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| Un désespoir à double sens... | |
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Alptraumann
Nombre de messages : 34 Age : 32 Localisation : Dijon Date d'inscription : 04/08/2012
| Sujet: Un désespoir à double sens... Jeu 9 Aoû 2012 - 2:27 | |
| Le suicide, est une option qui m'a souvent accompagné ces dernières années. Et ce me fût, il faut bien l'admettre, une réelle façon de mieux supporter la vie que de me dire que je pouvais là faire cesser à tout moment. Cela l'a rendu moins hideuse et moins crasseuse, cette absurde existence. Aujourd'hui cependant, cette envie est plus difficilement contrôlable, et je n'en suis presque absolument plus maître -> j'ai de plus en plus de mal à contenir mes pulsions. Cela étant dit, je suis tombé l'autre jour sur un texte que j'ai trouvé d'une incroyable puissance et pertinence, et qui, soit dit en passant, explicitait formidablement mes propres considérations athéistes et matérialistes pour lesquelles je n'avais pas systématiquement des mots suffisamment appropriés pour me faire pleinement comprendre et ressentir ce qu'impliquait le fait de se suicider. Ce texte, cette "lettre sur les suicide à l'usage des vivants", je souhaite là poster ici, en espérant notamment, que cela puisse permettre à certains de méditer sur ce qu'implique le fait de supprimer sa vie. - lettre sur les suicides à l'usage des vivants:
Lecteur, je le sais, toi aussi tu as éprouvé le désir d'en finir. Ce désir, aujourd'hui tu le maudis ; mais tu crains peut-être que, demain, il agite à nouveau ton cœur et te séduise encore. Ou bien tu couves ce désir de mourir comme une braise sous la cendre, comme un trésor caché et inavouable, un ultime recours. Ou encore, ce désir ne t'est jamais venu à l'esprit, sauf dans des moments de crise extrême, où, soudain, il a surgi, terrifiant de réalité, presque invincible ; et tu t'es empressé de l'oublier, lui et son vertige, son attraction qui t'a semblé quasi irrésistible. Ou, encore, il a peut-être vogué vaguement à l'horizon de tes pensées, comme une rêverie lointaine et bénigne, qui concerne surtout les autres, ceux qui manquent de force, ceux qui n'ont pas, comme toi, une énergie capable de braver le danger, crois-tu. Si tu es dans ce cas, ne t'imagines pas étranger à cette tentation : si tu l'attribues à autrui, c'est peut-être afin de t'en défendre, de l'exorciser, la conjurer de rester éloignée de toi. Un jour, peut-être, elle t'assaillira. Lecteur, oui, je l'ai éprouvée comme toi, cette rêverie, je l'ai vue s'approcher de moi, cette tentation, se tortiller en volutes séduisantes, cligner de l'œil, dévoiler sa jambe parfaite pour franchir l'abyme, dérouler ses lourds tapis somptueux qui ne mènent nulle part ; et même parfois, j'ai senti son appel : elle était devenue un impérieux désir. Près d'un balcon, à côté d'un à pic, comme une aspiration, comme un fleuve magnétique m'attirant, m'enjoignant silencieusement de sauter dans le vide, telle la danseuse pâle et souriante qui ouvre lentement les bras, vers toi, pour commencer le bal, comme si j'avais déjà invisiblement consenti à cet événement qui scintille sous l'éclat de l'acte et qu'il n'était temps que de savoir à quel instant je décidais de ne plus me retenir. Oui, moi aussi, comme toi, j'ai ressenti cette attraction à laquelle la résistance est un moment incertain, tout se passant comme si presque rien, une plume dans une balance, un zéphyr sur une onde, un battement de cil, l'écoulement silencieux et tectonique d'un laps minuscule de temps, pouvait faire basculer d'un côté ou de l'autre, encore chez les vivants ou bien nulle part. J'ai vécu ce basculement sans y céder, quand il n'est encore qu'oscillation, suspension incertaine au bord du néant. J'entends tes doutes : ces formules sont dites du bord du repos retrouvé ; elles ne disent plus l'intensité si particulière, si rare, qui font la beauté noire et l'ombre moirée de ces moments-là. C'est vrai. Je n'y suis plus, au bord des lèvres du gouffre, pour le moment du moins. Quand tu sauras toi aussi - bien sûr c'est peut-être déjà ton cas - combien infinie est la vie humaine, combien est précieux le