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 Etoile de vie , ptit début de roman de moi

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lily




Nombre de messages : 69
Age : 32
Date d'inscription : 26/09/2008

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MessageSujet: Etoile de vie , ptit début de roman de moi   Etoile de vie , ptit début de roman de moi Icon_minitimeDim 28 Sep 2008 - 12:17

Smile

Elle est venue, un soir d'hiver. A ma porte elle a frappé, sans plus de façon, à la porte de mon cœur. Elle était habillée de noir, elle était froide, glaciale, et elle est entrée, sans me regarder, sans me parler. Je ne l'ai jamais vue sourire, elle est toujours triste, le visage pâle, impassible. Aucune larme, aucune émotion ne vient troubler son regard. Elle n'est que silhouette décharnée, que poupée inerte, balayée par le vent... Elle m'habite et me hante, jour et nuit, sans me laisser de répit. Un soir d'hiver, à la chaleur du poêle, elle est née, d'une flamme trop noire, ou d'une bûche brûlée. Elle est apparue à la lueur du feu telle un fantôme de la mort, mirage miroitant. Depuis, mon cœur ne connait plus de paix. Depuis, mon cœur se perd.
Mais que fait-elle ? Elle frappe. A la porte. Un coup sec. Un ordre. Une attente. C'est elle. En hiver 1945, ma vie s'effondre... C'est la mort qui a pris l'apparence de ce jeune soldat. Je sais déjà ce qu'il va me dire. A peine l'ai-je vu que j'ai compris. Non, ce n'est pas possible, il m'avait promis qu'il reviendrait. Avant de partir, il m'avait serrée dans ses bras, et, en pleurant, je lui avais demandé s'il rentrerait un jour. Il m'avait dit oui, et j'avais voulu le croire. Jamais je n'ai douté, parce que je voulais espérer. Le plus longtemps possible, je voulais y croire, même si, peut-être, au fond de moi, j'avais peur.
Il faisait froid, il faisait noir, je n'avais même plus de bougie, juste la cheminée, le bois qui brûlait. Juste une chaise, une table, et un lit. Misérablement j'ai reculé, frappée par la terreur, incapable de la moindre parole. Non, non, il n'avait pas le droit, je l'aimais. Il avait promis de toujours me rendre heureuse, de m'aimer jusqu'à sa mort, mais je pensais que... c'est arrivé trop tôt... Je m'effondrai, je tombai. A l'aide, sauvez-moi, je ne suis plus, plus rien, plus personne... J'étais lui, je ne vivais que par lui. Rendez le moi, ou prenez-moi, mais ne me laissez pas seule, s'il vous plait, je vous en prie... Mais la vie est injuste, le destin ne vous écoute pas. Il prend ceux que vous aimez, et vous laisse, sans plus de compassion.
Il est parti, mais pour moi il est toujours là. Je le vois, par son ombre, par les traces de boue qu'il a laissées sur le plancher, par le froid qu'il a fait entrer dans ce taudis. Je sens son odeur, l'odeur de la mort, funeste nouvelle qu'il est venu m'annoncer. Mais maintenant, tout a changé. Maintenant, je suis seule. Maintenant, je ne marche plus que par mécanisme, je ne vis plus que par automatisme. Mais pourquoi est-il venu, ce soir d'hiver ? Pourquoi m'a-t-il détruite ? Que lui avais-je fait ? Que me voulait-il ? Pas un mot, pas un geste de plus, il est reparti, sans même un regard, sans rien me demander. La guerre. C'est la guerre qui a changé le monde. Elle n'est plus simplement là-bas, mais aussi dans nos cœurs. Plus de pitié, plus de compassion, chacun pour soi. C'est l'horreur d'un monde qui se transforme. Les gens ne sont plus les mêmes, les villages sont dévastés, mais les âmes aussi. Le feu brûle les maisons, mais le feu s'éteint. Le mal ravage les esprit, mais il perdure, toujours et à jamais. Il s'installe, et grandit jour après jour. Un homme meurt, une âme disparaît, un souffle de vie se perd, un espoir s'en va. Le ciel est gris, on ne voit même plus le soleil. Tout est terne, humide, triste.
Ma vie a changé. Plus rien n'est pareil. Il est parti. Le matin, quand je me lève, il n'y a personne à coté de moi. Je ne mange même plus. C'est impossible. Avant, quand je préparais le repas, c'était pour lui. Maintenant, plus rien n'a de sens. Puis, je vais chercher du bois, je fais de la couture, je travaille dur. Mes doigts sont crevassés, mes mains, sèches, et ma peau, noircie. L'argent manque, et les bougies aussi. L'on ne voit plus rien. Plusieurs fois j'ai voulu partir. Parce que rien ne sert de vivre quand l'on est seule. Au village, tout le monde me croit heureuse. Forcément, je suis souriante, aimable... Alors, pour eux, j'aime la vie. Mais est-ce vrai ? En fait, je déteste cette vie, et je me hais. Ma seule raison de vivre, c'était lui. Et lorsqu'il est parti, je suis partie avec lui.
Le grand mystère de la vie est qu'on ne connait jamais réellement les gens. On ne peut pas être sûr qu'ils soient vraiment heureux, parce qu'ils se cachent. Sous un masque, ils jouent un rôle, mais pas forcément le leur. Parfois, dans leurs cœurs, ils pleurent, sans qu'on le voie, sans qu'on le sache. Secrètement. Ils pleurent, ils crient, mais personne ne les entend. Mais pouvez-vous me dire pourquoi? Personne ne peut. Parce que personne ne peut comprendre. Simplement la cruauté du monde. La cruauté de tous. Un regard, un rire moqueur, une parole de trop. Bien souvent l'on n'imagine pas les conséquences de ces actes, mais un simple jeu peut devenir pour l'autre un vrai coup de poignard.
Pourquoi est-ce-que je vous raconte tout cela? En fait, c'est un peu mon histoire. Il est parti, et je me suis retrouvée seule. Seule face à moi qui n'étais plus rien, face au monde. Seule face à ma vie que je ne voyais même plus. Petite poupée inerte sur le sol, fantôme errant dans les ruelles d'un village en cendres... Les premiers temps, je restais chez moi, sans bouger, recroquevillée sur mon lit, à pleurer, à hurler en silence, hurler mon désespoir. Puis, peu à peu, j'ai recommencé à vivre, ou plutôt à survivre, juste pour les autres, et, à partir de ce moment-là, apparemment, tout allait bien. Je dis bien apparemment, parce que cela n'était bien sûr pas vrai, mais c'est ce que tout le monde croyait. Mais certaines blessures ne cicatrisent jamais. Moi, mon coup de poignard, ce n'était pas quelques mots de trop, mais plutôt pas assez de mots. Si seulement quelqu'un était venu, m'avait souri, demandé si ça allait, m'avait dit rien que «désolé», ou juste un regard... mais non, rien... peut-être était-ce normal, en temps de guerre...mais pour moi, c'était trop dur. A partir de ce moment, j'étais vraiment seule, abandonnée de tous, condamnée à mentir le jour et à pleurer la nuit, âme en peine qui ne sait même plus dormir, qui ne sait même plus jouir...
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lily




