C'était génial et du coup j'ai envie de la raconter tant que c'est frais dans ma mémoire pour ma propre postérité. C'était mardi et mercredi.
La veille, je suis allée dormir chez ma sœur pour nous faciliter le trajet, puis le lendemain matin on est arrivé là-bas, la femme qui organisait tout (W) nous a proposé des chevaux, j'ai eu une petite jument noire et blanche et ma sœur un grand cheval alezan (je crois). Il y avait aussi avec nous trois jeunes habitués du manège qu'on ne connaissait pas.
Après qu'on a fini de brosser et seller les chevaux, on est parti dans les bois. Il a fait un temps magnifique, dans cette partie du pays et sous les arbres, la canicule se faisait moins sentir, mais comme il fallait ménager les chevaux, W a décidé de nous conduire tout droit à la cabane où on devait passer la nuit et de passer l'après-midi là-bas avant de repartir faire un tour le soir. C'est ce qu'on a fait. Au bout des premières quelques heures de randonnée, j'ai quand même commencé à me sentir mal pour plusieurs raisons, mais je mets cet épisode en spoiler vu qu'on est en partie "positif" et au cas où quelqu'un lirait ce machin mal écrit. Hormis ça, les gens étaient tous super sympa et nous demandaient régulièrement comment ça allait. W nous pointait des trucs de forêt, de la bruyère, des flaques de boue dans lesquelles les sangliers s'étaient roulés, et elle nous a arrêtés un moment pour cueillir des girolles. Elle avait un peu le profil de la femme cow-boy limite stéréotypée, du genre à donner l'impression d'avoir tout vu et tout connu niveau vie de ferme et randonnées.
La jument que j'avais était super, sensible et intelligente (ils l'étaient tous). Comme elle avait les plus courtes jambes de tous, elle trottait 50% du temps pour rester à niveau, mais d'un petit trot très confortable. J'aimais bien son dynamisme.
- Spoiler:
Peur d'être déçue, impression de saouler les gens, de mal m'en sortir au galop comparée aux autres, d'être incapable de m'amuser avec les gens au même moment, de gâcher leur plaisir, anticipation de mauvais moments qui ne s'étaient même pas encore produits, etc. Bon, je me suis mise à pleurer à cheval sans le voir venir et les autres ont fini par le remarquer alors que j'aurais voulu le cacher, W a tout arrêté et m'a même demandé ce qui se passait et tenté de m'encourager à parler, mais je ne voulais pas. Je me sentais gênée et nulle de gâcher l'ambiance. Après quand le groupe est reparti, ma sœur m'a questionnée plusieurs fois en plus, je me sentais encore pire. Une fois arrivée au chalet, j'ai pris mon antidépresseur dont j'avais retardé la prise de deux heures, ce qui a peut-être expliqué que mon moral a remonté ensuite. Mais jusque-là, lorsque je retardais la prise de l'AD à la maison, je ne l'avais jamais senti.