simple fait de regarder le ciel bleu, sentir le vent sur ses joues, écouter les oiseaux, ressentir sa respiration, vivre, et que rien ne vaut de détruire tout ça, alors tu éprouveras une indicible tristesse pour tous ceux qu'on a tués ou qui se sont tués, tous ceux qui sont morts trop tôt et pour de mauvaises raisons, et pour toi-même qui a failli un jour céder à cette chimère. Lecteur, le suicide séduit : il passe pour un acte, pour une délivrance voire une libération, enfin pour un repos. Ces trois erreurs sont bien difficiles à expliquer. À moins que, ô lecteur, nous fassions ensemble de ces instants si brusques des objets, oui, des objets de méditation ? De tous côtés des impératifs d'action nous submergent, sans doute afin de nous soulager de la difficile tâche d'exister ; peut-être que la tentation de mourir est un bras d'honneur à ces incessantes injonctions qui nous pressent d'être ceci, de faire cela, sans repos. Notre vie est une incessante trépidation, une vie d'esclave mais sans autre chaîne que celles dont nous avons accepté, à travers mille compromissions, d'être chargés, sans autre geôlier que nous-mêmes. Notre âme fatiguée ressent alors le désir d'une paix qu'elle croit obtenir par ce moyen ; bien sûr, penses-tu, le désir de mourir vient surtout du désespoir, d'une souffrance qui semble devenir insupportable. Oui, tu as raison : il y a là une force de vie, une espérance, une grandeur, mais mêlée à leur contraire. Seule la méditation peut extraire ces fragments de vie et de puissance de la tourbe de ces instants funèbres. Il faut penser l'énigme du suicide, ce mélange d'action et d'immanence, d'acte et de mort corporelle passive, de rêverie et d'agression physique d'un pauvre corps vivant qui se débat. Sans doute le suicidaire affirme sa puissance de vie en torturant et mutilant son corps qui le rattache à l'obscure légion de la vie. Par l'acte supposé courageux du suicide, il s'élève croit-il au-dessus de tous ceux qui restent et obtempèrent. Ce portrait majestueux, lecteur, il faut le compléter par l'image du cadavre en décomposition qui est la vérité du suicide. Un charnier et moins que le néant. Lecteur, ce qu'on appelle « suicide » est une ordure noire et dorée où sont mêlés des désirs légitimes, un fantôme de liberté, une expérience vivante et intense ainsi que des souffrances devenues indicibles, tout engluée d'erreurs et d'illusions. Mais nous ne voulons pas le savoir, nous voulons conserver cette possibilité sous notre main, cette croyance intacte, aussi fausse soit-elle. Oui, lecteur, mon ami : personne ne veut vraiment se suicider, tous ceux qui croient le vouloir désirent autre chose qu'ils s'imaginent illusoirement trouver dans l'acte vraisemblable de se donner, comme on dit là encore illusoirement, la mort. Le moment où la tentation de mourir culmine dans le désir de passer à la tentative est un lieu de jouissance mais aussi un piège. Sous le désir d'être mort, ils déplacent le désir de ne plus souffrir, le repos de l'âme ainsi que le dit la fable religieuse. Comme nous désirons tous qu'il y ait quelque chose après la mort, que cela ne soit pas l'effroyable néant impensable, total, absolu, qu'elle est, nous laissons faire. Oui, lecteur, toi aussi, n'est-ce pas, tu as envie de croire qu'il y a autre chose (peut-être même en es-tu convaincu) : les suicidés nous servent à rendre crédible cette croyance qui nous soulage de l'angoisse effroyable de devoir mourir un jour. Tout suicidaire rêve de se reposer et croit qu'il obtiendra ce repos en se donnant la mort ; mais si un cadavre se repose, alors il faut reconnaître qu'une motte de terre se repose. Parler des morts, revient à nier qu'ils le soient. Souhaiter le repos aux morts, un repos éternel, c'est faire mine de croire qu'ils sont toujours vivants, quoique sous une autre forme. Oui, lecteur, tu as deviné la suite : si nous ne cherchons pas à critiquer le suicide, si nous nous gardons de parler des suicidés, ce n'est pas par respect pour eux ou par sollicitude à l'égard de leurs proches, mais seulement afin de conserver intacte la croyance qu'un repos - une autre vie - est possible après la mort elle-même, c'est-à-dire qu'elle n'existe pas