Il part pour cinq mois dans une semaine et il me déteste...

Et c'est de ma faute. Parce que depuis toujours je le pousse à cela. Parce que je ne suis pas une bonne amie, que je ne sais pas garder un ami. Parce que je me lasse, parce que je ne fais pas confiance. Parce que je ne supporte pas de ne pas contrôler et que donc, je préfère détruire moi même avant que ça foire. Ça fait cinq ans que régulièrement, je tente de provoquer une dispute et que lui, pour l'éviter, se contente de me mettre sur liste rejet en attendant le lendemain que ce soit passer. Cinq ans qu'il me ramasse à la petite cuiller, qu'il tente de me prouver qu'il ne s'en ira pas, qu'il sait que je fais exprès et qu'il ne veut pas jouer au même jeu que moi. Et cinq ans que je continue à le faire chier joyeusement.

Y a quinze jours, quand il m'a envoyé péter, j'en étais presque satisfaite, j'avais gagné. Puis j'étais rassurée (au moins, je ne souffrirais pas durant ses cinq mois en Belgique, ni même à son retour, quand je me rendrais compte qu'il m'avait oublié...) Mais plus le temps passe, plus je me rends compte de l'importance qu'il avait dans ma vie : Fin', je le savais déjà, c'est en partie pour ça que je l'ai jarté : je casse toujours mes beaux châteaux de sable avant que le vent s'en charge ! (Pourtant, Dieu sait que je galère à construire des châteaux de sable qui tiennent la route...) Mais là, il est vraiment plus là et c'est la seule personne que j'aurais envie d'appeler. Il m'a dit qu'il partait samedi, j'y ai dis que je j'étais contente pour lui mais qu'il allait me manquer, il n'a pas répondu alors voilà que j'y ai ressorti une autre phrase provocante et agressive : "Au moins, tu pourras dormir en paix !" (Parce que bien sûr, je trouve plus marrant d'y péter mes crises à une heure du matin la veille de ses partiels, qu'en pleine journée pendant les vacances...)

Je m'en veux et je me sens mal parce que je ne sais pas quoi dire, quoi lui dire, quoi en dire... Ramper à ses pieds pour qu'il me pardonne et oublie, alors que c'est moi qui est tout fait pour le virer ? Non. M'en plaindre et y reprocher d'être rancunier alors qu'il en chie depuis cinq ans à cause de moi ? Non. Me plaindre alors que je n'ai eu que ce que je méritais et pire encore, ce que j'ai voulu ? Non plus.

L'ennuie, c'est que c'est pas non plus entièrement ce que j'ai voulu... En gros, j'ai joué et j'ai gagné, mais contre la personne contre qui j'aurais souhaiter perdre jusqu'au restant de mes jours. Je m'en veux parce que "On ne joue pas avec les gens !" Mais que je ne peux pas m'empêcher de jouer : Tenter de détruire, voir jusqu'où je peux aller avant de les blesser, avant qu'ils m'en veuillent, me fuient, m'abandonnent...

J'ai peur qu'ils m'abandonnent. Puis en les détruisant, c'est plus notre relation et surtout moi-même que je veux détruire... Le problème, c'est que ça me rend salope, garce et tutti quanti, qu'obligatoirement, ça fini toujours par se terminer avec un : "Et alors quoi ? Sous prétexte que c'est toi, je devrais accepter de me faire insulter et de ne pas dormir de la nuit ?!" Et qu’immanquablement, c'est moi qui fini par me retrouver toute seule et chialer comme une grosse merde.

Quand ce sont des gens lambda, ça me pose pas vraiment de problèmes... Mais là, c'est mon meilleur ami, une des seules personnes qui comptent vraiment et pour qui j'ai essayé de faire des efforts (c'est la première fois que je garde la même proximité avec la même personne pendant aussi longtemps...) Mais c'est pas assez et j'aimerais vraiment arriver à faire mieux. Parce que j’y tiens et qu’il mérite mieux. Puis aussi, parce que je ne vais pas pouvoir passer ma vie à rouler sur mes châteaux de sable...

J'aime pas les gens. Je sais pas faire et j'aime pas ne pas savoir. Je veux apprendre. J'en ai marre de me trainer cette image de garce égoïste, méchante, hautaine, intolérante et associable. Je suis pas comme ça. C'est juste que c'est ce qui marche le mieux pour jarter les gens afin de pouvoir patauger joyeusement dans la merde ensuite...

Merci. C'est "plaisant" d'entendre que quelqu'un comprend... Ca change des "Tu l'as cherché !" ; "En même temps, tu t'attendais à quoi ?!" Et tout ça quoi...