Ils appelaient le logis la "cabane" mais franchement ça ressemblait davantage à un chalet, bien loin de ce à quoi je m'étais attendue à moitié (une espèce de remise sans meubles poussiéreuse). Alors que c'était une vraie petite maison, salle à manger, cuisine, étage avec des matelas par terre (et un toit hyper-bas qui nous obligeait à ramper et contre lequel je me suis cogné la tête) auquel on accédait par une échelle, petite salle de bains avec douche et eau chaude. Le robinet nous donnait de l'eau de source. Dehors il y avait un barbek' massif avec plusieurs grilles, une table de pique-nique et des bancs, aux alentours, rien que de la forêt et des prairies. Tranquille quoi. Les chevaux ont été attachés à l'ombre des arbres et ils ont eu à boire après vingt minutes, pour qu'ils n'aient pas de coliques. Pour nous, il y a eu des biscuits, un repas froid avec du raisin, du melon, des tartines, du fromage, de la charcuterie et du jus d'orange. Puis il n'y a eu rien d'autre à faire que d'attendre que la chaleur baisse, j'ai pu somnoler un moment sur le canapé (un canapé en cuir très agréable pour les fesses de cavaliers novices moulues) ce qui m'a un peu ravigotée. J'alternais entre me joindre aux autres assis sur les bancs dehors en train de discuter, jouer avec le chien du mari de W qui était passé nous voir, un chien de chasse avec un "poil de sanglier" comme ils disaient, et faire absolument rien. On a vu une montgolfière qui appartenait à l'oncle d'une des jeunes, et qui a d'ailleurs paru mal prise, ils ont cru qu'elle allait devoir atterrir, mais finalement elle s'est élevée. Puis comme le soir approchait, j'ai un peu aidé W à la cuisine, comme quasi tout le monde, j'ai épluché l'ail et moulu du poivre et j'ai aidé à redonner à boire aux chevaux, ce qui était agréable à faire même si ça impliquait plein d'allers-retours entre le robinet pour remplir les seaux et les chevaux qui ne voulaient pas forcément boire du premier coup. Je l'ai pas encore dit mais la cuisine était vachement bonne, là encore, je m'étais attendu à des plats tout préparés ou des trucs du style, mais il s'est trouvé que W a suivi des stages de cuisine et donne des cours, elle préparait tout elle-même, et le repas du soir a été franchement sympa. Pour dire, on a eu un grand plat de moules cuites au barbek' (posées sur une espèce de plaque en fer posée sur le gril) comme entrée, pas mal. Un apéro avec mini-saucisses, charcuterie, cacahuètes, et un verre de sangria pour tout le monde. (Je parle de bouffe car j'aime la bouffe, haha.) Et le repas, tranquille aussi, un hamburger avec des pommes de terre nouvelles venues du jardin de W et des salades fraîches de tomates et oignons, chou chinois et ail, concombres.
La nuit était déjà tombée mais avec W, une des jeunes et ma sœur, on est parti pour la balade à cheval du soir. Sans lampes. Apparemment, les chevaux voient dans le noir, c'est ce que W nous a dit, et les randonnées de nuit étaient quelque chose qu'elle faisait fréquemment, même au bord d'une espèce de ravin ou de falaise, une fois, dans le noir total, avec un groupe d'hommes qui flippaient leur race. En tout cas ils nous guidaient sans le moindre problème. D'ailleurs sous les arbres, on n'y voyait absolument plus rien, mais on finissait toujours par déboucher dans les prés, avec l'immense ciel hyper étoilé au-dessus de nous qui nous éclairait. Ma sœur a reconnu la Grande Casserole. Cette fois, on a juste évité de partir au galop. C'était spécial comme expérience et j'ai adoré, passées les premières inquiétudes, ça avait un côté très apaisant de se laisser porter comme ça par son cheval.
Retour au chalet, les autres avaient déjà l'air de dormir, moi je pouvais pas me résoudre à aller me coucher sans avoir pris de douche, moins par souci d'hygiène qu'à cause d'une crainte récurrente dès que je loge ailleurs que chez moi de passer pour "sale". J'ai galéré de mon mieux dans la petite salle de bains, à essayer de faire le moins de bruit possible (car j'avais aussi peur de réveiller les autres, combo for the win), en oubliant de prendre ma serviette dans mon sac avant, en ne trouvant pas l'eau chaude et finissant par prendre une douche froide, zapper le savon, et me sécher avec mon gant de toilette inutilisé (hypersex). Et puis, y a eu un autre moment un peu difficile que je remets sous spoiler.