réellement. Le suicide n'est pas un acte de courage. Il est précisément la preuve de l'incapacité à regarder la mort en face, c'est-à-dire la vie elle-même. En croyant que celle-ci continue sans cesse, nous en ignorons la véritable nature, la finitude radicale. Je tremble chaque jour à la pensée de tous ceux, hommes et femmes, enfants ou adolescents, vieillards, qui, illusoirement se suicident sous l'empire de cette chimère, une duperie tenace qui n'est mystérieuse qu'à cause de l'obscurité où nous la laissons croître, tout se passant comme si nous y portions un infâme intérêt. Cette jouissance, où s'esquissent la figure si aimable de la liberté ainsi qu'un plaisir, le plaisir (fantasmé, impossible à anticiper) de mourir et tout à la fois de tuer le monde, où se dessine ce piège d'une illusion périlleuse et pourtant invisible, explorons-les, ensemble, toi et moi, lecteur, mon ami, tant que nous sommes vivants et tu l'es toujours, puisque tu tiens ce livre entre tes mains et que tu lis, dans un mélange d'indifférence et d'intérêt, ces lignes qui courent lentement d'une page à l'autre. Nous en discernerons la grandeur et nous en comprendrons la vanité. En effet, dans la tentation de mourir, s'entrelacent certes un plaisir réel et une forme effective de liberté, mais aussi plusieurs illusions, celle de croire que l'on peut jouir de ce plaisir, que l'on peut exercer réellement cette liberté, et qu'on peut profiter réellement de la puissance qu'on semble pouvoir toucher du doigt dans cette tentation lorsqu'on croit agir en passant à la tentative - car se suicider n'est pas agir mais faire semblant d'agir. Peut-être verra-t-on, autrement que dans des mots, dans la chair de la vie, que la puissance réellement acquise dans la tentation de détruire son corps, et, grâce à lui, croit-on, sa propre vie, soi-même en un mot, n'est disponible précisément qu'à ne pas passer à l'acte. Oui, ceux qui désirent mourir visent, sous ce mot vertigineux, un autre désir, celui de ne plus souffrir certes, mais aussi le désir d'être un autre, de mourir tels qu'ils sont et de renaître autrement. Loin d'être une fascination pour la mort, le désir de suicide est en réalité un amour excessif, insatiable, démesuré, de la vie et particulièrement de la mère. Or le temps de la vie charnelle est irréversible. Vouloir remonter en arrière ne peut être qu'une erreur, une parodie et une palinodie (qui serait comique si elle n'était mortelle), un chemin qui ne mène nulle part ; le rêve d'être un nouveau fœtus n'aboutit qu'à faire un cadavre de plus, c'est-à-dire un petit tas de déchets. Le désir d'être à nouveau l'enfant sans tache que nous avons été est le cœur véritable du désir de suicide ; cet enfant, apprenons à l'être même longtemps après la fin de l'enfance. Le suicide contient l'horreur d'être devenu un adulte, cet être qui a tué l'enfance ou qui l'a rendue impossible. Le suicide est une conduite magique : la croyance que tuer tout ce qui a flétri la vie, à commencer par soi-même, redonnera une nouvelle jeunesse. Depuis toujours, les humains ont désiré d'avoir une deuxième chance, une autre vie, voire plusieurs. Rien de plus séduisant que la métempsycose, cette migration de l'âme inaltérée à travers plusieurs corps. Le capitalisme moderne a repris cette figure en la convertissant en masse de marchandises dont l'abondante destruction permettrait de vivre plusieurs vies. Oui, lecteur, le suicide est une tentative d'inceste : nul ne peut revenir dans la terre natale, sauf à y rencontrer la négation de la vie. La vie est irréversible et unique. Il n'y a pas de continuité entre générations, pas de cycle, pas de répétition, pas de résurrection. Il faut donc non seulement apprendre à conserver l'enfance en soi, à perpétuer l'énergie de l'enfance, le don de s'émerveiller et la faculté de créer nativement, mais aussi remanier de fond en comble l'organisation et le déroulement de sa vie, éviter de la laisser s'enliser dans les routines, dans les mille esclavages qui en forment la texture quotidienne et, du coup, sont presque invisibles. Le charme du suicide tient à cette capacité qu'il a de tout changer brusquement, sans avoir à reconnaître que la détresse actuelle