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MessageSujet: suite...   Etoile de vie , ptit début de roman de moi Icon_minitimeMar 30 Sep 2008 - 18:41

Ils me regardent sans me regarder, me connaissent sans me connaître. En vérité, ils le voient mais se voilent les yeux, parce qu'ils ne veulent pas admettre que la vie n'est qu'une injustice, et justement à cause des hommes, à cause de ces guerres... Le monde a tant changé... Cette guerre n'a pas seulement ravagé des villes, des terres, mais aussi des cœurs. Les hommes ne sont plus des hommes, mais des machines. Des machines sans âme, et sans amour. Le plus important dans la vie, selon moi, c'est l'amour. Dans le cœur de chacun de nous doivent brûler de petites flammes, toutes plus vives les unes que les autres. Je ne parle pas forcément de l'amour dont tout le monde parle, mais simplement d'amitié, celle qui dure malgré les épreuves, celle qui rend plus fort, et qui réchauffe le cœur. Celle, enfin, qui est plus précieuse qu'un million de pièces d'or. Moi, une petite lueur persiste, bien petite, mais cela suffit à me retenir, à me sauver de l'indifférence qui est devenue notre quotidien.

Ma vie n'est que tristesse et désolation. Il était ma vie, et il n'est plus. Je ne suis donc plus rien. J'étais lui, et il était moi... Je venais de comprendre la phrase « Je est un autre »... Puisque « Je » était « lui »... Je vivais dans la misère la plus totale, j'avais faim, j'avais froid... Mais je vivais, parce que je l'attendais, parce que je l'espérais... Et quand cette dernière lueur d'espoir s'est éteinte, je me suis éteinte avec elle. Mon ombre est encore là, ma silhouette décharnée guette encore l'horizon, toujours dans le fol espoir de le voir revenir d'entre les morts, alors que je sais très bien que les fantômes n'existent pas... Mais je ne peux m'empêcher de rêver son retour, d'imaginer à nouveau ma vie avec lui, ma vie d'avant, mon passé, mais de l'imaginer comme mon futur... Mon cœur souffre de ces rêves impossibles, de ces sottises imaginaires, et souvent je le pleure, au coin du feu, en silence, dans le noir de mon deuil.

