Ma fille se détruit

Bonjour,

Quel âge a ta fille ?

Je suis moi-même passée par l'automutilation, j'imagine ce que tu peux vivre en tant que parent.

L'automutilation et les autres comportements que tu observes chez ta fille sont sans doute des signes d'un mal-être et il est important de l'aider à s'exprimer là-dessus pour cerner où est le problème et réfléchir à quoi faire pour aller mieux. Son but n'est peut-être pas de "se détruire". Chaque personne ayant recours à l'automutilation ne le fait pas pour les mêmes causes, ni pour obtenir les mêmes effets, consciemment et inconsciemment, le seul élément commun est de l'ordre d'une réaction, faute de mieux, à la douleur psychique (je ne parle pas des personnes qui se scarifient pour l'expérience corporelle particulière ou l'esthétisme).

Demander de l'aide professionnelle en passant par un psy est une bonne façon de proposer à ta fille de se confier. Dans quel cadre a-t-elle vu cette psychologue (libéral ? CMP ?), que lui a t-elle dit de faux et d'irresponsable ? Tous les professionnels psy (psychologues, psychiatres, psychothérapeutes) n'ont pas la même façon d'aborder leurs patients, je pense qu'il ne faut pas se décourager et lui proposer à nouveau en l'informant des différentes possibilités.

Pour ses plaies, il serait étonnant qu'elle se soit recousue seule, elle a peut-être vu une infirmière ou un médecin scolaire, ou elle est passée par un service de santé.

En ce qui te concerne, je pense qu'il est important que tu restes ouverte à la discussion, sans la forcer, que tu lui exprimes ton désarroi, ton incompréhension et ton inquiétude sans la culpabiliser, en lui proposant de parler avec toi de ce qui ne va pas, que tu l'assures de ton amour et de ton soutien, notamment dans ses démarches de soin.
Les rares réactions de mes parents se sont faites sous le registre de la colère, de la culpabilisation et de la panique (ce que je comprends très bien, il est difficile de réagir autrement quand on est sous le choc) et ça ne m'a pas vraiment aidée sur le coup en ce qui concerne l'automutilation.

En tous cas, je trouve que tu as une bonne réaction en venant demander un coup de main sur ce forum.

Présenté ainsi, ce qu'a dit la psychologue à ta fille est effectivement étrange.
Il se peut aussi que ce soit une façon détournée de l'interroger, pour avoir une idée de ce que ta fille pense réellement d'elle-même.

Le conseil donné sur un forum de confisquer les outils n'est à mon sens pas forcément judicieux. Généralement, si le besoin de se faire mal est là, plus fort que la capacité à l'endiguer et que la capacité à envisager un autre moyen moins destructeur pour faire cesser l'angoisse, la douleur psychique, le sentiment de vide, etc... bref, tout état d'esprit ou émotion qui peuvent déclencher un comportement d'automutilation, on peut toujours trouver le moyen de se faire mal.
En ce qui me concerne, garder un outil à proximité m'a aidé à mieux gérer mes envies d'automutilation. C'était une sorte de sécurité : si j'en avais besoin pour m'aider à maîtriser mes émotions, c'était là, pas besoin d'ajouter de l'angoisse en recherchant un nouveau moyen de me faire du mal. Bien entendu, c'est un apaisement dans mes relations, dans ma situation familiale, amoureuse, scolaire (j'avais pas mal de soucis à l'époque) ainsi qu'un travail sur moi-même qui m'a permis de cesser de m'automutiler, puis d'avoir envie de le faire. Le rejet des objets que j'utilisais pour ça est venu bien après.

D'après ce que tu me décris, je remarque que ta fille a beaucoup de mal à s'exprimer. Et pourtant, le gros du travail passe justement par le fait de pouvoir s'exprimer pour identifier où se trouve le fond du problème et élaborer dessus.
La parole n'est pas le seul médium. Pour ma part, je n'arrivais pas à dire ce que je ressentais, j'étais comme pétrifiée et incapable d'ouvrir la bouche devant quelqu'un. Passer par l'écrit m'a beaucoup aidée, que ce soit pour expliquer à d'autres mes ressentis, dire quelque chose d'important, réfléchir à moi-même et à mes comportements, extérioriser, créer un monde où je me sentais mieux, communiquer avec d'autres.

Comment réagit ta fille lorsque tu l'emmènes voir le médecin ou le psy ? Ces rendez-vous sont-ils à son initiative ?
Apparemment, elle ne dit rien, c'est toi qui réponds à sa place. Comment vit-elle cela ?
Pour moi, ça a été un gros problème.
Je suis aussi passée par des rendez-vous chez des médecins où ma mère parlait à ma place. Je comprends totalement son attitude guidée par le besoin et l'urgence de faire quelque chose et je ne prétends pas que je ferais autrement si j'étais mère d'un enfant qui s'automutile, cependant, j'ai vraiment vécu ces entretiens comme une humiliation et une confiscation de ma parole, ce qui m'a amenée à ne plus faire confiance à personne et à considérer qu'aucun membre de mon entourage ou d'un corps professionnel ne pouvait faire preuve d'écoute. J'ai évolué et suis parvenue à aller me confier à des infirmières scolaires.

À mon sens, il faut vraiment qu'elle puisse trouver un espace où elle peut s'exprimer par elle-même. Que ce soit en parlant ou en écrivant pour elle-même ou pour d'autres, ou pratiquant d'autres activités d'expression, en allant voir un professionnel avec qui elle se sentira en confiance (il fait parfois plusieurs essais pour trouver le bon ou trouver la structure la plus adaptée). Est-ce qu'elle connaît ce forum, ou d'autres ? Ça peut être un bon moyen pour elle d'échanger avec des personnes vivant ou ayant vécu des choses approchant ce qu'elle vit aujourd'hui.