Y'a des délirants dans le coin ?

Je crois que tout est dans le titre.

Il me semble que je ne connais personne de délirant, à part les gens de ma famille et moi.
Je me dis que ça pourrait être intéressant, peut-être, d'en parler...

(J'ai beaucoup hésité avant de lancer ce post, parce que je n'aime pas beaucoup parler de mes idées délirantes, et c'est un sujet vraiment tendu pour moi - notamment parce que j'ai du mal à les identifier comme délirantes - et euh... j'ai assez peur des réponses. Juste pour dire.)

C'est quoi que tu appelles des délirants exactement ?

La question c'est : qu'est ce que tu appelles "idées délirantes", en fait ? Enfin, te connaissant d'un autre forum, je vois grosso merdo à quoi tu fais allusion, mais je me dis que pour les autres, un poil de précisions histoire de voir si oui ou non ils s'identifient à ce que tu dis, ça pourrait être pas mal en fait ^^

Ok, je vais développer.

Mais bon, je le redis : comme j'ai du mal à les identifier comme délirantes, c'est toujours un peu chaud d'en parler.
(En plus du côté intime de la chose, tout ça)

Ce que j'appelle des idées délirantes, ce sont des idées auxquelles on croit même si on a des preuves qu'elles sont irrationnelles... et selon lesquelles on agit...
C'est dur à définir.

[edit : infos trop personnelles]

Si ça parle à quelqu'un...

J'ai eu ce qu'ils appellent des idées délirantes pendant à peu près neuf mois, à l'heure actuelle elles sont parties. Récemment, alors que j'étais sous trip, ou le lendemain, je ne sais plus (l'une des plus grosses défonces de ma vie) ça a voulu réapparaitre. Mais j'ai réussie à lutter. Je me suis répété "n'entre pas dans le trip, n'entre pas dans le trip, n'entre pas dedans..." des dizaines de fois et je suis passée à autre chose : ça a marché, c'est partit. Après c'est sûr qu'en général, ce n'est pas aussi simple...

Je pense que seul un professionnel de la santé mentale pourra concrètement t'aider à ce niveau là, après nous on peut en discuter, tu n'es pas la seule à être passé par là ici.

C'est cool de sentir que je suis pas seule.
(Le savoir, je le sais depuis un moment, mais ça suffit pas)

Je suis suivie par deux psychiatres et une psychothérapeute.
Je ne prends pas de médicaments (mais je vais peut-être en reprendre bientôt).

Je ne sais pas vraiment en quoi j'aimerais en parler. En fait, je crois que je cherche surtout des témoignages.

J'en ai déjà eu.

Moi aussi. Je comprends assez bien le côté flippant de la chose.

Pas à proprement parler une "idée délirante". Mais pendant pas mal de temps, j'avais la conviction (enfin, conviction... Disons que rationnellement je savais que c'était faux mais ca n'empêchais pas que je n'arrive pas à en tenir compte) que si je faisais du mal (involontairement) à quelqu'un, je pouvais "effacer" ce mal en me faisant du mal à "quantité égale".

J'avais beau savoir que c'était faux et qu'au contraire en faisant ça je ne faisais qu'empirer les choses, ca n'arrivait pas à contrecarrer cette certitude irrationnelle, et à m'empêcher d'agir en conséquence.

Après concrètement, je ne sais pas ce qui a fait que ca m'est sorti de la tête. 'fin c'est toujours là par moment, mais moins présent et donc plus facilement rationnalisable.

Je n'en parle plus du tout maintenant, mais si ça peut t'aider / t'éclairer / whatever...

C'était trois jours après une soirée mémorable où j'avais pris de la drogue, d'une part, et où d'autre part tout le monde a soupçonné quelqu'un d'avoir foutu un truc dans mon verre (genre lsd), j'ai fait un horrible bad trip, c'était n'importe quoi. Je raconte ça parce que pour les médecins c'est lié, c'est clairement dû à la drogue. Je ne suis pas du tout toxico, je n'en prend presque jamais, mais j'ai des prédispositions biologique à ce qu'elle foute en l'air ma santé mentale (comme tous les gens qui ont des troubles psys, en fait).

Donc, trois jours plus tard, je suis fatigué, je ne sors plus et je ne fous rien, quand je vois plusieurs fourmis sur la table du salon; ça m'intrigue quand même, parce que c'est pas exactement comme si je vivais à la campagne (j'étais alors au 3e étage d'un immeuble, en région parisienne, bref). Me viens alors une pensée : elles sortent de mon cerveau. A partir de là, ça a complétement dégénéré. Je n'étais plus en mesure de réfléchir rationnellement. J'ai été atteinte d'une véritable révélation : mais bien sûr, elles sortent de mon cerveau parce qu'il est envahit d'insectes ! D'ailleurs mon cerveau est en train de pourrir : je le sens. J'ai probablement un cancer du cerveau, il pourrit, il est envahit d'insecte. C'est alors qu'est apparut l'idée qui allait me poursuivre pendant des mois : il y a une araignée dans mon cerveau.

