Pas encore osé...

Mais bon après tout des textes ce n'est pas fait pour dormir dans des tiroirs...:lol!:

Donc à ses heures perdues Féfé écrit...Ce ne sont pas vraiment des poèmes, pas vraiment des nouvelles, pas vraiment mes pensées... C'est des "machins" un peu batards...


Pour tous elle a les états d'âmes normaux de tous ceux de son âge. Pour tous elle est souriante, dynamique, presque trop fofolle. Pour tous elle est à l'écoute, disponible, généreuse. Pour tous elle est lisse. Elle raconte tant de sa vie que l'on n'en ignore rien.

Personne n'a jamais pensé qu'elle puisse ne distiller que les informations qu'elle veut. Personne n'a jamais cherché à lire en elle. Personne n'a jamais soulevé les manches trop longues obstinèment baissées. Personne n'a jamais demandé pourquoi elle avait de telles cernes sous le fond de teint. Personne n'a jamais demandé pour quelles raisons certains soirs ses avatars MSN devenaient des yeux larmoyants ou des poignets sanguinolants.

Ces soirs là les conversations sont en tous points identiques aux soirs où elle affiche son visage souriant. Les gens demandent en passant si elle va bien et parlent d'eux. Quelques fois une copine qui n'aime pas le sang lui demande de retirer l'image de la lame contre la veine. Sans chercher à en connaitre plus.

Oh, elle ne leur en veut pas. Elle ne leur en veut plus. Elle a finit par comprendre. Que ce n'était pas méchant. Ni mal intentionné. Juste "mal attentionné". Juste la banale indiffèrence de l'être humain. Simplement.

Et quand elle dit qu'elle a passé son week end à glander tous la pensent devant sa télé ou face à un bouquin. Personne ne la sait des heures en larmes recroquevillée par terre, les avants bras tailladés. Personne ne lui connait ces soirées passées à contempler des boites de médicaments sans oser y toucher.

Pour tous elle sait profiter de sa jeunesse. Pour tous elle aime bien boire de l'alcool parce que la fête est plus folle. Fumer des joints parce que planer c'est agréable. Pas parce qu'elle cherche l'oubli, le vide. L'ailleurs. L'inconscient.

Tous seront surpris lorsqu'ils apprendront qu'elle s'est éteinte. Tous iront à son enterrement où beaucoup la pleureront. Ils la regretteront. Se disant qu'ils auraient du lui dire qu'ils l'aimaient. Mais combien s'en voudront de n'avoir pas vu les signes? Ce ne sera pas elle qui leur manquera. Mais ses conseils. Son humour. Ou son écoute.

Et aucun d'entre eux n'en tirera de leçon. Tous resteront égoistes. Simplement interessés par eux-mêmes. La pleurant sans réfléchir que bientôt d'autres, invisibles aujourd'hui parce que vivants, la suivront.

J'aime bien ^^

Je suis debout sur ce balcon. Comme à la proue d'un navire. Un vent léger agite quelques buissons. Comme une écume végétale, recellant les mystères insondés d'une vie bruissant de secrets. Le calme serein d'une nuit d'hiver d'où seuls s'échappent au loin les murmures de moteurs, vaisseaux fantômes accompagnant au loin des vies dont j'ignore tout et qui ne savent rien de moi. Dans le brouillard qui tombe je ne vois de Villejean que quelques lumières, le chemin vacillant des réverbères et des fenètres qui s'éteignent. L'inconnu qui presse le pas sur le parking ne me voit pas. Je ne saurais de lui qu'une démarche et un sweat trop large. Il ne saura même pas que j'étais là. Des arbres nus, fragiles complices de l'errance solitaire où je laisse mon esprit, immobiles gardiens d'un semblant de nature au coeur du béton. L'école est muette. Elle se tait chaque jour à 16h15 de son choeur enfantin, de son choeur de vie. Les voitures sont rangées, comme des jouets oubliés, alignées comme les croix d'un cimetière, comme les cartes d'une voyante, où je vois se profiler nos années de stress et de courses, recherches aveugles au profit et à l'oubli. La bougie de mon âme vacille comme celle qui éclaire ma chambre, poussée par le souffle froid, alimentée par la cire chaude. A ma main la cigarette se consumme, curieuse allégorie d'une vie trop rapide, d'une enfance évanouie. Je voudrais rester là, debout et fière, face à l'infinité du silence où mes questions se perdent enfin, noyées dans la calme contemplation d'une nuit qui s'écoule.
P.S: Aime pas tellement ce texte là... trop pompeux peut-être..

