Etat des lieux

Je me suis inscrit ici il y a quelques heures, sur un coup de tête/panique, puis j'ai pris le temps de réfléchir un peu sur ce que j'attendais (et j'en ai profité pour aller me balader un peu sur tous les forums). J'aimerais donc faire une sorte d'état des lieux avec vous, de manière factuelle et neutre afin de voir ce qui pourrait en ressortir.

Pour commencer, je dirais tout d'abord que ma vie a toujours été tranquille, je n'ai jamais eu à faire face à de vrai gros traumatisme, ma famille même sans rouler sur l'or, se débrouille financièrement, mes parents ont toujours été présents sans être envahissants, mes études se sont déroulées sans anicroche et ce sans bosser comme un fou, bref en résumé, tout devrait aller bien, sauf que ça n'est pas le cas (et que ça ne l'a jamais vraiment été).


Ce qui me définit le mieux c'est: "j'attends juste que la vie passe, je n'ai aucune emprise sur elle ni elle sur moi et ça a toujours été le cas, aussi loin que je me souvienne"
J'ai un peu de mal à mettre des mots sur le concept, même si ça me semble très clair. En gros, je suis émotionellement mort et je passe mon temps à attendre la suite => je n'ai jamais eu d'ami (au sens profond du terme, j'ai toujours eu pas mal de connaissances, je suis assez sociables même si je parle assez peu), mes relations amoureuses n'en n'ont jamais été (je ne me suis jamais senti impliqué niveau émotionnel), aucune passion ne m'a vraiment scotché plus de quelques semaines (même si j'ai toujours persévéré jusqu'au terme de tout mes engagements)

En fait, je m'ennuie en permanence, jusqu'à ce que je trouve un nouveau truc qui m'emballe pour quelques jours et que je pratique alors quasiment h24.

Et ça remonte à loin, plus jeune (au collège), je passais mon temps à écouter en boucle france info pendant des heures tout en gobant des miel pops. Sauf quand j'avais un nouveau bouquin, que je lisais immédiatement de A à Z. J'ai alors commencé l'AM, d'abord inconsciemment (en me rongeant très exessivement les doigts) puis avec divers instruments, en me limitant toujours aux ongles et à leur périphérie, pour éviter toute question embarrassante. ça a duré ainsi jusqu'à la fin de mon lycée. J'ai alors commencé mes études post bac, l'ennui a continué (alors que j'avais choisi ma filière et qu'elle me plaisait). J'ai commencé à faire des insomnies, j'ai alors meublé mes nuits avec des jeux en lignes et des séances d'AM. Il y a 3 ans, j'ai quitté la maison familiale direction Nancy et là ça a continué, maintenant je navigue d'addiction en addiction, toutes sur des laps de temps très courts mais très intenses et je ne fais que ça tant que ça n'est pas "fini" (toutes les saisons d'une série à la suite sans dormir, tous les films d'un réalisateur, un jeu vidéo terminé d'une seule traite, tous les articles d'un portail de wikipédia etc etc) tout en doublant ça de comportements peu sains (détournements médicamenteux, alcool, mon sol me sert de poubelle géante, privation volontaire de sommeil, rapport délicat avec la nourriture) et en continuant l'AM de manière toujours plus dure et plus fréquemment que jamais.
Globalement, j'ai toujours géré cette situation sur le moyen terme (que ce soit au niveau social, scolaire, parental et même individuel: m'ennuyer ne me dérangeait pas plus que ça et faire semblant d'aller bien/ de faire bonne figure est devenu une seconde nature) même s'il m'est arrivé d'avoir quelques couacs à court terme (projets rendus avec quelques jours de retards, quelques partiels révisés à l'arrache, deux/trois soirées ou j'étais sensé aller qui sautent) mais rien de bien méchant.

Le pépin, c'est que plus le temps passe et plus je m'ennuie de m'ennuyer: j'ai de plus en plus de mal à "faire semblant" (que je suis bien, que j'apprécie vraiment les gens, que mes études me plaisent etc etc) et depuis quelques mois, je suis toujours plus près de la vérité dans ce que je raconte, dans ce que je fais => les gens ne comprennent pas, jugent, sanctionnent (effet de groupe tout ça) et même si ça ne me touche pas du tout, je me replie de plus en plus, sors de moins en moins, bref je manifeste réellement mon ennui et comme il faut bien occuper mes journées, je m'AM quasiment tous les jours depuis 2 semaines, je ne sors plus du tout depuis 10 jours, je ne parle plus, je vis bouclé entre 4 murs. Et aujourd'hui, en m'AM, je me suis rendu compte que je n'avais plus mal du tout (alors que c'est la seule chose que je recherche dans l'AM, ressentir mon corps qui me réponds quand mes émotions ne répondent pas à des situations qui devraient me faire réagir) => grosse perplexité, et donc j'ai continué, continué continué et la douleur n'est pas venue => je suis allé cherché sur le net pour voir si quelqu'un avait déjà ressenti ça => j'ai débarqué ici par hasard. Puis finalement, je me suis dit qu'un bon gros déballage me permettrait de mettre des mots sur des choses que je n'ai jamais partagées (et je n'ai personne IRL pour les partager, je me vois pas mettre ça sur le dos de ma soeur, et même si je ne crains pas la réaction de mes parents, je n'ai pas envie de leur en parler à eux, même s'ils savent que je suis "globalement" pas bien)


Merci pour votre lecture

PS: oui j'ai été voir des paquets de psy-chiatres/cologues, mais je n'ai jamais réussi à accrocher réellement avec un... (la phrase qui suit est un pur jugement personnel, je suppose que c'était plus mon ressenti que la réalité, tout du moins je l'espère) Entre ceux qui ne comprenaient pas, ceux qui voulaient à tout prix me caser dans un de leur "schémas logiques", ceux que je menais en bateau parce que c'était "marrant" et que ça m'occupait, je n'ai jamais vraiment trouvé mon bonheur et la seule chose qu'ils m'ont apporté c'est des ordonnances à détourner