Après un grand verre d'alcool et une petite bière, me voilà enfin bien "détendue" pour sauter l'obstacle. Enfin bon, je suis seule, je communique derrière un écran, mais ça fait si longtemps que je n'ai pas communiqué que c'est déjà une épreuve en soi...
Nous sommes sur un forum d'automutilation, en conséquence, vous vous en doutez, j'en suis victime. Et auteure.
Depuis mes douze printemps.
Je sais pas pourquoi. Pas de chagrin d'amour, pas d'enfance malheureuse, des parents aimants, un corps en bonne santé, en bref, j'ai check tous les bons critère pour vivre une vie heureuse sans trop de soucis. Mais y'a quelque chose qui à foiré. J'ai absolument aucune idée de où, ni de quand ou de comment c'est arrivé. Mais c'est bien là. Cette présence obscure, ce poids constant sur mes épaules et cette lassitude...
J'ai peut-être été trop mature trop tôt. J'ai lu une étude comme quoi les enfants réglés plus vite avait ces tendances. J'en sais rien. Peut-être que j'ai zappé la partie "amusement" de l'adolescence, le coté social. Ou alors parce que finalement j'étais le mouton noir dans un troupeau bien blanc.
Non non, j'ai jamais été souffre douleur. J'avais même tendance à m'imposer, avec ma voix grave et mon caractère de chien. Alors pourquoi ?
Le pourquoi, qui revient. Qu'est-ce qui va pas chez moi ? Pourquoi les enfants s'amusent alors que moi je me posais déjà des questions de grands ? J'aurais grillé mon innocence trop tôt, comme un papillon de nuit qui se carbonise les ailes sur la lampe ?
Mais en bref, j'ai vite trouvé une échappatoire. Bien piège.
C'était surement juste un appel au secours, comme pour beaucoup.
Ma mère l'a vu assez vite, mais c'était superficiel, à tel point que j'en garde aucune trace. Elle ne s'en ai pas inquiété, ou qu'un peu. Après tout, il faut faire l’expérience de la vie, non ?
Elle m'a envoyé chez le psy, comme tout bon parent. Trois séances. Trois séances dans le silence. Elle parle ouvertement de mon AM, je me sens trahis, mais sans plus. On a pas de relation "fusionnelle" comme certains. Elle m'apprendra plus tard qu'il voulait m'interner. Elle a refuser, on en parle plus.
Les années ont passées, la passade, je m'en souviens à moitié, aussi.
Les années collège ont fait place à pire. Au lycée.
Alors que les autres fument en groupe, moi je me taillade dans l'ombre. De plus en plus violemment, avec haine. Envers moi, incapable d'aimer qui je suis, ce que je sais, ou ce en quoi je crois. Incapable de comprendre, tout simplement. Je me sens honteuse à l'idée que je suis dans l’incapacité pure et inéluctable d'aimer ma vie alors que tout est là pour que ça marche. J'en suis simplement indigne.
Le corps est capable de rejeter des organes. Et si l'esprit était capable de rejeter une âme ?
Je ne me supporte pas. Que ça soit le morceau de viande que je suis, ou mon tempérament. La dépression qui traîne depuis un certain moment déjà en seconde me tue vraiment. Je fais de la phobie scolaire. Je sèches les cours, j'ai plus d'un mois d'absence, mais malgré tout, je garde la tête hors de l'eau. Je "réussis" mes études sans grand plaisir, avec peu d'amis. Mais c'est voulu. Mieux vaut être seul (ou peu) que mal accompagné.
Mais c'est à double tranchant. J'ai absolument personne avec qui parler. Enfin si...une vieille connaissance sur internet, beaucoup plus âgé, avec qui je me confis et que je connais depuis plusieurs années. Il m'avouera son amour, sa gentillesse sans faille et son honnêté. Moi, jeune et immature, je met fin à cette relation qui commence à faire peur. Et pourtant, il n'y a pas plus cœur en cocholat que lui.
Et voilà une nouvelle raison, une incapable incapable d'aimer.
Mon unique échappatoire s'est donc envolé. Entre temps, mon père apprends la nouvelle...On va dire que les marques qui avaient besoin de points ne passent plus inaperçues.