Trop pompeux ... je pense pas que ce soit le mot, il est peut etre plus 'descriptif' (ms là aussi c'est pas le mot .. ).
j'aime bien en tt cas ^^

J'aime bien ta manière d'écrire.

Ca tape juste...

ma féfé, je t'ai deja dit ce que j'en pensais : c'est magnifique. c'est juste, realiste et tellement bien ecrit !
bravo, vraiment.
je l'adore ton texte.

Tes textes sont vraiment très beau
Le premier est vraiment très réaliste , j'aurais jamais su écrire ce que tu a su écrire , il m'a mis la larme à l'oeil

Je suis trop émue par le premier texte ... Vraiment les humains sont d'un égoïsme !! Les humains sont crétins et ne voient pas plus loin que leur petite vie qui doit être parfaite !! Je hais ce genre de personne ... Malheureusement de plus en plus de personne deviennent ainsi ...

Caramel a écrit:

J'aime bien ta manière d'écrire.

Ca tape juste...

J'aurais tendance à dire la même chose....je ne reprocherai qu'une petite chose : ils son t un peu trop courts ^^

:lol!: Rhea ça t'arracherait la gueule de faire des vrais compliments! pas bon pour l'image de cynique! pas vrai? ^^


Ceci dit, merci tous pour vos remarques... ça fait bizarre d'être lue... et plaisir d'être appréciée!

C'est un compliment

j'adore tellement le 1er texte... il est super bien écrit et très très réaliste.. bravo

J'aime beaucoup ta manière d'écrire!!

Quand il faut s'occuper les mains un aprèm où personne n'est connecté on farfouille dans son disque dur et on retombe sur des vieux (très vieux) textes...

Seule


« C’était l’incartade de trop mademoiselle ! C’est désormais au conseil de discipline de statuer sur votre cas. Vous pouvez retourner en cours, vous serez convoquée.»



La porte du bureau du proviseur se referma, silencieuse et lente, sur Harmony retenant ses larmes. Larmes de chagrin et d’impuissance mais aussi larmes de rage, de haine contre ce système scolaire trop prompt à juger et incapable d’aider. M. Lefranc venait de lui annoncer qu’elle passerait devant le conseil de discipline. Elle savait déjà qu’elle serait renvoyée du lycée. Pourtant le lycée était sa seule chance. Ca aussi elle le savait. Sans le lycée elle n’était plus rien. Elle avait 17ans, à son âge elle pouvait travailler comme lui répétait sa mère au long des jours.



Le lycée était son unique porte de sortie pour quitter l’univers de misère et de souffrance dans lequel elle vivait. Elle aurait tant aimé entreprendre de longues études, obtenir un diplôme et pouvoir aspiré à autre chose qu’à l’appartement HLM dans une tour de 16 étages, presque insalubre. Le conseil se réunirait la semaine prochaine et s’il décidait son exclusion c’était terminé. Elle avait dépassé l’âge de scolarité obligatoire et plus rien ne retiendrait ses parents qui rêvaient depuis plusieurs mois déjà de la voir gagner un peu d’argent pour aider le portefeuille familial. Si elle était exclue du lycée Boieldieu s’en était fini de sa scolarité.



Elle s’adossa à une porte de classe. Elle glissa lentement et se laissa tomber sur le sol, les paupières closes. Elle entendit des pas rapides et énergiques au bout du couloir. Des chaussures à talons. La personne chantonnait. Elle rentra dans une pièce, deux portes avant Harmony. Une enseignante qui allait souffler dans la salle des profs avant son prochain cours. Elle n’avait même pas remarqué, qu’à deux mètres d’elle une élève souffrait. Une fois de plus, Harmony eut l’impression de ne pas exister entre ces murs, d’être invisible.



