Dans le labyrinthe, à la recherche d'Ariane

Vais poser les choses assez simplement.
Quand j'étais gosse, j'ai eu un trip "freak contrôle" assez violent. J'ai commencé par désapprendre à rire, c'est à dire qu'il était impossible de me faire rire (y compris en me chatouillant) sans que je l'initie. J'ai essayé de contrôler mes réflexes de pavlov en foutant ma main au-dessus du feu pour refuser de la retirer quand ça me cramait, ou en mettant mon visage au-dessus du fourneau (l'air chaud donne envie de retirer le visage, ou de détourner la tête). J'avais même essayé d'arrêter de cligner des yeux ou de le contrôler entièrement. J'ai appris à contrôler mes rêves.

À quelle époque j'ai été coupé de mes émotions ? Je ne sais pas. Est-ce que c'était à cette époque ? C'est bien possible. Est-ce que c'était encore avant ? C'est possible aussi. En tout cas, je ne me rappelle pas avoir jamais ressenti mes émotions.

Ce n'est pas tout à fait vrai. Je ressens mes émotions quand elles explosent. Quand ça fait comme un court-circuit.
Le reste du temps, je joue aux devinettes. L'annonce d'une devinette, c'est un mal de ventre. Parfois, je crois que j'ai faim. Souvent, je repère que ce n'est pas ça. Alors je fouille. J'oriente mon esprit vers un truc, et je regarde si le malaise stagne, grandit ou s'amenuise.

Mais c'est usant, et surtout, extrêmement gonflant. D'une part parce que les bads peuvent être extrêmement violents, d'autre part, parce que la sensation de vide ne me quitte que rarement.

Y en a qui ont ce genre de problème ? Et un moyen de le gérer / un fil pour reprendre contact avec ses émotions ?

Je n'ai jamais été coupée de mes émotions aussi longtemps, mais je vais te donner mon expérience :

Je m'étais engueulée avec mon père. Enfin, pour être plus juste, il m'insultait et j'écoutais dans la voiture. Quand je suis sortie à l'arrêt de bus, j'avais envie de pleurer, et je me suis dit "Stop. Plus jamais ça. Désormais tu ne pleureras plus". ET effectivement j'ai arrêté. Tout c'est arrêté : je ne ressentais plus rien. Ca c'est arrêté une semaine plus tard : j'ai réussi à sortir une pauvre larme, et le lendemain j'ai explosée.


Donc mon conseil sera : cherche le pourquoi. Quand on connait la cause du problème c'est toujours plus facile de le résoudre.

J'avais envie de réagir parceque le coté freak-control ça me parle bien.
Et que pdt pas mal de temps j'ai eu un fonctionnement de distanciation plus ou moins marqué vis à vis de mes émotions.

En partie volontaire(ce que je continue d'ailleurs à faire sous diverses formes),et par le biais d'un truc que j'appelais le pilote automatique qui prenait le relais en cas de débordement ou de saturation.Parfois un peu aléatoire aussi au sens ou après coup je ne voyais absolument pas ce qui pouvait bien avoir déclenché ça.

Le pilote automatique c'était juste zéro affect,en tout cas rien d'assez intense pour que je puisse avoir conscience de ressentir qqchose,pas de plaisir pas de déplaisir.Pas de sentiment de vide comme celui dont tu parles.Rien d'usant et pas désir que ça s'arrete.Le problème avec ça c'était surtout de conserver un comportement adapté sur le coup(résultats mitigés en fonction des situations concernées...),et mon ambivalence par rapport à ces moments là.Désirables à plus d'un égard je pouvais etre carrement dans l'attente que ça se produise,ou bien handicapants parceque parfois c'est comme si mon cerveau décidait tout seul que non non je pouvais pas gérer quand bien meme les-dites émotions étaient des plus plaisantes.Avec en prime parfois la culpabilité après-coup etre insensible,simulateur and such.Cest l'avant/l'après qui étaient pas mal source de fatigue ou de sentiment d'usure en fait.

En y réfléchissant bien c'est pas mal différent de ce que tu décris ici.Possible que tu développes un peu?Je suis curieux de voir s'il y a des similitudes ici ou là ou si juste rien à voir.

Sinon ce trip de controle quand tu étais gamin une idée du pourquoi?

C'est pas vraiment pareil en fait. Je vois plus ça comme une sorte de gigantesque barrage psychique. Si le flot n'est pas suffisamment violent pour le court-circuiter, je ne ressens rien. Mais cependant, l'émotion demeure là. Elle n'est juste pas ressentie. Et elle me fout des maux de ventre.

Ce qui est usant, ce sont les douleurs, et les crises. Parce que quand ça survient, je suis à deux doigts de me démolir.
Ce qui est usant, ce sont les va-et-vient. Des moments où j'en finis par ne plus ressentir mon corps, et avoir un besoin de ressentir tellement violent que je me fais mal, d'une manière ou d'une autre, histoire de me calmer. Et, à l'inverse, des moments où je ressens tout et rien tellement violemment que la moindre larme (je parle de larmes d'allergies notamment) a l'impression d'être de la lave en fusion. Ce sont ces moment-là, où ça monte, ça descend, ça se brise constamment, qui sont proprement insupportable. Avoir mal au ventre jusqu'à être plié en deux, et savoir que je vais devoir jouer aux devinettes jusqu'à ce que je comprenne ce dont j'ai besoin.