Il le prends avec colère. Il se sent vexé, surement très perdu, mais il me fait encore plus culpabiliser. Je "n'ai pas de vrai problème." pas "d'impôts à payer" ou " d'enfants à nourrir." Oui, je sais. J'aimerai le dire, ou même le chuchoter, je sais tout ça. Mais je sais que je ne sais pas. Alors au lieu d'en parler, on oublit. Comme un pacte silencieux, on fait en sorte de le cacher, moi je maitrise à présent à merveille le maque "sourire, tout va bien dans ma vie" et je m'attaque à d'autre zones pour l'Am; là où il ne le verra pas.
J'ai mon bac, je quitte le lycée, la meilleure année de ma vie commence. Je suis entrée dans une grande école de 3D.
Mais très vite, ça tourne au vinaigre. Je n'ai que 4h de sommeil par nuit, 2h de train, 22 000 euros de dettes, et pas le talent. Je sombre assez vite, et malgré quelques succès, je n'y arrive plus. Tout ça me déplaît, malgré les amis, les déconnages, et les soirées. J'ai parfois envie de me jeter sur la ram du métro, le stress est insupportable.
Je rate mon année. Il n'y a pas de retour possible. De toute façon, je n'aurais pas continué. J'ai donc 7 000 euros dans la poire à rembourser, une année de rien. Je sais pas quoi faire, je suis perdue. J'ai pas d'argent, aucun amis, pas de passion, rien. Un grand rien.
Le vide.
Je culpabilise. Mes parents on payé la majorité des études, moi, j'ai pas été foutue de réussir. Je me sens mal. Après un an d'abstention, je replonge. Plus fort, encore et encore. J'alterne boulot comme caissière cette année et le rien. La glande. La solitude. Je suis seule chez moi. Seul mon chien me permet de rester un peu dans le monde des vivants. C'est con mais c'est ma seule copine, même si elle a pas beaucoup de répondant.
Je me met finalement un nouvel objectif en tête. Rentrer dans la police nationale. C'est couillon quand j'y pense. Qui voudrait d'une dépressive ? Je révise, je passe les QCM que...je loupe. À un point prés.
Ce sont des épreuves de tri, les 11 000 candidats doivent être trié et passé au broyeur par le hasard et/ou la chance. Je ne fais pas parti des élus.
Nouvelle raison de continuer. Je reprends la caisse. Le boulot me tue. Les gens sont chiants, le boulot est chiant, la vie est chiante.
Je suis actuellement au point zéro.
J'ai plus d'émotions.
Et j'ai rechuté après plusieurs mois d'arrêt. Et que je le fais, c'est avec un détachement soudain. C'est avec fascination que je regarde la plaie béante s'ouvrir sans se refermer. Je cherche profond, j'aime me faire saigner, mais toujours avec une fascination morbide et totalement déphasée.
Et avec du recul, ça me fait flipper.
Parce que je sais toujours pas pourquoi.
J'ai un frère, une soeur. Avec elle ça va mieux, mais on est pas copine. Mon frère, c'est pareil. Y'a pas que chez moi que ça a foiré. On est tous très distant, comme un pull en maille qu'on aurait trop porté.
Mais elle a eut une fille. Mes parents en sont fous. Je suis pas jalouse mais...Je hais les enfants. Et ça, ne n'ai pas un souci psy, je ne les supporte pas. Ça met encore un peu plus de distance.
Alors voilà. Je soigne mes plaies. Mais pas ma vie. J'ai pas d'envie suicidaires, non. J'ai économisé; je pars pour Firenze dans quelques jours. J'ai été accepté à la fac pour une licence en histoire de l'art, mais j'ai peur de ne pas réussir ça non plus. Je me bat à chaque fois pour me sortir de mes échecs, à chaque fois je fais des efforts pour recommencer. Mais un jour, je le sens, j'y arriverai plus. Alors que faire ?
Ce post c'est un tour d'horizon de ma vie, et en me relisant, je me rends compte que même si j'ai cherché à comprendre, je ne suis pas plus avancé. Je ne sais pas pourquoi je le fais. Je regrette toujours après, ça ne me détends pas. Mais je dois le faire.
Et si j'étais juste complètement folle ? Bipolaire ? Manïaco-dépressive ?
La solitude de me pèse même plus...Je me détache, comme si je devenais transparente au fond...
Je me suis lâchée pour ce post. J'en suis désolée. A ceux qui ont le courage de lire, ne me jugez pas trop durement. Comme je l'ai déjà dit, je culpabilise assez pour mes actes, et pour ce que je suis, ou ce que j'aurais dût être.
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