Pour tous elle était insolente, vulgaire, paresseuse, mal-élevée…Les qualificatifs étaient nombreux…Mais personne, ni prof, ni élève, n’avait encore imaginé qu’elle fut malheureuse. Qu’elle put souffrir. Elle se surprit à une soudaine nostalgie de l’école primaire. L’époque révolue des établissements à taille humaine où la directrice connaissait chaque élève par son prénom. L’époque de l’enfance où l’adulte représentait encore à ses yeux un confident rassurant et pas une menace, un ennemi. L’époque où les institutrices allaient sonner chez les parents pour savoir ce qui n’allait pas.



Hélas ses professeurs de lycée ne semblaient pas animés par la même envie de comprendre les raisons de l‘attitude de leur élève. Pas plus que ses camarades.



Bien sur elle leur connaissait des excuses. Ils avaient d’abord leurs terminales et leurs premières qui approchaient du bac, épreuve qui demande une importante préparation. Beaucoup d’entre eux enseignaient sur plusieurs établissements quelquefois très éloignés, souvent de niveaux divers : collèges, lycées, facultés. Enfin, contrairement aux professeurs des écoles qui en ont entre vingt et vingt-cinq, les enseignants du lycée avaient plusieurs dizaines d’élèves, et ne pouvaient donc pas s’occuper de tous.



Harmony savait tout cela, de même qu’elle savait que ses camarades ne pouvaient deviner ses problèmes et qu’attendre de l’aide de leur part sans leur dire sa souffrance était de l’utopie. Mais elle aurait tellement aimé que quelqu’un comprenne. Il y avait eu cette jeune professeur d’Espagnol qui avait bien essayer d’ouvrir une brèche dans le mur qu’Harmony avait dressé entre elle et le monde entier. Seulement l’enseignante était enceinte. Elle avait ouvert le dialogue puis était partie en congé parental. Et personne n’avait pris la peine de continuer à tisser le lien entamé. Harmony s’était renfermée dans ce mutisme farouche dont elle ne sortait que pour insulter ses professeurs.



Quant aux autres élèves de sa classe, Harmony avait le sentiment de leur faire peur. Ses camarades l’admiraient car même les plus rebelles n’osaient quitter les cours comme elle le faisait. Cependant aucun d’entre eux n’était vraiment ami avec elle. Trop…spéciale. Bizarre…





La sonnerie retentit. Derrière la porte contre laquelle elle était appuyée, Harmony entendit le remue-ménage habituel…Bruit de chaises que l’on bouge, de papiers que l’on range. Eclats de rires, discussions… « T’as eu combien toi ? » « Tu manges avec nous ce midi ? » « J’ai pas envie d’aller en maths ! » « Tu peux me passer un chewing gum ? » Insouciance, légèreté quotidiennes.



Harmony se décala contre le mur. La porte s’ouvrit. Les élèves sortirent en petits groupes. Le professeur suivit avec son cartable. Salua son collègue qui attendait pour prendre possession des lieux. Une autre classe, semblable à la précédente, s’installa. La porte fut refermée, le cours commença.



Seconde sonnerie. Le couloir était redevenu calme et paisible. Presque mort. Plus personne, hormis elle. Tout, jusqu’aux murs, était impersonnel. Ni dessins, ni frises, ni portemanteaux… De loin en loin on entendait un pas, le bruissement d’une craie, une porte s’ouvrant sur un élève qui allait à l’infirmerie. La vie continuait pour tous.





La vie scolaire est comparable à la jungle. Ou à ces oiseaux migrateurs qui se regroupent pour atteindre leur but. Mais lorsqu’un d’entre eux s’égare, on continue la route, sans s’arrêter. Harmony se sentait dans la peau de cette cigogne affaiblie et perdue. Elle était sur le bord du chemin et personne ne s’arrêtait pour l’aider.




Elle n’avait déjà plus sa place dans ce monde et quitta le lycée.