est issue d'innombrables petits renoncements et résignations, sans avoir à faire face à la complexité labyrinthique de la vie, à la nécessité de prévoir et d'anticiper non pas selon les exigences sociales mais en fonction d'un plaisir d'exister et de tenter d'obtenir, de temps à autres, des moments de joie. Oui, lecteur, qu'entends-tu par cette vie qu'il faut bien supporter et qu'il est tentant de détruire ? Cette vie mêlée, faite à la fois par les autres et par soi-même, indistinctement ? Le suicide répond aussi à l'exigence délirante de maîtrise de sa vie ou d'accomplissement, à l'espérance obligatoire de bonheur, la sempiternelle baliverne, qui nous mettent tous en échec. Avec le mythe du suicide, lecteur, ta vie, dont la maîtrise t'échappe, tout soudain, tu la prends en main et tu traces en elle une coupure bien nette, de sang et de mort. Refus apparent du monde, soumission plus radicale en réalité à sa loi d'airain : si tu as échoué, nous dit-elle, organise donc ton propre effacement. La dimension d'acte, certes factice, du suicide est la répétition ultime du culte extravagant de la maîtrise. Si l'on veut éviter de se tromper dans le bain glacial du suicide, il faut aussi apprendre à se laisser envahir par les choses, à se laisser déposséder, comme des enfants. Ô lecteur, non seulement le suicide est une erreur, un essaim d'illusions, mais il est un scandale, un piège terrifiant parce qu'efficace. Le piège qu'il recèle, et dont le mourant résolu ne peut pas sortir, parce qu'il n'a plus le temps de se rendre compte que c'en est un, ce piège n'est pas dû à la méchanceté humaine. Il tient à l'écartèlement universel entre la vie réelle, difficile et insaisissable, et la vie rêvée par les représentations sociales qui visent à en masquer la complexité en proposant des solutions toutes faites. Le suicide est aussi un des outils, un peu radical, de gestion sociale des humains. Lecteur, brisons ensemble la loi du silence qui protège la belle lèpre du suicide.
(Peut-être le contenu vous semblait-il évident cela étant, ou peut-être également le trouvez-vous contestable... Toujours est-il qu'il y a je trouve, largement matière à réflexion). Tout d'abord, je souhaite en tout cas saluer la remarquable honnêteté du message, qui ne prend pas les lecteurs, et plus particulièrement les lecteurs suicidant, pour des imbéciles. Nous ne retrouvons pas dans ce texte les sempiternels "ne mourrez pas, la vie est belle", "le bonheur est à portée de main" ou " les choses finissent toujours par s'arranger", formules que je trouve quant à moi vides de sens et qui me font/faisaient dire "si c'est là vôtre seul argument, qui d'ailleurs n'en est pas vraiment un et qui d'ailleurs est trompeur, et bien j'ai compris, il me faut mourir". En tout cas, alors que je voulais mourir par désespoir envers ce qu'est ma vie, la lucidité de ce texte(qui renforce mes considérations propres) me fait dire que peut-être, je vais finalement rester en vie par désespoir envers ce qu'est la mort. La "mort" que je considère d'ailleurs comme un terme hyperbolique pour désigner l'inexistence dans l'après-vie. En accord total avec le texte sur la question, je pense en effet que le fait de se tuer ne constitue rien d'autre que de se précipiter vers le néant d'avant sa naissance. Et je pense dans cette optique, qu'il ne faut rien en attendre, que la cessation de son existence n'apporte absolument rien, pas même un repos, pas même un soulagement d'une seconde. Il est, je trouve, en définitive assez déplorable que la mort ne puisse être ce duvet dans lequel on puisse se recroqueviller, et se reposer éternellement d'une vie éreintante. Toujours est-il que, malgré ces considérations, cette conviction que la mort n'est absolument rien, la tentation de me jeter dans le vide est grande en moi, et non sans rationaliser(en tout cas je crois être rationnel et j'essaie de l'être) , je ne peux m'empêcher de me dire que si devant moi, uniquement des souffrances m'attendent, ce que je présume, autant en finir tout de suite. Et c'est finalement la "préférence" du néant absolu sur l'enfer de toute une vie absurde. Bref, je dois dire que j'hésite... Et je si je suis encore en vie