Le vrai problème, c'est que beaucoup de personnes ne cherchent pas au-delà des apparences, et que ces "maladresses" sont souvent vues comme un manque d'intelligence, alors que ça n'a strictement rien à voire...je ne sais pas ce qu'il en est pour toi exactement, mais moi c'est un sujet de plaisanterie pour autrui depuis toujours, que du coup on me prend pour une conne, quoi, et peut-être pire que ça. Curieusement, quant je parle (si je me concentre, en même temps, pour ne pas exprimer, en même temps, ma pensée par de grands gestes désordonnés), ou que j'ècris, en général on me trouve posée, et même intelligente, cultivée c'est tout ou rien lol ce qu'il y a, c'est que je suis plus intellectuelle que manuelle, comme si je n'avais rien laissé pour les gestes quotidiens Tout ça pour te dire que toi non plus tu n'es pas seule face à ces problèmes^^je ne sais pas à quoi c'est dû au juste, un disfonctionnement cognitif ou quelque chose comme ça, mais je m'y connais peu, comme un manque de coordination entre le corps et le cerveau...c'est d'autant plus inconfortable au quotidien que si on pardonne un peu à un enfant, il n'en vas pas de même pour des personnes de notre génération lol le pire c'est que les gens pensant que c'est "notre faute", qu'on n'a qu'à faire attention, ne sont pas rares, loin de là... En parler à un psy serait peut-être une bonne idée, moi je n'ai pas encore franchi le pas que faire, à part nous surveiller constamment?...Je n'ai pas la réponse, je voudrais bien. Mais dis-toi que ceux qui nous connaissent vraiment et nous aiment telles que nous sommes et pour ce que nous sommes savent bien que ça n'a rien à voire avec l'intelligence. Ce qu'il faudrait ce serait ignorer le plus possible l'opinion des cons-car ce sont eux, les cons!-même si ce n'est pas facile et toujours s'entourer des bonnes personnes. Oui, parler à quelqu'un qui s'y connais et est objectif par définition pourrait aider je pense... Il y a sûrement plus de personnes qu'on croit dans notre cas, et peut-être même que certaines ne se sont pas contentées de vivre avec, mais ont pus réduire ces problèmes (encore faudrait-il savoir comment...) comme des personnes ont pus surmonter un bégaiement; il en reste alors un petit quelque chose, mais vraiment peu, donc ça doit exister aussi | |
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Nombre de messages : 1250 Localisation : Canada Date d'inscription : 12/02/2012
| Sujet: Re: Conscience de mon corps Mer 29 Juil 2015 - 23:26 | |
| "Je DOIS me frotter les mains, ou les frotter contre un truc, pour ne pas avoir une sensation désagréable dans les paumes de mes mains, par moment. Sensation complètement weird, comme si la paume de mes mains avait un trou au milieu et que pour le combler je devais frotter."
Là-dedans, je peux te dire que je me reconnais clairement. ^^ Tout d'abord, parce que je ressens un trou, voire même une douleur, surtout lors de crises d'angoisse. Après, de manière générale, j'ai tendance à me frotter les mains assez couramment, avec l'autre main ou alors sur mes genoux.
Aussi, pour ce qui est de dormir collée entre le bord du matelas et le mur, dans la petite goulotte, là, je me reconnais aussi. Ça me rassure et ça me permet de me recentrer. Pareil pour les choses lourdes, mais personnellement c'est moins constant. Mais je sais que quand ça va pas ou quand je ressens des émotions intenses, j'ai besoin d'être serrée très fort/écrasée quelque part.Ça se caractérise par dormir ainsi, ou alors des énormes câlins ou encore de la strangulation.
Je me reconnais aussi plus ou moins pour ce qui est de l'AM, des moments où je ne gérais plus du tout mon corps, lors de crises d'angoisse ou d'absences durant lesquelles je me trouvais complètement hors de mon corps et de ma tête. Comme pour revenir sur terre, se recentrer, retrouver des sensations. Je dirais que ma tolérance à la douleur est elle aussi assez grande, mais tout de même pas autant que toi!
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