Routine [Références à l'AM]



6h30. Réveil. Lever. Petit déjeuner vite avalé sur fond de radio. Douche, maquillage. Dehors il fait gris. Une demi-heure de bus, lycée. Sourires, clins d’œil, petits services et grands débats. Les cours s’enchaînent aux cours. Les heures aux heures. Faire semblant d’avoir des amis, faire semblant d’être gaie. D’avoir goût à la vie. 18h. Sonnerie. Bisous, à demain. Bonne soirée. Ecouteurs, MP3, une nouvelle demi-heure de bus. Mêmes paysages. Maison. Sourires. Bonsoir, oui j’ai passé une bonne journée. Non, pas de notes. Chambre. Musique forte pour ne pas penser. Boulot. Dîner. Télé. Conversations stériles sur la politique et les faits-divers du jour. Fiction policière, ou télé-réalité. Il est tard je vais me coucher. Bonne nuit. A demain. Bisous. Salle de bain, radio. Extinction des lumières…Et, soudain :le silence !





Assise sur son lit, elle revoit sa journée. Les heures défilent à nouveau. Sous un nouvel éclairage. Loïc l’a encore évité ce midi au self. Et Isabelle n’a pas réagi quand elle lui a dit « ma vie me fait chier ». Il fait nuit. Elle se sent seule. Elle est seule. Dehors des cris, des rires. La moto de son frère qui part en soirée. Elle a froid. Elle a froid en toute saison, à l’intérieur. Elle pleure, à l’intérieur. Elle regarde l’intérieur de son poignet. Là où de toutes fines marques rouges, un peu bombées, un peu passées, et que personne ne semble voir, sont la marque d’anciennes coupures.





Elle s’imagine se levant. Retournant chercher sa lame, au fond du tiroir à clef. Elle croit sentir la coupure. La déchirure de sa peau. Elle croit voir son sang. Etonnement rouge. Coulant comme une larme. Doucement. Lentement. Elle met Saez très fort sur sa chaîne et ré-éteind la lumière. La voix s’élève. Un peu gémissante. C’est bon. Elle se complaît dans sa souffrance. Elle espère pleurer un peu. N’y arrive pas.





Elle s’imagine ouvrir la fenêtre. Huit étages. Elle se veut morte.





Elle voit déjà la C.P.E annonçant la nouvelle aux élèves de la classe. « Votre camarade a mis fin à ses jours ». Elle ne dira sûrement pas suicidée, c’est un mot qui fait peur. Un instant elle savoure l’idée que ses camarades puissent pleurer pour elle. Les profs s’en voudront peut-être…Si ça se trouve Isabelle refusera de l’accepter et sortira en courant de la salle. Loïc éclatera en sanglots de ne pas lui avoir reparler avant…Peut-être même que…





Mais, non ! Ils s’en foutront !Sa mort les indifférera comme sa vie les a indifférés. Combien seront-ils dans l’église ?Est-ce qu’ils liront un texte ?Et quelle musique sera choisie pour la fin ?Elle aimerai bien qu’ils choisissent « Tout le bonheur du monde »du Sinsémillia histoire de faire pleurer…Ou « Jours étranges »de Saez comme une ultime provocation. Cette idée lui plaît. Elle devrait peut-être écrire une lettre. Elle va chercher du papier et allume une bougie, pour une ambiance gothique. Ou romantique. Elle écrit la même chose que d’habitude. Mêmes mots. Mêmes justifications empreintes de culpabilité. Même destinataire. Même lyrisme pathétique. Qu’elle imagine digne. Emouvant. Elle signe.





Elle signe, mais de toute façon personne ne lira cette lettre. Elle le sait. Elle le savait quand elle a commencé à la rédiger. Elle l’a toujours su. Et ça lui fait plus mal encore. Elle ne mourra pas. Ni annonce de la C.P.E, ni église. Ni chants. Ni larmes. Elle ne sautera pas. Ca serait trop simple. Ou trop dur ?Elle ne sait pas. Elle s’est posée cette question mille fois. Suicide :courage ou lâcheté ?Lâcheté ou courage ?Elle sait que quand elle sera sure de la réponse, toutes ses hésitations appartiendront au passé. Mais pour l’instant, sans doute pour toujours, elle ne sautera pas. Car si elle se hait, elle aime encore trop ceux qui l’entourent. Même ceux qui lui font du mal. Elle se veut à leurs côtés. Elle se rêve essentielle à leurs vies. Elle n'ose pas les quitter.





