Mal dans ma peau..dans ma vie...

Bonsoir,

Voilà, c'est la premiere fois que je parle de mon mal. Je n'ose pas en trop en parler car j'ai toujours peur de déranger.

Depuis quelques années, je me replis sur moi-même. Depuis que ma marraine est décédée dans un crash d'avion...C'était un peu ma deuxieme maman et ma meilleure amie...Ce jour-là tous c'est arrêter. Depuis, je me suis refermée sur moi-même et dons je ne pouvais pas être à l'aise d'autres personnes de mon âge. D'ailleurs, j'ai toujours l'impression que les gens ne me comprennent pas et inversement, je ne les comprends pas non plus...Je me dis souvent que je suis née à la mauvaise époque.

J'ai des amis...Je ne pense pas être en dépression mais plutôt déprimée. J'ai peur du contact, j'ai peur de mes actes...Je pense énormément au suicide, j'ai plus envie de vivre et surtout en ce moment, je n'ai plus envie de manger, de bosser, de parler...Je suis sans cesse de mauvaise humeur.

Je ne sais plus quoi faire..je me dis que je n'arriverais jamais à revivre comme avant, que je n'arriverais pas a m'en sortir. Seulement je n'arriverais plus a m'aimer et aimer les autres...

Aidez-moi, je vous en supplie...je voudrais avoir une chance de m'en sortir...

C'est 'rigolo', je me reconnais vachement dans ce que tu dis (surtout le 'déprimé mais pas dépressif').

Je crois que seul toi peut te sortir de cette impasse. Personne ne peut agir et penser à ta place. Essaie d'intégrer ce fait là. Ensuite, tu peux peut être compter sur tes amis pour essayer de sortir de ce tunnel, non?

Même si l'envie manque, tu devrais peut être te forcer à te bouger un peu, en t'integrant dans de nouveaux projets, en te fixant de nouveaux buts, et surtout en t'obligeant à fréquenter des gens. A force d'auto-persuasion, je suis sure que ça pourrait marcher. Mais il n'appartient qu'à toi d'entamer ce genre de démarche. T'occuper serait aussi un bon moyen de t'empêcher de trop penser...

Tu es suivi par un psy?
Ca pourrait pas être une idée pour t'aider à faire un deuil que visiblement, tu n'arrives pas à conclure?

Salut Hales,

Je comprends bien que le deuil de ta marraine t'affecte, mais je discerne pas le lien de cause à effet entre sa mort et la haine que tu éprouves contre toi-même. Que tu te replies, que tu aies eu besoin de temps pour faire le deuil, et que tu aies généralisé ça parce que deuil "encore en cours", ou parce que réflexe adopté sur le long terme, ok...

Mais je ne sais pas pourquoi tu n'arriverais plus à t'aimer, en fait. Un crash d'avion, c'est complètement arbitraire, injuste. C'est l'exemple type, d'ailleurs. Je ne sais pas comment tu peux porter la responsabilité de ce qui s'est passé, et en arriver à ne plus t'aimer à cause de ce décès.

Je crois que non, tu n'arriveras jamais à revivre comme avant, mais qu'au lieu d'en faire un regret, tu devrais tourner les choses autrement. Non, la vie n'est jamais "comme avant", quoi qu'il arrive, rien n'est figé, et de toute façon, l'absence irrévocable, bah oui, ça change les composants, et donc, ce sera forcément différent. Mais en même temps, c'est juste sain, que les choses évoluent, que tout ne reste pas la reproduction fidèle d'un passé idéalisé à postériori. Et je pense que le deuil passe nécessairement par une phase d'acceptation du fait que non, ça ne sera plus comme avant, mais qu'il faut aller de l'avant, en se détachant du passé. Sans le nier, évidemment, parce que tu t'es construite au contact de ta marraine, tu l'aimes beaucoup et il n'est pas question d'enterrer ça. Mais en acceptant de reconnaître que cette relation fusionnelle avec ta marraine, c'est du passé. Qui a son influence sur ton présent... mais ne doit pas être prépondérant, et prendre le pas sur ta vie ad vitam aeternam.

Ta vie ne doit pas se résumer à perpétuer le deuil de ta marraine pour ne pas l'oublier (ce que tu assimilerais sans doute à la trahir, de manière tout à fait "logique"). Tu ne dois pas t'empêcher de t'aimer ou d'aimer les autres parce que la mort annihile tous les efforts de façon juste irrévocable, définitive, et parfois sans prévenir. C'est difficile de ne pas tomber dans les lieux communs, mais ouais, la terre s'arrête pas de tourner, et tu as ta vie à vivre.

Je ne sais pas si te dire que ta marraine voudrait te voir heureuse est une pensée qui t'aide ou pas, personnellement je trouve ça assez fantasque d'imaginer ce que des gens morts diraient, vu que les gens morts ne disent rien. Et utiliser les morts pour faire de la communication indirecte, c'est encore maintenir une illusion de possibilité de communication, de vie. C'est un peu foireux, je trouve. Après, y'a des gens que ça aide, donc pas de souci si ça t'est utile, tu peux te booster de cette façon. La fin justifie pas mal les moyens, là, vu l'état de détresse dans lequel tu es.

Je crois que ça sonne un peu "fais ça, c'est facile", mais j'imagine aisément que ce soit la galère, parce que non, facile, ça ne l'est jamais vraiment, pour tout ça. En tout cas, si besoin, n'hésite pas à en parler, pour faire un deuil, c'est important. Et une chose est sûre, ici, non, tu ne déranges pas.

Non je ne suis pas suivis par un psy, j'y est déjà penser... Mais je ne sais pas...j'ai pas encore eu le courage de faire la démarche d'y aller...

La dernière fois que j'avais vu ma marraine, j'ai été très distante. Je ne sais pas pourquoi...Je m'en veux...

En même temps, tu ne pouvais pas deviner que c'était la dernière fois que tu la voyais.

Ca serait tellement simple, si on savait ce genre de saloperie à l'avance... Mais non.

Pour le coup, oui, des moments où on est moins expressifs, où on a la flemme de communiquer, on en a tous, vis à vis de tous les gens qu'on aime. C'est normal. C'est humain.

Mais ouais, ca fait vachement mal quand ça s'arrête là dessus, quand il n'y a pas de "prochaine fois" pour rattraper le coup.

Pour être honnête, je comprends tout à fait le genre de "culpabillité" de merde que tu peux porter, pour en avoir pendant longtemps (et peut-être bien encore un peu maintenant, à vrai dire) porté une du même genre autour du décès de mon père. Pareil, la dernière fois que j'aurais eu la possibilité de passer du temps avec lui, j'ai eu la flemme de me lever plus tôt pour prendre le petit dej' avec lui... Je ne pouvais évidemment pas savoir que ça aurait été ma dernière occasion de le voir vivant, vu qu'il est mort de manière totalement imprévisible aussi. Mais ouais, j'ai mis des années à pouvoir plus ou moins me le pardonner. Et y a encore des moments où ça me reste en travers de la gorge... Pourtant, ça fait... 19 ans.

Mais ouais, rationnellement, de manière extérieure : tu n'as pas à t'en vouloir. Tu ne pouvais pas deviner. Tu n'as rien fait de mal ou de méchant.