Ne pas chercher à comprendre... C'est comme cela que je me suis perdue, en essayant de comprendre pourquoi le monde avait changé, pourquoi la vie était si injuste, pourquoi les hommes étaient devenus mauvais... Maintenant, trop de questions se bousculent à mon esprit, trop de doutes m'assaillent, et je ne peux plus que trouver des réponses. Il me faut du courage, des forces, de l'espoir...tout ce dont je manque... Les réponses, seule moi peux les trouver, elles sont au plus profond de moi, dans mon âme, dans mon cœur.

Si je l'avais empêché de partir, si je l'avais retenu de force, si je l'avais imploré, si je m'étais jetée à ses genoux en pleurant... peut-être alors serait-il resté... peut-être alors serait-il encore vivant... Je m'en veux, je me maudis, toutes les nuits j'imagine ce qu'aurait été ma vie si rien ne s'était passé normalement, ce que je manque, ce que nous manquons, lui, et moi... Il ne m'a pas attendu pour quitter ce monde, il est parti, loin, sans moi. Je ne sais même plus où il est. Il savait bien que sans lui je ne pourrai vivre, et il m'avait promis que l'on se reverrait... Il m'avait promis, je l'ai cru, il m'avait menti... Je le déteste, mais pourtant je l'aime... Comme s'il était encore en moi, ce soldat bien-aimé, mon prince, ma vie. Il s'arrache de moi, mais je le retiens, il est mon prisonnier. Son ombre n'est plus là, mais son âme habite mon cœur. Et ne le quittera jamais. Pour rien au monde. Même si je devrais l'oublier. Tourner la page. Brûler ses cendres... Je n'en ferai rien, ou ce serait sacrilège. Je le pleurerai, je l'aimerai jusqu'à la fin. L'oublier serait comme le renier, et effacer complètement de ma mémoire ce passé, où j'ai été heureuse... M'enfermer en cette torpeur, et m'enfoncer dans la pénombre.

Je vis sans réellement vivre. Je survis, comme l'on dit. Je fais comme les autres. Mon cœur est de pierre, mon âme, de ciment. Je suis dure, je ne m'apitoie plus, je ne connais plus la compassion. Je suis comme l'on me voit, cruelle et misérable. Je me suis écroulée sous les regrets, et maintenant j'ai décidé de ne plus rien regretter, de laisser couler, sans me mêler de rien, de fermer les yeux et de ne plus voir l'injustice de ce monde incompréhensible.

Je suis le miroir de vos remords, le reflet de vos peines. Je suis la preuve de cette amère indifférence, de ce regard vide. Je ne fais que ce que l'on m'a fait. J'oublie. J'oublie, et je ne cherche plus, plus rien. L'oubli est le pire des maux, et en même temps le meilleur des remèdes. L'oublie est une page tournée, un souvenir écarté. Oublier, c'est revivre, mais sans assumer, en rejetant la difficulté. Oublier, c'est mentir, se mentir à soi-même. Oublier c'est devenir passif, refuser d'essayer de combattre. Mais oublier, c'est aussi choisir, un choix difficile, mais un choix pour la vie, choix de la vie.

Alors moi, j'ai choisi d'oublier, même si, en vérité, l'on n'oublie jamais totalement. Je me cache la vérité, parce que j'en ai peur. J'ai peur de me dire que maintenant je suis seule. Peur de reconnaître que j'ai tout perdu. Si je me souviens, si j'ouvre la porte, c'est cette angoisse, cette panique, que je laisse entrer. Si je m'égare, c'est l'égarement qui me perdra. Rester dur le droit chemin, toujours, et mentir, comme ce monde nous l'indique. Il est des vérités que l'on ne peut nier. Le mensonge s'est engouffré dans nos vies, et, bien que le chassant, il nous est trop nécessaire. Nous avons appris à vivre avec, et nous ne pouvons plus vivre qu'avec. Le monde est devenu triste, gris, sans couleurs. La mer s'agite et menace. Les nuages sont épais, le ciel gronde, un orage se prépare. Mais non. L'on se ment. L'on oublie cette colère. L'on se sourit, mais le mensonge n'est que surface. A l'intérieur, les vents se déchainent.