Alors elle plie la lettre et elle la range avec les autres. Sous les lames tachées de son sang, dans le tiroir à clef. Elle cache la clef. Enlève le CD. « Mais c’est plus fort que moi, tu vois je n’y peux rien ;ce monde n’est pas pour moi… »Elle se glisse dans ses draps froids et souffle sa bougie. L’odeur de pin des landes est un peu écœurante. Elle frissonne. Il est très tard et il n’y a plus de bruit dans la maison. Demain Maman se fâchera parce qu’elle aura eu du mal à se lever. Et Papa rajoutera qu’il a vu de la lumière sous sa porte jusqu’à tard. Elle soupire et règle son portable. Demain elle commence à 8h. Elle ferme les yeux. Dans son esprit les mots de sa lettre et des phrases de roman s’entrechoquent.




6h30. Réveil. Lever. Petit déjeuner…Aujourd’hui, il pleut.

Allongée sur le dos dans le silence de ma chambre je regarde les plis de mon drapeau Pace au plafond. Je ne sais pas exactement quelle heure il est mais ça doit se situer quelque part entre 3 et 4 heures. « il est déjà demain » comme dit mon petit frère lorsqu’il veille plus tard que minuit, pour les fêtes de fin d’année. Je voudrais pouvoir dire de grandes et belles phrases, dire que sans cesse je commence à m'endormir et ton visage me réveille mais ça serait faux. Je n’ai juste pas l’impression d’avoir sommeil. Je ne suis pas malheureuse, je suis terriblement lasse. Bien sûr que je pense à toi. Comme nous tous. Mais même pas avec désespoir. Je te revois un peu comme sur des vieilles diapositives aux couleurs passées. Figée dans une expression de joie qui semble indécente. On ne laisse pas des souvenirs si riants lorsque l’on se suicide. On ne quitte pas des dizaines d’amis effondrés face au cercueil où tu es soi-disant couchée. On laisse l’image d’une dépressive sinistre et un vieux chat terne. Pas des reliefs de fête et du brillant à lèvres.



Lorsque je suis arrivée au lycée lundi j’étais en forme et la journée s’annonçait bonne. C’est toute la semaine qui a été horrible après ma discussion avec Lucille. Tu avais donc décidé que cette terre ne valait plus la peine. Soit. Mais pourquoi n’avoir gardé de la vie que tes engueulades avec ta mère, ta séparation d’avec Thomas et les guerres qui pourrissent notre planète lorsqu’est arrivé le moment de faire un choix ? Pourquoi n’as-tu pas conservé nos fous-rires, nos soirées et les heures passées sur MSN à nous raconter des futilités ?



Sur mon mur, entre le poster de Bob Marley et les dessins que je considère avoir le plus réussi, quelques photos. Mon père à 19 ans, le mariage de ma cousine, la plage derrière chez mon grand-père, mon frère déguisé en labrador –du plus bel effet- , Mélanie Lucille et moi en maillot de bain, Pierre jouant de la guitare, ma mère qui cueille du houx, et Thomas et toi dansant sur la table à l’anniversaire de Mathilde.



Je n’avais pas envie de venir ce jour là, j’ai traîné les pieds pour y aller…Et puis j’ai fini par me laisser convaincre de passer. Nous ne nous connaissions pas mais nous avons tout de suite sympathisé et j’avais passé une soirée géniale. Le lendemain soir, après la pièce de théâtre où tu jouais avec Lucille, nous étions allées en boîte toutes les trois et j’avais commencé à intégrer votre groupe d’amis petit à petit.