Je sais que je vais devoir me bouger, mon soucis, c'est plutôt comment... Y écrire, ouais, mais le problème, c'est qu'en cinq ans, toutes ces choses, j'y ai déjà dites ou il a eu le temps de les découvrir de lui même... Alors y écrire ça, ça ne rajouterait pas un mélo chiant à une liste qui déborde déjà ?

Puis y a le laps de temps aussi, y part samedi, jusqu'en juillet, c'est pas dit qu'il est internet tout de suite là bas et tout...

En te lisant, j'ai pensé : "Aller en Belgique si pas trouver autre chose d'ici son retour !" Mais ça me paraît WTFesque... Surtout que je suis vraiment pas sûre qu'il apprécie... D'autant que je ne peux pas aller en Belgique seule et que mes parents n'accepteront jamais de m'y emmener puisque il vont déjà en Belgique fin Juillet (y sera déjà rentré à cette date...)

Je pense que je vais essayer le mail, en prenant le temps faire un truc qui sonne pas trop "Mélo de l'arapède chiante"...

Merci beaucoup !

Ouais, t'as sûrement raison... Merci.
Un mail qui ressemble à mon post ou autre chose ? Avant ou après qu'il soit parti ?

Je vois à peu près comment réparer : m'excuser, m'expliquer, profiter de son absence pour y laisser de l'espace, essayer de prendre moins de place, si un texto à l'air foireux, attendre le lendemain pour l'envoyer, finalement me rendre compte qu'il est vraiment foireux et ne pas l'envoyer.

Mais au quotidien y a toujours un moment où ça foire, parce que je suis trop fatiguée, trop angoissée, que j'ai trop pas le moral... Honnêtement, je vois mal y dire un truc genre "J'te jureuh, je recommencerai plus JA-MAIS !" Faire très attention, encore plus que d'habitude, oui bien sûr... Mais ça suffira surement pas...

Suis vraiment une connasse égoïste...

Des SMS de plus de trois mots ! Des SMS tout court en fait !

Bon c'est vrai, qui l'est ni bavard, ni démonstratif et que c'est souvent moi qui démarre les conversations... Mais là, c'est juste... Pire que l'âge de glace ! Déjà que j'avais peur qu'il ne revienne pas vraiment, me dit que s'il part alors qu'il est déjà plus vraiment là, il ne reviendra carrément pas.

Alors ouais, je veux bien faire des efforts pour en attendre moins, mais plus rien...

Du coup, je pense que je vais faire ça avant qu'il parte.

Merci.

Ça vous semble correct, ça ?

Citation :

Salut,

On arrive pas à discuter par textos, en chialant sur ton répondeur, ça fait Mélo, alors j'ai décidé de te faire un mail.

Pas tant pour qu'on se réconcilie et que tout redevienne comme avant. Mais plus pour que tu partes sans m'en vouloir.
J'ai pas envie que tout redevienne comme avant justement, je voudrais changé, devenir une bonne amie.

On en a déjà parlé cinquante six mille fois, donc je vais pas t'expliquer par a + b le pourquoi du comment de mes réactions à la con : peur de l'abandon, pas confiance, contrôle, je crois que tu maitrises depuis cinq ans que s'est la même rengaine...

Je voulais seulement te dire que j'allais essayer de changer. Fin', j'essaie déjà, mais ça se voit pas vraiment, du coup, je vais essayer mieux. Je sais déjà comment m'y prendre : moins en faire, prendre moins de place, relire plusieurs fois un SMS avant de te l'envoyer, quand il me parait foireux, attendre le lendemain, le relire et s'il parait toujours aussi foireux, l'effacer, en attendre moins de toi...

Je te promets pas que ça marchera à chaque fois, seulement que je vais essayer plus souvent. Parce que je peux pas me permettre de te pourrir la vie et de revenir comme une fleur le lendemain sous prétexte que : "De toute façon, c'est pas grave, si je le gonfle trop, il me mettra sur liste rejet et reviendra plus tard." D'ailleurs, quand je te fais chier, me met plus sur liste rejet, dis moi que je te fais chier, sinon, c'est trop facile. Parce que je sais qu'un jour tu ne reviendra pas et ça me ferait vraiment chier.

Parce que t'es la seule personne pour qui j'ai envie de faire des efforts. La preuve étant qu'on se connait depuis que j'ai six ans et qu'on est amis depuis que j'en ai douze et que c'est la première fois que je reste amie avec quelqu'un aussi longtemps . Certes, t'y a beaucoup contribuer, mais je pense y être pour un petit quelque chose aussi. Parce que dans le cas contraire, je vois vraiment pas pourquoi tu te serais casser le cul à rester.