- Spoiler:
Ma sœur n'avait pas encore été à l'étage pour réserver un matelas. Elle ne savait pas à quoi ça ressemblait là-haut, donc je l'ai guidée (dans le noir quasi complet d'ailleurs, le toit était toujours aussi bas qu'avant, je me suis cogné la tête contre un mur haha), elle a tenté de trouver un matelas libre mais comme elle n'osait pas déranger ceux qui dormaient, elle est vite redescendue et a déclaré qu'elle squatterait le canapé. C'était une idée que j'avais eue aussi pour moi-même vu que c'était pas franchement engageant de dormir à l'étage. Mais elle avait dit précédemment que ce serait mieux de dormir sur un matelas que sur le canapé et je savais qu'elle avait déjà mal dormi la nuit précédente. Je pense que je lui aurais cédé le canapé tout de suite si j'avais compris que c'était réellement ce qu'elle préférait et qu'elle ne faisait pas ça juste pour mon confort. Au lieu de ça, j'ai insisté sur le fait que ça me dérangeait pas de lui céder le matelas que j'avais réservé et elle a fini par lâcher un truc du genre "ben écoute, moi aussi j'aime mieux dormir ici, je sais même pas à quoi ça ressemble là-haut." J'ai eu l'impression de passer pour une conne égoïste qui avait tenté de la manipuler pour avoir la meilleure place de manière même pas assez intelligente pour ne pas être comprise de manière flagrante, alors qu'effectivement j'aurais préféré aller en bas, mais que comme elle avait déjà presque pas dormi la nuit précédente, je lui aurais cédé la place qu'elle voulait quelle qu'elle fût. Bref, j'ai tenté d'argumenter dans le sens contraire, mais j'ai eu l'impression d'être pas crédible du tout, on s'est souhaité bonne nuit, j'ai été me coucher et je me suis remise à pleurer en essayant de pas faire de bruit parce que je me sentais seule et comme une gourdasse pour changer. Un nez encombré plus tard, je me suis bougé jusqu'à la salle de bains pour me moucher parce que j'avais peur de ronfler et j'ai fait de mon mieux pour arrêter de pleurer ensuite. Et puis, je me suis allongée et je me suis rendu compte que ça allait en fait, donc j'ai arrêté de m'apitoyer sur mon sort et je me suis endormie.
J'ai très bien dormi, je me suis réveillée en pleine forme et très contente que ce soit le deuxième jour et de ne plus devoir dormir là quand même. On a eu un p'tit déj' de tartines, Nutella, charcuterie, fromage, café, thé, jus d'orange et une omelette aux champignons cueillis la veille que W a préparée pour moi, les autres qui ont voulu des œufs aussi n'en ont pas pris, et quand j'ai dit que je trouvais ça délicieux, elle m'a offert ce qui restait en disant que de toute manière elle pourrait en cueillir d'autres. On s'est préparé aussi vite que possible à partir dans l'idée de rentrer au manège avant la grosse chaleur de l'après-midi. Cette journée a été bien meilleure pour moi, plus de crise de larmes, je me sentais plus habituée et en confiance et j'étais contente que la rando touche à sa fin. Peut-être que la jument l'a senti, en tout cas elle semblait de bonne humeur (si on peut parler d'"humeur" pour un cheval, je n'en sais rien), elle s'est ébrouée (je ne suis pas sûre mais je pense que c'est le bon mot et aussi que c'est un signe de détente) plusieurs fois, elle boulottait tranquille les feuilles du chemin mais trottait tout de suite après pour rattraper les autres et elle allait en tête de sa propre initiative, elle dépassait même W, ça en devenait drôle. À la fin de la matinée, on les a attachés à des arbres et on a pique-niqué en face d'un paysage magnifique, avec vue sur le fleuve, assis ou allongés sur de la mousse bien sèche. D'ailleurs on aura souvent traversé ce fleuve et des rivières avec les chevaux, en se mouillant un petit peu les chaussures au passage. On a vu passer des gens qui faisaient de l'aviron. Et on est reparti. On est arrivé bien plus tôt au manège que ce à quoi je m'attendais, les chevaux ont été dé-sellés, nourris, câlinés, et j'ai cru que ma sœur et moi n'allaient pas