Je m'appelle Anne. Je ne suis ni grande, ni petite. Je n'ai pas d'âge, j'ai grandi comme poussent les fleurs. Je n'aime pas les âges, parce que cela nous fixe dans une réalité, et moi, je veux vivre dans un rêve. Dans mon univers, tout est rose, l'herbe, verte, fraîche. Les enfants rient, les parents aussi, tout le monde. Il n'y a pas de guerre, cela n'existe pas, on ne connait pas ce mot. On se parle, on se regarde, on s'aime, sans mensonge. Parfois l'on pleure, mais juste un instant, pour rien, un petit chagrin, une petite blessure qui cicatrise toute seule. Dans mon monde, rien n'est pareil. L'argent n'existe pas, seul le partage régit notre vie. Il y a des lois, bien sûr, mais personne ne songe à les transgresser. La prison n'existe pas, la barbarie non plus.

Mais voilà, mon monde n'existe pas. Il n'est vrai que dans mes rêves,et chaque jour je m'y évade, me coupant du monde, de la réalité. Parce que je n'aime pas cette réalité salie par toutes ces horreurs. Et pourquoi les moqueries? Pourquoi les meurtres? Les assassinats? La politique? Pourquoi avoir fait de ce monde une planète que plus personne ne comprend?

J'ai toujours vécu dans mon monde, me semble-t-il. Depuis mon enfance, j'ai cru que tout était beau, clair, calme. L'eau coulait à mes pieds en un torrent paisible. Les bourgeons fleurissaient, et les arbres s'étendaient à perte de vue. Alors que devant moi, il y avait des routes, des voitures, des corps sans vie qui passaient, des ombres sans couleurs, des visages sans sourires. Des visages que la guerre détruisait. Des joues que la misère creusait.

Mes parents m'avaient toujours appris à aimer, à ne pas juger, à regarder le monde, à rêver... Ils m'avaient dit que si l'on rêvait, tout pouvait être merveilleux, même le pire. Si l'on s'inventait un monde, on pouvait vivre heureux. Alors, c'est ce que j'ai fait. Dès mon plus jeune âge, j'ai commencé à construire le monde dans le quel je vivrai. Le seul monde qui pourrait m'accueillir, m'accepter. L'autre, le vrai, est trop petit, fermé, étouffant, trop noir. Le vrai, je ne l'aime pas, je ne l'accepte pas.

Mais dans mon monde, il y avait lui, mon amant, mon mari, mon homme. Il est parti, et mon monde est devenu bancal. J'avais construit mon rêve avec lui. Il a laissé un vide dans ma vie. Et j'ai toujours ce manque dans le cœur. Depuis mon rêve s'écroule petit à petit. Peu à peu, j'ouvre les yeux. Peu à peu, j'apprends le monde, et dans mon âme pénètrent la noirceur et la dureté de la réalité.

En fait, je vous raconte ma vie, alors que vous ne me connaissez même pas vraiment. Vous ne savez rien de moi. Vous m'ignorez, mais le pire, c'est que vous avez l'impression de pouvoir me comprendre, alors que ce n'est pas vrai. Personne ne peut me comprendre.

Donc je me présente. Je suis une petite fille éternelle, mélancolique, apeurée. On m'a souvent dit que dans mes yeux clairs se reflétaient mon énergie et ma force, mais est-ce vrai? Cela, je ne le sais. Je crois plutôt que je suis faible. Je n'ai jamais su faire face aux difficultés, j'ai toujours préféré me réfugier dans mon monde intérieur. J'ai préféré me protéger plutôt que risquer pour grandir. Enfant, j'étais innocente, insouciante, je bravais le vent et la tornade, je riais aux éclats quand je tombais. Rien n'avait la moindre gravité, je ne me doutais pas qu'un jour les vents seraient si forts qu'ils pourraient me faire sombrer. Dès que j'ai compris, dès que j'ai su, je suis partie, partie dans mes rêves. C'était pour moi le seul moyen de surmonter la désillusion que je venais de vivre. Et j'y suis restée, me voilant la vérité, sachant tout en ne sachant pas.

La première fois que l'on m'a offert un livre, c'était un recueil de poésie. Je l'ai lu, comme l'on lit un roman. Depuis, les vers résonnent toujours dans mon cœur. Les phrases, les mots, je ne les ai pas oubliés. La mélodie me berce et m'apaise. Je ne trouve de repos que dans la poésie de mon coeur. Je suis passionnée, envoutée. Les rimes m'ont enlevé à moi-même, pour m'emmener dans le pays des songes. Pour moi, c'est plus qu'un art. Pour moi, la poésie est toute une vie. L'histoire de ma vie.

