silence?

Le sentiment de ne pas avoir le droit d’exister, parce que je n’existe vraiment aux yeux de personne.
Prétendre sans arrêt. Je le sens profondément, je n’ai pas le droit de parler de moi. Je perd quelque chose ou quelqu’un à absolument chaque moment où j’aborde ce que je ressens vraiment, ou ce que j’ai vécu. J’ai voulu, j’ai très sincèrement voulu croire que c’était une accumulation de coincidences. Vraiment?

Enfant on m’a dit de ne rien dire, sinon je serais punie. Parce que parler, c’est mal. Alors je ne dirai rien… Puis ça explose, et si quelqu’un s’en aperçoit, tout s’effondre.

Une dizaine d’années passe et je finis par croire qu’on m’avait menti, et que peut-être que, comme tout le monde, je peux parler, moi aussi. Je commence à m’ouvrir, à me confier, à m’attacher. Je meurs de jalousie en voyant toutes ces personnes s’ouvrir, et moi naturellement sourire et prendre la fuite. Et un jour, je regrette d’avoir essayé. Alors comme une huitre je me referme. N’ayant plus rien à quoi m’accrocher, mais trop de personnes accrochées à leur image de moi, je survis? Ils ne sauront jamais.

J’aurais voulu que ça ne soit que des coincidences. Mais pas une personne n’a pas fuit. Même ma psy ne peut plus m’avoir. J’aurais juré qu’en payant une telle fortune on ne me laisserait pas tomber. Elle a une vie, j’imagine. Tout le monde a une vie. Leur vie est importante. Je ne le suis pas. Et je suis certaine, que si depuis le début, je n’avais pas montré que j’allais mal, tout irait bien. J’aurai du accepter de le garder pour moi.

Je meurs encore de jalousie.
Je ne sais plus quoi faire. Je suis terrifiée à l’idée d’encore me rater, alors je n’essaierai pas. Je ne veux pas me rater, je ne veux pas qu’on me voit de travers pour ça, je ne veux pas qu’on sache. Je ne veux pas être ça. Alors je compense. Je me cache. Je me transforme en boucherie, mais ça ne me fait plus rien. Les endroits ne me conviennent pas, je ne les sens pas. Mais ailleurs, ça se verrait. Et je ne veux pas qu’on voit. Je ne veux pas ce regard supérieur. Je veux garder le contrôle.

J’ai besoin de me sentir en sécurité. Je ne sais plus quoi faire. Accepter d’éclater aléatoirement la moitié du temps? Creuser un trou? Je ne veux même pas me bourrer de somnifères, j’ai trop peur d’aller en pharmacie en demander. J’ai besoin de dormir, je suis fatiguée. Je suis perdue. Je suis terrifiée. Je ne veux plus être punie, je veux promettre de ne plus jamais m’ouvrir à personne, promettre que tout ira bien si personne ne sait. Mais je ne suis pas sûre que ça marche. Je ne sais pas ce qu’il faut. J'ai peur