aujourd'hui, c'est avant tout par possibilité de jouir du choix entre les 2. Tant que je suis en vie, je peux choisir entre la vie et la mort (tout comme quand on a les cheveux longs, on peut choisir de les garder long ou des les avoir courts. Exemple en comparaison risible, je vous l'accorde largement). Il y a en tout cas de ma part un désespoir des 2 côtés, l'un envers ce qu'est la vie, l'autre envers ce qu'est la mort. Nous verrons lequel sera finalement le plus fort... D'autres partagent-ils ce dilemme? (Je tenais à préciser que l'intégralité du message provient d'un blog que je voulais au départ mettre en lien web. Mais, comme je suis nouveau sur ce forum, je me suis rendu compte qu'il aurait fallu que j'attende 7 jours, ce que je ne voulais pas, je l'ai donc mit en spoiler. Il faudra me le dire, si cela pose un problème. J'espère que non ) | |
| | | Wicked
Nombre de messages : 2946 Age : 35 Localisation : Saint Germain En Laye Date d'inscription : 31/07/2010
| Sujet: Re: Un désespoir à double sens... Jeu 9 Aoû 2012 - 9:18 | |
| Si tu veux éviter les problèmes de copyright/citer le blog où tu as trouvé le texte, donne le nom du blog. Pour en dire plus sur le texte, il faudrait que je le relise une deuxième fois, mais j'apprécie une chose, c'est qu'il n'utilise pas des clichés (même si le ton un peu ampoulé m'agace). | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un désespoir à double sens... Jeu 9 Aoû 2012 - 9:45 | |
| Je ne suis pas certain de cerner ce en quoi ta vie te désespère, concrètement. Philosopher, c'est bien, mais prendre les problèmes à bras le corps et un par un, c'est généralement plus efficace, pour parler pragmatique. Par ailleurs, et là c'est affaire de tempérament, mais je ne pense pas être sujet à un suicide "philosophique", mais bien dépendant de facteurs endo- ou exogènes, ou un mix des deux, mais fondé sur un seul raisonnement, je sais que ça n'arrivera pas. Ma vie n'est pas un essai ou un traité, j'ose espérer que la tienne non plus, tout amour que tu portes à la discipline. Je souhaitais revenir sur un passage : - Citation :
- Oui, lecteur, le suicide est une tentative d'inceste : nul ne peut revenir dans la terre natale, sauf à y rencontrer la négation de la vie. La vie est irréversible et unique. Il n'y a pas de continuité entre générations, pas de cycle, pas de répétition, pas de résurrection. Il faut donc non seulement apprendre à conserver l'enfance en soi, à perpétuer l'énergie de l'enfance, le don de s'émerveiller et la faculté de créer nativement, mais aussi remanier de fond en comble l'organisation et le déroulement de sa vie, éviter de la laisser s'enliser dans les routines, dans les mille esclavages qui en forment la texture quotidienne et, du coup, sont presque invisibles.
Franchement, si on en parlait avec des termes moins mélodramatiques, je trouve ça juste, et précisément assez encourageant. Ouais, c'est unique, et ? Tant mieux, non ? Les façons de gérer sa vie sont aussi nombreuses qu'il y a de personnes. Fais-en ce que tu veux, et à partir de là, les mille esclavages blablabla, à part concrètement la loi (parce que si tu commences à entreprendre un génocide, bah oui tu vas te retrouver au mitard), je ne vois pas trop ce qu'ils sont. Après tout, Diogène a décidé de vivre sa vie dans un tonneau, si c'est ton trip, go for it, c'est pas moi qui t'en empêcherais. J'ajouterais que c'est justement parce que c'est pas facile et "tout tracé" que c'est d'autant plus gratifiant, de soi à soi, d'arriver à y faire son trou, et trouver la place que tu y veux. C'mon, don't be a pussy. Pour ce qui est de la mort, j'ai une donnée qui influe sur ma réponse : je pense qu'il est bon de rappeler que nous sommes tous mortels (thank you Captain Obvious). Alors bon, de toute façon, entre tergiverser sur un choix ou vivre et mourir de toute façon, histoire d'avoir à son palmarès les deux "expériences" (même si le terme est mal choisi ici), et bien... le choix est pour ma part évident. De mon côté donc, pas (plus) de dilemne, la pensée de la possibilité du suicide est un confort mental, mais ça reste du vent, concrètement. Quand ça ne va pas, y'a l'énergie du désespoir, d'autres ressources insoupçonnées pour faire bouger l'environnement sur lequel j'ai directement prise. L'apathie, j'ai déjà donné, merci. |
