Je mens.

Je mens à ma mère. Oui, j'ai dormi, cette nuit. Oui, j'ai mangé, ce midi. Je vais mieux, maman.
Je mens à ma psy. Mais non, plus de pensées suicidaires. Plus du tout.
Je mens à mes amis. Non, pas de nouvelles coupures. J'ai même plus de lame, de toute façon.
Je me mens à moi-même. Sur toute la ligne.

Mais à quoi ça servirait de dire la vérité quand, chaque fois que je le fais, tout le monde s'inquiète ou, encore pire, ferme les yeux ?

Dire la vérité te permettrait déjà d'arrêter de te mentir à toi-même .

Si ils s'inquiètent pour toi , c'est que tu ne leur est pas indifférente , puis ils sont là pour te soutenir .. je sais que des fois c'est pas assez , mais ils sont là .

Au moins , si t'arrêtes de mentir , t'auras plus à te cacher , à cacher tes sentiments ..

Puis la psy , elle est là pour t'aider , ca ne sert à rien de lui mentir , car alors aller la voir ne servirait à rien .

Je mens à ma mère pour qu'elle me laisse partir d'ici. Je veux juste pouvoir être seule. Tranquille. Loin d'elle, de son copain, de ses enfants, de leur chien. Pouvoir me laver à l'heure qui me convient, et tant pis si c'est à 3h du matin. Pouvoir manger ce que je veux, quand je veux, et seulement si je veux. Je sais que c'est pour ce qu'elle croit être mon bien qu'elle me garde chez elle, mais tout ce qui a changé depuis un mois et demi, c'est que j'arrive de mieux en mieux à faire semblant.

La psy, j'arrête de la voir bientôt. Je l'aime pas. Vais devoir m'en trouver un/e autre. En attendant, je lui dis a besoin d'entendre pour me laisser tranquille. Même si je sais que c'est mauvais pour moi.

Mes amis finissent toujours par le savoir quand je mens, eux. Parce qu'après deux semaines de "oui oui, je vais bien", je finis toujours par craquer et téléphoner en pleine nuit parce que j'en peux plus de faire semblant. Je promets d'appeller si j'ai envie de recommencer, peu importe l'heure, à frais virés s'il le faut. Je le fais pendant un moment. Mais je finis par avoir l'impression que mes problèmes prennent trop de place dans mes relations avec eux, et que si ça continue comme ça, ils vont se lasser. Alors je recommence à mentir. Et c'est reparti pour un tour.

Pour ta mère, peut-être que faudrait lui expliquer tout ca .
Tu lui dis que t'es majeure ( jviens de voir que ta 21 lol ) , que t'aimerais habiter seule , que ca te permettrait de mieux te gérer , d'aller mieux .
Peut-être qu'elle te comprendrait .. si elle veut ton bien , elle fera son possible pour te faire plaisir .. mais faut que tu lui dises ce que tu veux .

Si t'aimes pas la psy , alors t'as raison d'arrêter de la voir . Elle peut rien t'apporter dans ce cas là , au contraire . C'est bien le fait d'envisager d'en voir une nouvelle .

Ami .. si se sont des vrais amis , ils ne se lasseront pas , car à leurs yeux , tu comptent .
Ils sont là pour ca , pour t'aider .. et si au bout d'un moment y en a un d'eux pour qui ca devient une plaie de t'aider , bah c'est que c'était pas un vrai ami .
Je penses que tu peux continuer à compter sur eux , et je suis sûre qu'ils veulent t'aider.

J'habitais à peu près seule jusqu'à avant les fêtes. Chez mon père, sauf que depuis qu'il est fait une copine, il passait une fois par semaine pour remplir le frigo, s'assurer que j'étais toujours vivante et que j'allais pas trop mal, et prendre son courrier. Et c'est tout. Ça me convenait plutôt bien, même si des fois, je m'ennuyais un peu, toute seule dans une grande maison.

J'avais accepté de passer deux semaines avec ma mère pour les fêtes. Elle avait réussi à me convaincre en me disant qu'essayer d'avoir l'esprit de famille deux petites semaines par année, c'est pas énorme et ça lui ferait tellement plaisir.

Quand je suis arrivée, elle a remarqué que j'étais pas en super forme. Je suis schizo et même avec un traitement bien équilibré, je supporte pas le moindre stress. Et acheter les cadeaux de Noël, c'est stressant. Penser aux soirées avec la famille élargie, c'est stressant. Les vivre, c'est encore plus stressant. Donc.. beaucoup de stress = réapparition de certains symptômes. Et plus ça avançait, moins ça allait. C'est à ce moment-là qu'elle a décidé qu'elle me laisserait repartir seulement quand elle jugerait que je vais assez bien pour vivre seule. Sauf que même après en avoir discuté avec elle, elle comprend pas (ou refuse de comprendre) que c'est la vie ici qui me stresse, et donc qui m'empêche d'aller mieux. Alors je fais semblant du mieux que je peux. En espérant qu'elle finisse par me laisser tranquille.


Mes amis sont de vrais amis. Qui sont là pour rester, et qui m'aiment sincèrement. En ai déjà eu la preuve plusieurs fois dans le passé. Sauf que leur dire chaque fois je pense à me couper, chaque fois que j'ai envie de le faire, chaque fois que je le fais.. Ça monopoliserait la conversation. Entre tout dire et tout taire, je choisis souvent la deuxième option. Parce que sur le coup, c'est plus simple.


(Ça fait du bien de réussir à dire tout ça. Merci.)

Ahhh oki .. pour ta mère , alors à ta place je ferais pareil , fais semblant d'aller mieux pour ensuite pouvoir rentrer chez toi , et là-bas tu te sentiras bien et puis ca ira .

Pour tes amis jte comprends , je vis à peu près pareil .. Ne leur dis pas tout tout le temps, juste quand ca va TROP mal .. L'important c'est juste de savoir qu'ils sont là pour toi .



( de rien :$ )