Plus je pensais à tout ça, plus j'avais mal à la tête - un mal de chien. J'ai été littéralement prise de la plus grosse angoisse de toute ma vie. T'imagine, là, apprendre que tu as une araignée dans la tête ? Je n'ai jamais, jamais eu aussi peur. Je lui parlais à voix haute. Je pleurais, je tremblais, j'étais dans un état effroyable, j'allais mourir de peur.
Malade d'angoisse, j'ai réussie à me bouger pour aller chez ma psy lui demander une ordonnance pour des anxios, à 30 mins de chez moi en métro. Je sais pas comment j'ai fait, quelque part c'était une question de survie. Elle m'a fait une ordonnance, je ne me souviens plus du reste, rentrée chez moi j'étais complètement défoncé aux anxios et c'était déjà moins pire. Mon plan cul du moment, qui allais devenir mon actuel compagnon, est venu chez moi me soutenir... lui qui ne connaissait strictement rien aux problèmes psys, il a été servit.

Bref. Les jours passaient et ça empirait. Parfois, je me disais que rationnellement, c'était faux. Mais j'y adhérais de plus en plus. Et plus j'y pensais, plus je découvrais de nouvelles choses, c'était sans fin.
Je savais un certain nombre de choses, mais pas tout. Je pouvais les savoir parce que je partageais avec elle mon cerveau.
Je savais que l'araignée me contrôlait. Elle contrôlait mes pensées. Elle représentait le mal en moi. Les pensées de meurtres d'autres personnes, c'était elle qui en était à l'origine. Plusieurs mois plus tard, elle contrôlait même certains de mes gestes, qu'elle m'ordonnait d'exécuter (par exemple, de faire un certain mouvement. Et si je ne le faisait pas, ça me harcelait jusqu'à ce que je cède). Elle tirait les ficelles. Elle était mon ennemi. Je la haïssait.

Je ne sais plus à quelle moment j'ai eu ma seconde révélation : tous mes problèmes psys, toute ma souffrance depuis le début, depuis la première fois que je m'étais étranglée à l'âge de 14 ans, tout cela venait d'elle, elle en était l'unique responsable, La grande cause. Sans elle, je serai heureuse, comme avant, et même mieux qu'avant.
Et elle grossissait de plus en plus, prenait de plus en plus de place dans ma vie. Je me suis mis à en parler tout le temps.
"ça ne va pas ?"
"c'est l'araignée."

J'ai alors compris qu'elle allait finir par me tuer, si je ne la tuais pas moi-même. c'était devenu un combat. Mais comment tuer un insecte dans son cerveau, quand aucun médecin ne me croirait jamais ? J'ai finis par acquérir la conviction que le seul moyen était de provoquer ma mort pour la tuer elle, et alors je pourrais survivre, débarrassée d'elle.

Parallèlement à cela, je pourrissais. L'araignée en était bien sûr directement responsable. Mon corps était en train de pourrir : en vérité, j'étais en train de mourir. Et si je ne faisais rien, l'araignée me tuerait. ça grouillait d'insectes, sous ma peau. Je me suis mutilée le visage (superficiellement) pour tuer un insecte qui y grouillait. Je me m'AMait sur les bras non plus pour faire passer un mal être, mais pour tuer les insectes qui obéissaient à l'araignée.

Il faut savoir que je n'ai pas le diagnostique de schizophrène, je n'ai eu à cette période ni hallucinations visuelles, ni auditives, ni tactiles. C'était là parce que je le savais, c'est tout. Je le sentais.

Je suis en train d'écrire un roman (c'était pas voulu mais là ça m'emballe, et d'ailleurs ça me bouleverse de repenser à tout ça), je vais donc abréger et aussi passer outre des aspects de ma vie personnelle.

Un jour, malade de tristesse, d'angoisse et de désespoir, je décide de me pendre, à la fois pour en finir définitivement et à la fois pour la tuer et en être débarrassée. Je me pend, donc. Et là, réflexe de survie, je panique devant l'absence d'oxygène, je réussie à ré-attraper la chaise du bout de mes pieds, à remettre mes pieds dessus et de là à enlever le nœud et retrouver le sol. Un vrai miracle. La chaise eu été tombée, je n'aurais pas réagis à temps, ou quoi que ce soit d'autre, je ne serait pas là à raconter ça.

Bref... désolé, je ne peux pas continuer. ça me fout juste mal là...
Je pense que c'est suffisant pour donner un idée du truc, j'espère ne pas m'être trop étalée dans ton topic ou ne pas avoir été hors sujet. Si c'est le cas je m'en excuse.
J'avais le syndrôme de cotard.
Et aujourd'hui je vais bien.

Ce que tu décris est étrange [ traduire j'ai du mal à la conceptualiser même si j'arrive à comprendre le concept ], on dirait un mélange entre de la parano et des pensées magiques inverses. ( les pensées magiques c'est le fait de croire que l'on arrive à provoquer des effets dans le monde extérieur avec la seule force de notre pensée ou de nos actions futiles et sans liens réels avec les effets produits ).

Le coup de l'araignée par contre ça fait peur, genre vraiment, c'est la mise à bat de la tangibilité normal que je me fais du monde réel, c'est juste angoissant.