| | | Chapelier
Nombre de messages : 3392 Date d'inscription : 18/10/2006
| Sujet: Re: Un désespoir à double sens... Jeu 9 Aoû 2012 - 11:33 | |
| Le texte est jolie et bien écrit, il dit des trucs pas cons et qui je pense doivent toucher un bon pourcentage de candidat au suicide. Je vois très bien le réconfort et le plaisir qu'on peut tirer de ce texte et je crois que si je l'avais lu il y a quelque années je me serais complétement retrouver dedans (enfin sauf certain partie spirituelle que je partage pas franchement mais passons). Aujourd'hui par contre, je me suis construit un vision du suicide beaucoup moins lyrique assez proche de celle de Poumon d'ailleurs, donc ce texte m'émeut beaucoup moins mais je crois qu'il pourrait faire réfléchir pas mal de monde (ou pas). | |
| | | Alptraumann
Nombre de messages : 34 Age : 32 Localisation : Dijon Date d'inscription : 04/08/2012
| Sujet: Re: Un désespoir à double sens... Jeu 9 Aoû 2012 - 13:40 | |
| - Wicked a écrit:
- Si tu veux éviter les problèmes de copyright/citer le blog où tu as trouvé le texte, donne le nom du blog.
OK - Poumon d'acier a écrit:
- Je ne suis pas certain de cerner ce en quoi ta vie te désespère, concrètement. Philosopher, c'est bien, mais prendre les problèmes à bras le corps et un par un, c'est généralement plus efficace, pour parler pragmatique.
Par ailleurs, et là c'est affaire de tempérament, mais je ne pense pas être sujet à un suicide "philosophique", mais bien dépendant de facteurs endo- ou exogènes, ou un mix des deux, mais fondé sur un seul raisonnement, je sais que ça n'arrivera pas. Ma vie n'est pas un essai ou un traité, j'ose espérer que la tienne non plus, tout amour que tu portes à la discipline. C'est vrai que je n'ai pas évoqué les raisons de mon dilemme, et donc, les raisons qui pourraient me conduire au suicide. Je tiens à dire que moi non plus, je ne pense pas être sujet à un suicide philosophique. Cela étant, la philosophie m'aide à trancher plus pertinemment entre la vie et la mort. Elle m'aide à peser le pour et le contre des 2 options, à rationaliser donc, c'est par conséquent un instrument et non une motivation, que de penser le suicide sous un angle que l'on peut qualifier de philosophique. Si je n'avais pas tenté de rationaliser, je pense que je me serais déjà suicidé à l'heure qu'il est. Je dois dire que la vie m'est difficilement supportable, particulièrement ces derniers temps. Je suis seul et j'en souffre. Je n'ai quasiment pas d'amis, je n'ai jamais eu de relation amoureuse. Le fait est que j'ai beaucoup de mal à établir des relations et que je supporte très mal les remarques désobligeantes à mon égards. Lorsque des gens me font des remarques, se moquent de moi, me critiquent, je met généralement des jours à m'en remettre. Et puis, j'ose d'autant moins aller vers les gens que j'ai l'impression qu'ils me détestent avant même de me connaître. Je n'arrive pas à me défaire de ce sentiment. En plus en ce moment, je suis complètement déboussolé, j'ai l'impression d'avoir perdu mon identité, ma personnalité, je ne sais pas qui je suis, je ne sais donc pas comment agir, parce que je ne sais plus ce que j'aime et ce que je n'aime pas, tout se mélange en une mélasse sans saveur. En plus j'ai 20 ans, je suis sensé être adulte, et je n'ai pas du tout la sensation de l'être, je n'arrive pas à endosser ce qui pourrait être mes responsabilités. J'ai l'impression que je n'ai cessé de souffrir durant toute ma vie et en vue de la rudesse du monde, j'ai le sentiment que mon avenir s'inscrira dans ce même chemin. Je me sens vulnérable et j'ai du mal à supporter toute chose, moi compris. Bref, j'ai l'impression qu'il n'y a aucune issue... - Poumon d'acier a écrit:
- Fais-en ce que tu veux, et à partir de là, les mille esclavages blablabla, à part concrètement la loi (parce que si tu commences à entreprendre un génocide, bah oui tu vas te retrouver au mitard), je ne vois pas trop ce qu'ils sont. Après tout, Diogène a décidé de vivre sa vie dans un tonneau, si c'est ton trip, go for it, c'est pas moi qui t'en empêcherais.
