Blabla d'il y a quelques semaines.

Même si ce n'es pas un texte "travaillé" mais juste un racontage de vie pour faire le point et m'exprimer, je trouve que mon style s'est amélioré, contrairement aux textes que j'ai posté sur le forum qui datent de quelques années... Ca me manque vraiment d'écrire...surtout quand je me rends compte que je me suis améliorée.


Je retrouve peu à peu cette mélancolie qui me berce dans ses bras maigres qui ne m'enveloppent pas assez. Chaque caresse est griffure. Je ne m'arrêterai jamais de réfléchir, peut-être n'ai-je pas assez aspiré, parce qu'entre deux jouissances évaporées, je pensais toujours à toi, de même qu'autrefois, dans un baiser passioné à sens unique où je retirais mes lèvres bien trop tôt, c'était toujours à toi que je pensais.

Ma vie est devenue presque normale. C'est rassurant. Je fais des listes, de chaque chose, chaque objectif à atteindre, chaque bien à obtenir, chaque sentiment à contenir. Je n'y arrive pas toujours, surtout le dernier point. Je fais part de mon égocentrisme suicidaire à une personne que je ne veux pas perdre, et elle me laisse. Je ne corresponds plus à ses attentes. Je ne dois pas être malheureuse, je dois rester mignonne et souriante, heureuse - mais pas trop, il ne faudrait pas engendrer la jalousie - me satisfaire de ce que j'ai, même si je n'ai pas grand chose. Etre seule et le supporter. Supporter le silence, le vide. Donner sans jamais rien recevoir.

Mais dans l'ombre, manigancer, seule. Cohabiter avec une louve sanguinaire, que je hais tout autant que je l'admire, que je sais qu'elle fait partie de moi. Ne pas laisser l'ombre prendre le contrôle. Toujours aller vers la lumière. Ne pas succomber aux désirs aigües d'auto-destruction.
Et la louve devint chienne. Hargneuse et débauchée. Lutter, toujours. Mais la simplicité heureuse ne s'obtiendrait qu'avec un billet d'avion. Qu'elle est exigeante! Superficielle, dit-on. Une garce qui n'accepte rien de personne, ni leurs sourires hypocrites, ni leurs blagues exécrables, ni leur argent, ni leur admiration, ni leur indifférence. Si vous saviez tout ce dont j'ai besoin, en réalité. Ce n'est pas si compliqué, ce n'est pas innateignable...

Ma grand-mère s'est suicidée, la nuit d'Halloween. Maman ne veut pas que j'aille à l'enterrement. Je ne peux pas lui dire, que j'aimerai voir ce que ça fait, voir la Mort de près, les yeux grands ouverts sur une vie baffouée. "Ce n'est pas un endroit fait pour toi, à 15 ans." C'est quoi, l'endroit déal, quand on a 15 ans ? Je voudrais voir, comprendre, ma folie est peut-être héréditaire. Si je le sais, alors peut-être aurai-je une chance de rompre le charme, de sortir de toutes ces choses malsaines. Je dois la voir, je me souviens de l'immense maison qui sentait la lavande. Des patins à l'entrée pour ne pas salir, - et moi, déjà, éternelle insatisfaite, je refusais de les mettre, ne voulant pas me mélanger aux autres, dont je me sentais loin- des chocolats chauds bien meilleurs que ceux de Maman, du nounours que je n'aimais pas car il était trop gros - à la cave, rongé par les vers - du chien hideux, du jardin et des grenades dans ma bouche, quand le grand frère était encore un enfant et qu'il jouait avec moi. Je sentais le monde entier - qui se réduisait à ma famille - comme loin de moi, comme une scène qui se déroulait devant mes yeux sans que je n'y participe jamais, sans que je n'en fasse partie, et ça me convenait, moi, ma tête était remplie d'assez de choses, je n'avais pas besoin des adultes dans mon monde.

Maintenant il faut lutter, rencontrer cette famille qui m'est presque inconnue, pour qui je suis une étrangère. M'impliquer, donner, aimer. Est-ce possible après tant d'années passées dans l'ombre? Puis-je revenir et faire comme si je venais de naître ? M'aimeront-ils alors ? Je ne le crois pas.

Exorcisme nocturne. Vomir le démon qui croît dans mon ventre et se nourrit de l'âme des autres, et du semblant d'humanité que je pourrais avoir. Regarder la soeur dans les yeux, celle qui a tout vécu et veut me faire part de l'expérience de son malheur d'adulte devant lequel ma crise d'adolescence ne rivalisera jamais.
"Manifestement Docteur, vous n'avez jamais été une adolescente de 13 ans."
Pleurer dans ses bras, se convaincre qu'elle me veut du bien, effacer toute paranoïa, donner sa confiance, essayer, établir la communication et la tendresse. Couvrir sa poitrine de larmes, implorer la chaleur, renoncer à la solitude. "Tu pourras pas rester toujours seule comme ça, te renfermer." Entre deux sanglots, "j'ai toujours été seule".
"T'as peut-être perdu ton grand frère, mais je suis là moi, pourquoi tu me parles jamais?"
Je parle, je crie, j'implore, je pleure. On ne m'entend pas.
Manger une dernière bouchée de gateau au chocolat, avant de devenir saine, pour de bon. Ne vomis pas. Le démon dans mon ventre, une dernière nuit de douleur, une seule. Et puis se contenter de ce qu'on a:

Une journée à la patinoire. Il n'y a qu'avec toi que je me sens en sécurité. Il n'y a que ton sourire, depuis nos 8 ans. Parce que rien chez toi ne m'inspire la crainte. Parce que j'ai envie de faire semblant de savoir patiner, même si j'ai horriblement peur, si j'ai perdu l'habitude et la confiance grâcieuse. Je tiens ta main, et te suis aveuglément. Il n'y a que les mangas que tu m'offres et nos horribles souvenirs du Portugal. Tu es l'innocence même, et même si tu ne comprends pas toujours ce que je dis du haut de mon vocabulaire volontairement affiché, sache que je ne t'abandonnerai pas.

Un concert d'Indochine, depuis longtemps rêvé. Concert magnifique, mais je me suis jurée que la prochaine fois, je ne serai pas triste. Je serai mince et joyeuse. Et cette prochaine fois se déroulera le 31 mars. Et ce sera aussi magique que je l'ai toujours rêvé, plus encore que le 17 octobre, où les souvenirs me hantaient, où je pleurais dans les bras d'une inconnue qui ne se souvient sûrement plus de moi.

Se contenter de tout ça, et demeurer seule.

Je me satisfais aussi de mon nouveau lycée. Même si je n'y parle pas japonais, même si je n'y rédige pas des souvenirs à la manière de Marcel Proust, suscitant l'admiration de mes camarades, même s'il ne se trouve pas en centre-ville.
Je n'en pouvais plus de rester dans cette gare grande et froide. Ou les gens se regardent, me regardent, sans jamais me parler. Me donnent une cigarette, regardent sous ma jupe, me demandent le chemin, me demandent mon numéro de téléphone, me jouent un air de guitare, m'écoutent parler. " C'est triste une gare, le soir, tu trouves pas? Moi ça me rend mélancolique.". Ces gens qui ne sont qu'une masse grouillante et ne font pas attention à moi. Ce lycée où je n'aurai jamais pu être la meilleure élève Où les gens sont plus hypocrites qu'ailleurs, où ils réussissent, où je suis seule.

Moi, je préfère les âmes tourmentées dans la simplicité d'un lycée de secteur.