Marcher sur la ligne.

J'ai des tca depuis toute petite. Anorexie, boulimie, tout ça, je connais.

Je m'en suis sortie, comme d'autres.

Je me demandais si, tout comme moi, vous sachant hors de ce "monde", vous étiez parfois "nostalgique" ?

Vous êtes guérie. Tout va bien. Quelque chose arrive, minime parfois...vous sautez un repas ou mangez plus que nécessaire. Vous vous rattrapez. Tout va bien à nouveau.

Puis vous vous posez la question...est-ce que ce ne serait pas plus facile de juste s'abandonner aux bras de l'anorexie une nouvelle fois ? Une dernière fois ? Mincir, maigrir, se sentir toute puissante et voir les chiffres dégringoler ? Y goûter encore et puis arrêter définitivement, promis juré ?

Je ne suis pas masochiste, du moins j'aime le croire. Mais d'avoir la tête qui tourne en me levant, d'être dégoûtée à l'idée de manger...parfois, ça me manque. Ces périodes de nostalgie sont très courtes.

Une bonne claque (mentale, hein) et on se remet sur les rails, on arrête de déconner et on reprend une vie saine.

Jusqu'à y penser à nouveau.

Est-ce parce qu'on est jamais guérie ? Ou parce qu'on n'est pas encore guérie ?

J'aime me rappeler les vertiges, la faiblesse de mes muscles, la finesse de ma taille, la vision de mes cotes.

Mais je préfère, tenir de bout, être désirable / désirée, pouvoir m'assoir sans avoir mal !!

Ouais la nostalgie ça arrive, mais ça passe... C'est récurent mais fugace.

Perso, ça n'a jamais été grave. Juste une passade.

Es-tu guérie ?
Est-ce qu'un alcoolique guérie ?

Est-ce si génant d'y penser, si tu ne fais pas n'importe quoi avec ça après ?

Autant le penser, consciemment, et pouvoir, tout aussi consciemment, te dire que non, tu n'as pas envie de retomber là dedans...

Que de ne pas en avoir conscience, mais que les choses se fassent insidieusement, sans que tu le sache vraiment... Et que tu retombes dans tes trips sans le réaliser vraiment... Non ?

C'est gênant d'y penser parce que, étant très sensible, j'en suis à retenir des larmes en plein repas.

Ce midi, par exemple, en sentant mon ventre plein, ma seule envie a été d'aller me faire vomir.

J'ai demandé à une amie de me changer les idées. On a discuté et j'ai fini par ne plus y penser...Mais sur le moment, l'idée reste forte. Tentante.

S'affronter, c'est vraiment le truc le plus con.

Je me dis que j'ai envie d'aller vomir, j'imagine la scène (je passe les détails graphiques) et, d'un autre côté, je me dis aussi que ce n'est pas bien, que ce n'est pas la chose à faire, que je le regretterai sûrement.

Avoir conscience de ce qu'on pense, oui, c'est bien. Ça fait mal, mais c'est bien effectivement.

Si on est jamais guérie, j'espère que ses périodes de doutes s'atténuent ou s'espacent...?

Je suis exactement pareil... Je me rapelle avec nostalgie ma période anorexique. Je me sentais toute-puissante, je dormais presque plus, j'étais grave sous-tension, j'étais active quasiment 24h/24... Et voir ces chiffres dégringoler grâce à MOI, ça me donnait une putain de confiance en moi... J'arrivais enfin à faire quelquechose de ma vie, j'avais un contrôle sur quelquechose pour la première fois de ma vie.

Mais en fait je contrôlais rien.... N'oublie jamais ça

Merci. (:

Ne pas oublier qu'on ne contrôlait rien et être content(e) d'avoir conscience de ses actes, c'est noté.