Après avoir briser en soi les éventuels conditionnements et déterminismes socio-culturels pouvant compromettre un plein accomplissement, il ne reste en effet que la loi comme entrave. Tant qu'elle garantit les droits fondamentaux de chacun et protège tout un chacun contre les autres, elle est fondé. On pourrait cela étant, pointer du doigts le système répressif qui interdit par exemple, le fait de pouvoir consommer de la drogue ou de travailler au noir. C'est là, je trouve, une contradiction face à l'idée que la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un désespoir à double sens... Jeu 9 Aoû 2012 - 15:05 | |
| - Alptraumann a écrit:
- Je dois dire que la vie m'est difficilement supportable, particulièrement ces derniers temps. Je suis seul et j'en souffre. Je n'ai quasiment pas d'amis, je n'ai jamais eu de relation amoureuse. Le fait est que j'ai beaucoup de mal à établir des relations et que je supporte très mal les remarques désobligeantes à mon égards. Lorsque des gens me font des remarques, se moquent de moi, me critiquent, je met généralement des jours à m'en remettre. Et puis, j'ose d'autant moins aller vers les gens que j'ai l'impression qu'ils me détestent avant même de me connaître. Je n'arrive pas à me défaire de ce sentiment.
En plus en ce moment, je suis complètement déboussolé, j'ai l'impression d'avoir perdu mon identité, ma personnalité, je ne sais pas qui je suis, je ne sais donc pas comment agir, parce que je ne sais plus ce que j'aime et ce que je n'aime pas, tout se mélange en une mélasse sans saveur. En plus j'ai 20 ans, je suis sensé être adulte, et je n'ai pas du tout la sensation de l'être, je n'arrive pas à endosser ce qui pourrait être mes responsabilités. J'ai l'impression que je n'ai cessé de souffrir durant toute ma vie et en vue de la rudesse du monde, j'ai le sentiment que mon avenir s'inscrira dans ce même chemin. Je me sens vulnérable et j'ai du mal à supporter toute chose, moi compris. Bref, j'ai l'impression qu'il n'y a aucune issue... Même si ça va probablement sonner comme un vieux poncif, ça, ça peut VRAIMENT s'arranger. Y'a pas de mode d'emploi, mais c'est déjà bien de reconnaître que tu n'es pas un animal solitaire et de te construire une carapace en proclamant que tu n'as que faire du regard des autres. C'est un piège "courant". Envie de te dire qu'à 20 ans, c'est plutôt normal de se sentir en transition, on ne devient pas adulte par magie à une date anniversaire, c'est un process qui dure, et s'inscrit dans la durée. A toi de voir à quel rythme tu veux avancer avec ça, ceci en tenant compte de tes atouts et limites (autant être réaliste et ne pas se mettre tout seul en échec ou au contraire, se rouler en boule dans du coton). Tu souffres ? Tu trouves ça cruel ? C'est la vie. Mais toute souffrance étant par essence relative, si elle te paraît intense, c'est qu'il y a nécessairement un contrepoint. Alors après, tu peux voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Mais l'auto-persuasion a un réel pouvoir sur ta "philosophie de vie" aussi... Après, tu peux aussi "travailler" sur cette souffrance. En quoi la solitude est-elle dérangeante pour toi ? Penses-tu avoir quelque chose à prouver aux autres ? A toi-même ? T'enfermer dans la philosophie ne casse-t-il pas une certaine spontanéité qui met une barrière entre toi et les autres en te blindant derrière une réflexion un peu trop "verbeuse" ? Si tu cherches à éviter les remarques, ne fais-tu pas tout "pour plaire" au risque de te perdre, ce pourquoi tu aurais du mal à te situer ? (questions sans à-priori, à prendre comme telles, non comme "agressives", je n'en sais rien, seul toi peux nous le dire) - Alptraumann a écrit:
- Après avoir briser en soi les éventuels conditionnements et déterminismes socio-culturels pouvant compromettre un plein accomplissement, il ne reste en effet que la loi comme entrave. Tant qu'elle garantit les droits fondamentaux de chacun et protège tout un chacun contre les autres, elle est fondé. On pourrait cela étant, pointer du doigts le système répressif qui interdit par exemple, le fait de pouvoir consommer de la drogue ou de travailler au noir. C'est là, je trouve, une contradiction face à l'idée que la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.
