L'Elfe dit : Faut être, euh, un peu plus positif.
Et puis même. On le voit, so what ? Je sais que je vais mourir, que ça sera triste ou chouette, et qu'il est aussi possible qu'avant de passer l'arme à gauche je voie des gens à qui je tiens mourir, et que ça va faire mal. Mais je n'attends ni mon tour, ni les leurs. Parce que ça sert à rien, et que c'est bête.
Pour la douleur de se rendre compte de ça, c'est sur le coup, et puis ça fait peur, après à chacun d'accepter ou d'autostimuler peurs et douleurs de d'inéluctable, parce que ressasser c'est la condition de beaucoup. C'est pas parce qu'on n'y pense pas H24 qu'on n'est pas au courant, je pense qu'un juste milieu entre la naïveté et le fatalisme, c'est chouette.
Pour ce qui est du sans espérance, tant mieux, je ne vois pas pourquoi ça serait une malédiction pleine de douleurs et de trémolos. Je suis plutôt adepte de Chamfort que de Pascal sur ce coup-là. L'espérance n'est qu'un charlatan qui nous trompe sans cesse ; et, pour moi, le bonheur n'a commencé que lorsque je l'ai eu perdue. Je mettrois volontiers sur la porte du paradis le vers que le Dante a mis sur celle de l'enfer : Lasciate ogni speranza, voi ch'entrate.
Donc en gros, oui pas de raison d'espérer être libéré de la condamnation à mort, à partir de là pourquoi ça devrait être douloureux et pourquoi on devrait bêtement attendre ? S'il n'y a pas d'espoir, ce n'est pas expectatif, il n'y a donc rien à attendre.
On peut le vivre dans la douleur, ou pas. C'est pas incompatible avec la joie, et la joie ne veut pas dire qu'on se fout une poutre par œil.
Je ne suis pas extrêmement positive. Au contraire. Mais fataliste, non. Connaître la fin de mes films préférés ne m'empêche pas de les revoir, et d'apprécier de les revoir.