tarder à repartir, mais je me trompais, car W nous a offert à boire, ensuite on nous a proposé de mener les chevaux nager avant qu'ils regagnent leur prairie, on les a montés à cru, sans bombe. Des gens, apparemment une famille flamande, étaient en train de se baigner là où on allait avec les chevaux et W a pris une petite fille sur le sien. Le chemin pour aller à la prairie a été plus long que ce que je pensais. Les chevaux ont enfin été débarrassés de leur licol, ils se sont cassés à la seconde même en mode "so long, s*ckers" ce qui m'a paru assez drôle aussi et j'ai décidé d'aller me tremper les pieds dans le point d'eau, une espèce de grande mare vaseuse, avec deux jeunes, des garçons, qui eux se sont carrément baignés. Ensuite, avec l'un d'eux, je suis rentrée au manège et on a discuté un peu, mais pas trop, parce qu'il faisait putainement chaud et qu'on était fatigué. Arrivés sur place, il y a eu un moment marrant : la barrière était fermée et pas moyen de l'ouvrir. Or, on était fatigué et on ne savait pas quand les autres allaient revenir (ils avaient été chercher nos bagages). On a donc passé quelques minutes à expérimenter différentes méthodes. Finalement, le gars est parvenu à escalader la clôture et j'ai fait de même en manquant me fouler la cheville au passage. Je me suis servie dans les boissons qui restaient (le gars insistant pour que je fasse comme chez moi) et on a câliné les chiens en attendant le retour des autres.
Enfin, ils sont revenus, on a encore un peu discuté. Le mari de W m'a raconté un truc sur la jument que j'avais montée. Il m'a dit que personne n'était jamais tombé de son dos parce que c'était la plus "sage" et la plus expérimentée de tous et qu'elle ne faisait rien de risqué si elle sentait que le cavalier n'était pas capable de le gérer. Ensuite, ma sœur et moi avons réglé ce qui nous restait à régler côté finances et ça a été le moment de se dire au revoir, W a dit un truc gentil sur ma crise de la veille et elle m'a fait un bisou sur la joue à ma grande surprise avant qu'on ne parte. Ma sœur était juste ravie, elle avait dit plusieurs fois qu'elle était tombée "amoureuse" de son cheval qui lui faisait penser à son chien. Lui, son truc, c'était qu'il trottait très mal et évitait de le faire, mais avait un galop magnifique à ce qu'il paraissait, et il ne connaissait que deux modes : le pas et le galop. Il galopait souvent et elle adorait ça. Il était aussi gourmand et très gaffeur, il se mangeait le moindre caillou ou la moindre branche simplement parce qu'il s'était mis à regarder autre chose, c'en devenait comique aussi.
Donc ma sœur et moi sommes reparties. Elle est fan de 21 pilots donc comme à l'aller, elle n'a passé que leurs chansons dans la voiture. On s'est arrêté pour acheter à boire et aller aux toilettes et on a rigolé parce que les courbatures nous faisaient souffrir, mais je m'étais attendue, vraiment, à cent fois pire de ce côté. On n'est que samedi (enfin dimanche, maintenant) et je ne les sens quasi plus.
Depuis, je dors mieux qu'avant, je me sens aussi plus en forme. Et je suis super contente en y repensant. Peut-être que l'année prochaine, ma sœur et moi le referons (elle en aurait envie en tout cas).
Édit : oh tiens, j'ai oublié de raconter pour moi-même les petits chemins qu'on prenait parfois pleins de branches et de ronces. Ma sœur s'est faite griffer aux épaules, moi aussi dans une moindre mesure car je portais des manches longues. Mais c'était marrant, y avait tellement de branches que je ne voyais plus rien, seul mon cheval me tirait de là.
En tout cas je suis contente d'avoir eu mes tenues spéciales d'équitation, j'ai eu juste ce qu'il fallait comme vêtements. Ma bombe aussi était bien, confortable, correctement aérée.
Et on ne s'est même pas fait bouffer par les insectes. Je n'ai pas eu une seule piqûre. Soit le spray aux huiles essentielles que ma sœur et moi utilisions sur nos vêtements était vraiment efficace, soit... ben, c'est un hasard.