Je pense plus ou moins voir ce dont tu parles.
Ça a jamais été aussi total, ça touchais pas toutes les émotions et quand ça débordait même si je perdais le contrôle je savais ce que je ressentait.

Je suis pas sur d'avoir vraiment résolut la question aujourd'hui mais quand j'ai plus supporté d'être aussi coupé de mes émotions et de me sentir aussi peu vivant, j'ai commencer par jouer mes les émotions. Je le surjoues pas et je les exagère pas juste je fais comme si je les ressentais et petit à petit c'est devenu "naturel".

Absolument pas sur que çà fonctionne pour toi vu qu'il doit y avoir un paquet de différence entre nos deux situation mais si ça devait fonctionner je suis persuader que tu pourrais y arriver.
Si l'idée te parait prometteuse et que tu veux discuté de sa mise en application hésite pas.

Une fois que j'ai trouvé ce que je ressens, c'est ce que je fais (mes personnalités sont issues de là), et ça marche plutôt pas mal. (un vieux principe ésotérique qu'un ancien pote M. m'avait appris) Le problème est que, dans la majorité des cas, je ne sais pas ce que je ressens, et de là, c'est le bordel.

Dans ce cas il te faut apprendre à ne plus fuir tes émotions (même inconsciemment), et à les accepter, même les négatives. Comment ? Hé bien, je te le dirais quand j'aurais avancée dans la thérapie dont je t'ai parlé. ^^

Je pense que l'écriture peut sûrement t'aider, écris quand tu ne sais pas ce que tu ressens, logiquement ça viendra tout seul.

Temporaire a écrit:

Je pense que l'écriture peut sûrement t'aider, écris quand tu ne sais pas ce que tu ressens, logiquement ça viendra tout seul.

*bam*


Putain comment j'ai fait pour ne pas y penser ? Est-ce que je manquais tellement d'énergie que je n'arrivais plus à écrire ? Est-ce que j'avais la tête ailleurs ? Je ne sais pas.

J'hallucine.

Les "patrons" émotionnels existent déjà en vérité. Je les ai même classés en plusieurs catégories (personnalités, ombres, humeurs, forces) histoire de m'y retrouver dans le brouhaha de mon esprit. (et accessoirement de contrôler, parce que bon, y a besoin)

Mais je n'ai pas l'impression qu'il y ait une autre "manifestation" corporelle. Du moins, pour l'instant, je n'en ai pas vu. La seule que je connaisse, c'est la contraction de mon ventre, le malaise dont je parlais plus tôt. Les autres, j'ai beau fouiller...

Maintenant, la solution de Temporaire est pas conne, parce que généralement, en lisant ce que j'écris, je découvre ce que je ressens. Pour ça qu'elle me semble particulièrement adaptée.

dans les idées un deux trois on verra bien ça sa marche:
la musique peux aussi pas mal t'aider à comprendre ce que tu ressens:
il m'est souvent arrivé d'avoir 0 émotions, être là sans être là, et que soudainement, à cause de tel ou tel musique, je commençais à me "remplir" et à ressentir pas mal de truc.
Bon, pas mal déclencheur de mes sautes d'humeurs la musique au épart, mais ça permet aussi d'évacuer quand on rejette le problème.
En claire: stimuler un peu d'émotion avec de la musique, (tu as qu'a te faire des plais liste de musique assez positives, badantes ou excitantes, et essayer de trouver quel registre te fait le plus réagir à tel ou tel moment. Histoire de dépister ce que tu ressens.
Ensuite, s'attaquer au pourquoi.

Je suis tellement sensible aux émotions que le simple fait de mettre certaines musiques va les créer littéralement ^^.
Fais moi écouter Marilyn Manson et j'aurais à coup sur des envies de sang et de sexe mêlés.
Fais moi écouter Fauve et j'aurais sans doute l'esprit totalement embué, et je virerai gay.
Etc.

Tiens, c/c d'un auto-dialogue.

Est-ce qu'on peut ne pas avoir de personnalité, être une espèce de mouvement constant, et que ce ne soit pas un problème ?
Oui.
Alors pourquoi ça me fatigue ?
J'en sais rien. Pourquoi ça te fatigue ?
Parce que j'aime bien comprendre, et que j'aime bien savoir.
Comprendre quoi ? Savoir quoi ? Qui tu es ?
Oui.
Tu viens de le dire plus tôt, une espèce de mouvement constant. Alors où est le problème ?
Je ne ressens pas. Je suis coupé de qui je suis à l'instant T. J'ai des difficultés à saisir mes sentiments.
Et si tu laissais juste aller ? Si tu arrêtais, là, boum, paf, si, hop, de répéter mille fois chaque chose, et que tu essayais d'être spontané ? Depuis quand tu n'as pas parlé à quelqu'un sans répéter dix fois avant ?
Depuis vendredi dernier ?
Ouais. Voilà pourquoi la nocturne t'a fait autant de bien. C'est pourtant pas compliqué, si ?
Si.
Fuck off crétin.