Je trouve semi-contradictoire ton histoire de déterminisme et conditionnement, puisque ce qui te fait souffrir semble assez conforme auxdits conditionnements, et "conventionnel". Quant à tes exemples, du mal à déceler leur pertinence, en toute honnêteté... Quel rapport ? On pourrait partir en HS sur ces questions, mais vraiment l'impression que ça desservirait le fondement de ton sujet. |
| | | Alptraumann
Nombre de messages : 34 Age : 32 Localisation : Dijon Date d'inscription : 04/08/2012
| Sujet: Re: Un désespoir à double sens... Ven 10 Aoû 2012 - 2:08 | |
| - Poumon d'acier a écrit:
- Envie de te dire qu'à 20 ans, c'est plutôt normal de se sentir en transition, on ne devient pas adulte par magie à une date anniversaire, c'est un process qui dure, et s'inscrit dans la durée.
Oui mais, tout de même, ma période d'adolescence est maintenant achevé... - Poumon d'acier a écrit:
- En quoi la solitude est-elle dérangeante pour toi ? Penses-tu avoir quelque chose à prouver aux autres ? A toi-même ?
Je dirais que, j'ai envie d'aimer et de me faire aimer. Pour la joie et le bien être que cela procure. J'ai envie de me sentir complice avec des personnes, j'ai envie d'appartenir à un groupe, un groupe dans lequel je pourrais laisser libre court à ma spontanéité et dans lequel on ne se moquerait pas de moi pour autant. Je voudrais qu'on m'estime, parce qu'elle est assez faible, mon estime de moi. Et je crois que d'une certaine façon, l'am m'aide à combler un vide affectif. C'est comme ça que je le ressens en tout cas. - Poumon d'acier a écrit:
- T'enfermer dans la philosophie ne casse-t-il pas une certaine spontanéité qui met une barrière entre toi et les autres en te blindant derrière une réflexion un peu trop "verbeuse" ?
La philosophie m'a permit de briser en moi bien des conditionnements, de faire s'effondrer les murs de bien des cellules. Mais il est possible qu'elle en soit une nouvelle au final, et qu'elle soit hélas, quelque peu rédhibitoire à l'action. Mais toujours est-il que la philosophie me semble être une libération face à la déraison et aux déterminismes socio-culturels. - Poumon d'acier a écrit:
- Si tu cherches à éviter les remarques, ne fais-tu pas tout "pour plaire" au risque de te perdre, ce pourquoi tu aurais du mal à te situer ?
Je n'irais pas jusqu'à dire que je fais tout pour plaire, mais je fais tout pour ne pas déplaire en tout cas. C'est d'autant plus le cas lorsque je suis face à des personnes par lesquelles j'ai envie de me faire apprécier. C'est là un dilemme, car c'est face aux personnes par lesquelles je voudrais me faire apprécier que j'arrive le moins à être moi-même. Le jugement des personnes par lesquelles je n'ai pas spécialement envie de me faire apprécier m'importe un peu moins( bien qu'ils soit quand même douloureux) et je suis alors un peu plus spontanée.Mais globalement, j'ai peur que l'on me déteste ou que l'on me méprise. Le fait que j'ai du mal à me situer vient plutôt du fait que mon esprit s'est un peu cassé la gueule il y a 2 ans, je crois avoir été dans un état s'apparentant un peu à la dépersonnalisation et déréalisation, et c'est depuis ce temps que je suis un peu déboussolé me concernant. - Poumon d'acier a écrit:
- (questions sans à-priori, à prendre comme telles, non comme "agressives", je n'en sais rien, seul toi peux nous le dire)
Oui oui, pas de problème, je l'ai compris. ^^[/quote] - Poumon d'acier a écrit:
- Quant à tes exemples, du mal à déceler leur pertinence, en toute honnêteté... Quel rapport ?
Et bien, une répression représente une entrave à ma liberté d'action et par conséquent, une barrière au fait de pouvoir mener ma vie comme je l'entends. Dans les pays comme la france cette répression reste bénigne, mais plus elle est forte, moins on peut contrôler sa vie. A défaut de vouloir contrôler sa vie, on peut vouloir contrôler sa mort en se la donnant. | |
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