Une porte grince. C’est celle de mes parents qu’ils doivent graisser depuis qu’on a emménagé il y a 8 ans. Sous ma porte j’aperçois le rai de lumière des toilettes fort puis faible puis de nouveau fort. Eteint. La porte grince à nouveau. Le silence revient. Je ne tourne vers ma table de nuit. Il est moins tard que je le croyais, il est 2heures 45. La dernière fois que je t’ai vu ça doit remonté à trois mois, peut-être plus…



Mon entrée en terminale m’a beaucoup éloignée de Lucille, Mathilde, Thomas… Je ne sortais plus très souvent avec eux, puis plus du tout, et même si j’ai toujours conservé vos photos au dessus de mon bureau je vous jugeais sévèrement. Il y a deux semaines pourtant j’ai eu un pincement au cœur en voyant vos photos et j’ai eu envie de vous revoir. Au lieu de courir au Nénuphar, votre bar de prédilection je me suis contentée d’un texto à Mathilde. Resté sans réponse. Et je n’ai pas insisté. Si j’avais su que l’ange que tu étais, trouvait s’être égaré trop longtemps sur notre planète j’aurai sans doute rangé ma fierté pour passer quelques heures encore en ta présence et partager une dernière fois tes délires. Mais ce genre de choses on ne les sait pas.



Je me lève pour aller boire un peu d’eau. Dans le miroir de la salle de bain je me trouve le regard dur et les traits creusés. J’éteins la lumière pour ne plus croiser mon visage trop pâle. Je me glisse dans mes draps un peu refroidis et je ferme les yeux. Les phrases que j’espérais tout à l’heure me viennent spontanément : ce n’est pas comme au théâtre. Tu ne te relèveras pas, tu n’essuieras pas tes vêtements en souriant. Tu es vraiment morte. Tu es partie sans espoir de retour, endormie sans espoir de réveil. Il n’y aura pas de salut, pas de rappel. Dernier acte le rideau est tombé. Toi aussi….




En fait tu me manques vraiment…

« C’était qu’un connard de toute façon ! Un de plus ! Comme les autres ! » Lila repousse son verre et sa main tombe sur la table. La musique est forte et au bar certains ne sont déjà plus très nets. En face d’elle Laëtitia. Celle qu’elle présente comme sa meilleure amie, puisqu’on se doit d’en avoir une. En fait de meilleure amie, une collègue sympa qui fréquente les mêmes bars qu’elle et la même boîte de centre-ville. Qui noie aussi sa solitude entre alcool et musique. Et qui accepte d’écouter les malheurs des autres pour ne pas trop penser aux siens. Laëtitia hoche la tête. Oui, c’est vraiment tous des salauds. Même son frangin ne veut plus lui parler.





« Tu comprends j’en ai rien à foutre, j’allais le plaquer ! J’aime pas rester trop longtemps avec le même » Laëtitia hoche la tête. Mais elle n’est pas d’accord. Elle, si Thomas daignait la regarder, elle ne le quitterait plus. Même cocue, battue…C’est toujours mieux que d’être seule. D’ailleurs, au fond, elle sait que Lila partage cette idée. Seulement voilà, cette fois encore…





« Il m’a lâchée pour ma coloc’ !Comme Patrice. Tu te rends compte ! » Laëtitia hoche la tête. Elle ne risque pas de se faire piquer son mec par sa coloc’, elle. Elle vivait avec un poisson rouge qui est mort cette semaine. Elle ne pensait pas qu’un vulgaire carassin doré eut pu la faire pleurer autant. Elle l’avait enterré sous le géranium, à sa fenêtre de cuisine. De toute façon même si le poisson avait été une sirène, elle n’avait plus de petit ami depuis…Longtemps.





« Quand je pense qu’il avait dit qu’il m’aimait ! » Laëtitia hoche la tête. On ne lui a jamais dit qu’on l’aimait. Ni l’homme alcoolique qu’elle appelait Papa. Ni la silhouette dépressive qui errait d’hôpital psychiatrique en tentative de suicide et la suppliait, pleurant dans ses cheveux d’enfant, de ne pas oublier sa maman. Encore moins un homme. Elle non plus n’a jamais dit je t’aime. Petite elle voulait garder ses mots magiques pour son prince charmant. Et puis son coeur s'est tari. Et aujourd’hui elle désespérait de les prononcer un jour.





