Elephant

Comme dit plus haut ce n'est pas à proprement parlé un film d'action hein... Ce serait comme déconseiller Dolls de Takeshi Kitano à des américains basiques assoiffés de courses poursuites effreinés.

Ce film n'est pas NUL. Tu ne l'aimes pas, c'est tout. Si il était nul, personne ne l'aimerait et il n'aurait jamais eu de palme d'or au festival de Cannes, son réalisateur ne serait pas connu partout comme étant un des meilleur de notre temps...

Comme dit plus haut, si on ne regarde pas les techniques, les parallélismes, les miroirs, les boucles temporelles... On ne peut pas savourer ce film.

Et pas besoin de s'y connaitre pour se dire "tient, lorsque la nana est dans la cafétéria par la vitre on voit une scène déjà vu il y a quelques minutes d'un autre angle, comment ils ont pu faire ça ?" Et là, le film se transforme en une sorte de jeu de piste (un peu suggéré par les suivis), on fouille l'image à la recherche de quelque chose déjà vu et qui pourrait réapparaitre.
On ne se rend pas compte des moyens développés pour arriver à ce résultat, le jury de Cannes l'a bien vu en tout cas.

Il ne faut pas regarder Elephant dans l'optique de "yey une fusillade !!!" non, mais dans l'optique de l'objectivité poussée au plus haut point : la réalité multiple.
Contrairement à tout les autres films suivant un déroulement linéaire : il se passe ça, ensuite le héro va, fait ça, rencontre un ami...
Là tout se passe en même temps et on peut savoir où était tel personnage lorsque celui-ci faisait ça... C'est comme si on avait collé des caméras dans le dos des jeunes qui ont assistés à la fusillade.


Le film se rapproche des films de Alejandro Gonzalez Inarritu. C'est une sorte de puzzle. Une fois la fille dans la bibliothèque, on entend un "tic" et ça coupe. Et le reste du puzzle va nous aider à résoudre le mystère.


Ensuite, Gus Van Sant a choisit de laisser le massacre en interprétation libre. Si on regarde bien la scène, on n'entend aucune musique. Il nous laisse face à ce massacre comme dans la réalité. Et c'est LA que la caméra suivit est importante ! En suivant simplement les meurtriers le réalisateur ne fait aucun choix mélodramatique par rapport à l'angle, la lumière, l'image. Voilà, on a un tueur devant nous, sans romance. Il tire, point final. Aucun autre élément (visible du moins) ne vient pour nous influencer. Et là, on se retrouve perdu. Contrairement à d'habitude où le méchant est représenté en méchant et le gentil qui attire la musique compatissante. Il nous faut faire un choix "totalement coupable ? Simplement perdus ? Fous ? Malades ?" on se retrouve face à nous même, face aux autres. Lorsqu'on voit les gens, aucune musique ni lumière ne nous averti "attention c'est un méchant". Gus Van Sant a fait le lourd choix de NOUS laisser choisir quoi penser et c'est là que la plus aprt des personnes sont mal à l'aise. "si personne ne nous dit quoi penser, comment va-t-on faire ?"


Le suivit de caméra a aussi le mérite de conditionner à se mettre dans la peau des gens qui sont suivis. Là, on est plus dans un bon vieux film américain où tout doit se passer très vite, il ne faut surtout pas montrer les déplacements intermédiaires ! Contrairement à la vraie vie. Là on ressent toute la pression de l'adolescent noir portant le débardeur jaune à la fin. On sent qu'il voudrait comprendre ce qui se passe. Il marche dans un environnement de guerre, il y a du feu, des jeunes qui courent partout, un tueur qui se ballade dans les couloirs. Et en suivant les tueurs, là, on se sent mal. Comme si on était un témoin impuissant, sachant pertinemment ce qui va se produire et on se retrouve malgré nous à "participer" à tout ça.



Je cherche pas à te faire changer d'avis mais à mieux comprendre pourquoi des personnes érigent se film au rang de chef d'œuvre.