Je vais pas faire plus long, d'après Amélie Nothomb, les missives longues sont ennuyeuses. Vu que ça commence déjà à devenir un peu long, faudrait quand même pas que tu t'endormes devant l'écran...

Je sais pas si on aura le temps de beaucoup se parler d'ici ton départ, du coup, je te souhaite de passer de bons moments en Belgique et d'oublier les merdes d'ici.

Pense à m'envoyer quelques frites à l'occaz !

Il est connecté sur Skype. J'ai essayé d'y parler. Ca a pas dépassé cinq mots, l'était en train de jouer, je le laisse. Je sais pas s'il a lu le mail. J'ose pas demandé.

Ce que je comptais faire... Il m'a enseigné le concept "Ne pas déranger un geek qui joue !" il y a longtemps et j'ai retenu...

Ouais, effectivement, je sais déjà tout ça, mais c'est pas forcément useless pour autant. Je me sens un peu merdique, grâce, salope et tutti quanti de savoir que je suis pas la seule à créer dans des situations de merde.

Du temps, ouais. Sauf que, je sais pas, j'ai comme l'impression qu'une fois qu'il sera parti, ce sera trop tard pour espérer une quelconque "réparation" et qu'il part dans deux jours.

C'est pas non plus un drame, au contraire, ne pas avoir de meilleur ami, ne me donne personne à détruire... Y aura plus de risque. C'est la dernière fois avant longtemps que je ferais chialer ou chialerai pour quelqu'un comme ça.

Toute façon, j'ai que ce que je mérite, je savais que sur cette lancée, ça se terminerait comme ça un jour, j'avais qu'à dévier de route. C'est genre trop facile de se plaindre ou de lui en vouloir de m'ignorer, maintenant que c'est moi qui est tout gâcher... On ne récolte que ce qu'on sème.

Alors, j'oublie. Tant qu'il ne m'aura pas répondu, c'est la seule chose à peu près intelligente que je pourrais faire... J'angoisse quand j'y pense, alors autant ne pas y penser. D'ailleurs, j'ai jamais eu un week-end aussi charger... Je l'ai pas planifié exprès, mais ça tombe bien. Je crois.

On s'est réconcilier enfin disons qu'on a repris les choses là où on les avait laisser.

Mais il part demain, alors, j'ai toujours mal et toujours peur. La seule différence, je pense c'est que je ne passerais pas la nuit entière à pleurer dans les bras de ma mère (j'ai du mal à réaliser que j'ai appelé ma mère, c'est rare que je m'appuie sur elle pour ce genre de choses) je pleurerais qu'un peu et toute seule, voire pas en fait, et je pense pas que je me vianderais non plus.

J'ai du mal avec la notion du "C'est qu'un au revoir, je t'oublierais pas, je donnerai un peu de nouvelles et je vais revenir de toute façon !" quand on m'a tenu se genre de discours, il y a eu des morts et personne n'est revenu...

J'imagine pas ma vie sans Lo'. C'est con, mais c'est comme ça. Ne serait-ce que hier soir, quand je me suis dis qu'il devait partir le lendemain matin et qu'on ne réconcilierais pas (parce que ouais, il a dû reporté son départ à demain mais il devait partir ce matin), que ça y est, il m'avait abandonné ; beh j'ai passé ma nuit à pleurer et à me viander. Je crois que l'abandon, c'est vraiment la pire chose au monde, celle qui fait le plus mal.

Sa présence, c'est la seule chose stable de mon existence depuis plus de cinq ans : les gens mourraient, se disputaient, partaient, voulaient se buter, buvaient, allaient en garde à vue. Mais lui, il restait là, égale à lui même distant mais pas trop non plus, les soirées sur MSN, les échanges de SMS, les appels, seules choses qui ne me filaient pas entre les doigts.

Et maintenant il s'en va. Certes, déjà ici on ne se voit quasiment jamais. Certes c'est pas le bout du monde et y aura internet, mais ce sera beaucoup plus rare et instable, quant aux SMS et aux appels, c'est mort. On s'est mis d'accord : ça coûte de l'argent et nous n'en avons pas assez. Puis y sera occupé. Avec tout ça, je peux pas m'empêcher que ça va changer, qu'il va s'éloigner, m'oublier, m'abandonner et je me sens mal à cette idée. Seule.

J'en sais rien. D'une certaine manière je pense que ça l'arrange de n'avoir que peu de contact avec la France.

Pour le deuxième point, je suis sincèrement d'accord avec toi... N'empêche que, le changement, c'est vachement flippant...