« C’est fini. Je veux plus les voir tous ces chiens !Quoiqu’ils disent c’est toujours pareil. Ils ne veulent que coucher. » Laëtitia hoche la tête. Elle n’est plus vierge depuis bien longtemps mais a l’impression de n’avoir jamais fait l’amour. Oui elle a couché avec des hommes. Elle a eu des rapports sexuels. Tous ces mots laids et crus. Mais elle n’a jamais fait l’amour. C’est une trop belle qualification pour l’acte qui lui est arrivé de faire chez n’importe qui avec un garçon de soirée dont elle oubliait le nom à peine le jour levé. Il y avait le mot amour. Amour.





Lila fait signe au serveur : une autre vodka pomme s’il vous plaît. Et un autre Bailey’s. « Y’a pas que les hommes qui sont des chiens. Ces salauds de patrons aussi. Je vais finir par me barrer de ce boulot de merde. Non seulement on est mal payées et pas reconnues mais en plus on fait beaucoup trop d’heures. » Laëtitia hoche la tête. Elle ne s’imagine pas quitter sa caisse à Géant. Non pas que le boulot lui plaise. Elle qui s’était rêvée grand reporter mais elle y est depuis qu’elle a 17ans. Presque 15ans derrière un tapis roulant de supermarché. A voir défiler des escalopes de volaille, des déodorants et des packs de bières toute la journée. Les vieilles clientes bavardes, les mères rougissantes obligées d’aller reposer un ou deux articles, les vieux messieurs qui ne comprennent rien à l’euro et les jeunes cadres dynamiques et pressés qui ne prennent pas le temps de dire bonjour. Ce n’est pas drôle. Mais c’est sa vie. Et elle n’a que ça.





« T’as vu qu’ils veulent supprimer les 35heures. Les politiques aussi tous des salauds ! » Laëtitia hoche la tête. Elle, elle n’a jamais voté. La droite, la gauche, le centre…Aucun d’entre eux ne sait qu’elle existe. Aucun d’entre eux ne pourrait vraiment améliorer son existence. Pour ça il faudrait prendre le temps de lui expliquer que sa mère ne viendra plus en pleine nuit se lover dans son lit en pleurant. Que son père ne l’enfermera plus dans le jardin parce qu’elle aura mal mis la table. La prendre par la main et lui montrer qu’il n’y a pas de monstres sous les lits et qu’elle peut être protégée, elle aussi. La réforme de l’impôt, les différents entre Russes et Tchétchènes, le trou de la Sécurité Sociale ou l’enseignement de l’anglais en primaire, tout cela c’était trop loin d’elle. Et cela ne la fera pas ni mieux dormir, ni moins pleurer.





« Putain de vie !Heureusement qu’il y a les amis… » Laëtitia hoche la tête. Elles s’embrassent. Se souhaitent de passer une bonne nuit. Chacune rentre dans son appartement retrouver ses plantes vertes et son lit froid, trop grand. Pas de photo dans le portefeuille, une seule paire de chaussons à la tête du lit et un seul pyjama sous l’oreiller. Et la possibilité de dire le lendemain « J’ai passé la soirée avec une amie. On a discuté autour d’un verre. »

Je viens de lire tes textes là.
Hé ben.... Ils sont magnifiques Féfé.
Et je suis sincère, j'en suis bluffée.
Bravo.

Continue à sortir ça de tes trippes !

Idem !

merci

N'avais pas lu moi

eh ben Féfé.. j'adore, c'est sublime

c'est.. pfouu ya pas de mots ça me touche

j'adore tes textes, ils me font pleurer.
tu as du talent.

J'adore tes textes Féfé, ils dégagent des sentiments très forts !! Franchement j'suis épatée...

**nétouale** a écrit:

J'adore tes textes Féfé, ils dégagent des sentiments très forts !! Franchement j'suis épatée...

+1 j'ai franchement beaucoup aimer, j'avais pas encore lu et je regrette de ne pas l'avoir fait avant