Alors que j'étais petite, ma grand-mère me racontait souvent une histoire. Une histoire comme celle qu'aime toutes les petites filles, celle qui parle de dragons, de princes, et de princesses prisonnières. C'était mon idéal. Je m'imaginais dans un donjon, appelant à l'aide, désespérément. Tout au long de ma vie, j'ai retracé cette histoire. Mon prince était mon mari, et le dragon, mon besoin d'amour, tout simplement. Le prince est parti, et le dragon est revenu.

Tout au long de mon enfance, on m'a souri, et j'ai appris la vie à travers ces sourires. Lorsque j'ai grandi, que mes yeux se sont ouverts, et que j'ai compris que ces airs de bonheur n'étaient que façade, tout s'est écroulé, et je me suis enfermé encore plus profond dans mes rêves. J'ai appris que tout n'était qu'illusion, et rien n'est pire que la désillusion. Alors j'ai décidé de vivre comme je voulais, pour ne plus voir cet univers qui tombe en ruine.

Je sais, le monde est comme il est, il faut l'accepter. Mais moi, je n'ai pas cette force de volonté. Je ne peux pas, et on ne peut rien y changer. J'étais heureuse, dans mon monde imaginaire. Là bas, la vie était belle. Comme un petit enfant à qui l'on casse un jouet, je suis perdue. Je ne suis plus chez moi. Ce monde, le vrai, je ne le connais pas, il m'est étranger.

Je suis une petite fille dans un univers nouveau, hostile. Elle pleure, seule, elle a froid, elle tremble de peur. Elle panique, sans savoir pourquoi, elle doute, d'elle, de toi, de moi, de vous... Elle ne sait plus qui elle est, parce qu'elle a perdu tous ses repères. On lui a enlevé ce qui la rassurait. Maintenant, elle n'a plus rien pour s'accrocher. Elle ne sait plus comment faire, elle ne comprend plus. Mais qu'a-t-elle fait? Rien, peut-être... En fait, tout est embrouillé. Elle étouffe, elle suffoque. Elle n'a plus assez d'air. Elle n'est plus personne. Elle pleure des larmes invisibles. Elle crie un appel muet. Elle regarde le monde avec des yeux apeurés. Elle voudrait tellement comprendre... juste comprendre... mais comprendre quoi? Tout...

Cette petite fille, c'est moi, et ce que l'on m'a enlevé, c'est mon mari, ce que l'on m'a cassé, c'est mon cœur. Et sans cœur, il n'y a plus de vie, et il n'y a plus de joie. Je ne suis plus que ruines que rien ne peut recoller. Je suis à l'étroit, je voudrais un monde d'amour, d'égalité, de bonheur, pas ce monde de brutes, incompréhensible, insensible, et insensé. Je voudrais comprendre ceux qui me disent que ce n'est pas grave, que la vie continue. Mais quelle vie? Comment veulent-ils vivre quand l'on n'est plus que moitié? On ne peut pas. Je refuse de me mentir à moi-même, comme font tous les autres. Dans le fond, ils savent que ce n'est pas cela, la vraie vie. Seulement, ils font semblant, parce que sinon, ils s'écroulent.

Je ne sais plus que dire sur moi, sur ma vie. Toute vie est si complexe, on ne peut pas la résumer en quelques phrases, non plus en des centaines de pages. Il faudrait en dire tant... Vous ne me voyez ici que d'un angle, la caméra sur l'épaule, qui me fixe de dos. Je ne vous ai montré que ma silhouette, vous ne savez pas la couleur de mes yeux, de mes cheveux,la forme de mon visage. Je ne suis qu'une esquisse sur une feuille jaunie par le temps. Au fur et à mesure de mon histoire, mes traits vont s'affiner, tout doucement, mais jamais vous ne connaitrez réellement le fond de mon âme. Je suis impénétrable, comme tout le monde. Je ne suis pas qu'un, mais deux, trois. Je suis moi, toi, lui, et elle. Mais aussi vous, puis lui, aussi. Bref, je suis une infinité de personnes, et on ne peut me définir, moi, puisque moi est tout. Je ne sais pas si vous parviendrez à me comprendre, je ne sais pas comment expliquer vraiment... Tout est flou, mais le monde est flou, alors, cela n'est pas si grave.

Mais rien n'est grave, dans le fond, tout peut s'arranger, selon certaines personnes. Mais moi je dis que cette théorie n'est pas vraie. Pour moi, tout est grave, parce que tout a une raison d'être, rien n'est là par hasard. Tout a des conséquences, même infimes, même invisibles, inaudibles. Tout peut changer un monde, une vie, dans une moindre mesure. Tout est important.
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