Commentaires bienvenus
(d'autres textes à suivre, en cours d'écriture)
J'ai créé un blog pour l'occasion : https://belgianmaiden.wordpress.com/
J’ai peur.
J’ai peur de tout dire,
J’ai peur de ne rien dire.
J’ai peur d’aimer,
J’ai peur de vous,
J’ai peur de vous aimer.
J’ai peur de vos larmes et de vos sourires
J’ai peur de votre culture et de vos génies
J’ai peur de ne pas mériter une autre vie que la mienne.
J’ai tout à vous dire et je ne vous demanderai jamais de m’écouter
Car j’ai mis un masque sur vos visages,
Et je l’ai marqué du signe de la Bête.
Je me fais peur,
Et j’ai bien peur,
De ne jamais pouvoir vous regarder dans les yeux.
Et la peur, c’est une litanie de putain et de merde et de connard,
C’est ¿Por qué no te callas, ese? Pourquoi tu ne fermes pas ta gueule ?
Combien d’outrages te feras tu encore subir ?
Avant que tu comprennes,
Avant que tu abandonnes,
Avant que tu ne laisses tomber ?
Quels mots, quels jugements, quels enfermements et quelles mutilations te faut-il
Pour que tu comprennes
Que tu n’as ni âme ni talent,
Qu’on se rira de toi et que tu tomberas dans l’oubli du temps,
Dans l’anonymat de la médiocrité,
Dans le silence de la honte ?
Je te couperai la langue et les couilles, je t’arracherai les yeux et je te regarderai te jeter d’un pont et -
ASSEZ. Ou bien alors,
Il faudrait tout dire,
Il faudrait être à poil, ese.
Il faudrait n’avoir aucune pudeur
Et faire un dernier inventaire avant liquidation,
Pour que rien ne brûle avec moi.
Oui, tu vas décoller ta peau et t’ouvrir les tripes,
Tu feras de ton coeur,
De tes poumons, de ton sexe et de ton estomac et de tes pensées
Un ex voto à la seule vie où on te regardera dans les yeux
Et où on te dira merde et merci et plein d’autres choses que tu dois entendre.
Il faudra aussi abandonner l’imaginaire,
On ne fait pas du naturalisme quand on a le goût du feu,
Quand tout hurle en soi l’urgence de l’amour, d’un regard et d’un sourire
Et de demander aux autres s’ils ont aussi compris,
Si eux aussi, ils comprennent,
Si eux aussi, ils ont compris,
Si eux aussi, le feu leur brûle les gencives,
Si eux aussi, ils courent avec des ciseaux.
Et puis peut-être PEUT-ÊTRE même qu’ils t’aimeront
Moi et ma prose qui colle comme de la mélasse
Quand on a besoin d’être entendu, ese,
On n’écrit pas, on hurle.
C’est moi qui tient les ciseaux, gamin,
C’est moi qui te fait saigner les narines et qui t’ai allumé la bouche
C’est moi qui te réveille la nuit et te fait transpirer
C’est moi qui t’étrangle et qui t’opprime la poitrine
C’est moi qui presse le jus que tu veux faire boire aux autres
Et c’est moi qui te tuerai si tu ne veux pas le faire toi-même.
Je t’avais dit Proust ou rien : tu ne seras rien.
En attendant que tu m’abattes à nouveau
Et que tu me sabotes et que tu me piétines
Et que tu m’insultes, mon amour,
Je vais me cabrer et vomir ton angoisse,
Je vais faire de chacun de tes coups une petite icône païenne.
Regarde, Amour, je tends la joue !
Vas-y, frappe moi encore et fais moi écrire,
Petit singe qui me griffe le dos,
Triste créature, humain déçu.
Imagine que tu puisses être tout ce que tu veux être,
Que tu puisses tout dire et qu’on t’écoute,
Que tu jettes ta silice et que tu montres tes cicatrices magnifiques !
Imagine que tu sois libre, improvisateur
Que tu joues du ukulélé et du piano,
Que tu sois un homme et une femme, un enfant et un vieillard,
Polymorphe et multidimensionnel.
Imagine que tu leur dises tout,
Et qu’ils te répondent : « oui ».
Et puisque tu te tais toujours et que moi je suis encore là,
Et qu’il est trop tard pour hésiter et pour encore attendre la Chute,
Moi, à vous et aux autres, je vous dit : « Je vous aime ».